Wild & young | feat Victoria

La surprise s'imprime sur son visage en apercevant la franco-galloise. Elle se tient là, adossée contre un arbre avec cette éternelle nonchalance. Ses claires prunelles le vrillent de l'intérieur et son sourire diabolique le nargue de la pire des manières. Il s'arrête en plein milieu du chemin, barrant involontairement la route à un groupe d'étudiants et regarde derrière lui, se demandant si oui ou non il est trop tard pour prendre la fuite. Il réalise que oui lorsque Roxane comble les quelques mètres les séparant. Alors il regarde ce groupe d'inconnus s'éloigner, soulignant la solitude dans laquelle il se trouve actuellement. Le campus universitaire, si vivant, si peuplé en pleine journée, lui parait à présent si vide en ce soir de presque pleine lune.

— Bob, interpelle la chasseuse d'une voix volontairement trop enjouée.
— C'est Benjamin, qu'il rectifie, mal à l'aise.
— Si tu veux.

Il veut s'enfuir mais la blonde enroule son bras autour de ses épaules, le gardant précieusement contre elle. Même sans escarpins, elle le domine de plusieurs centimètres. Si bien qu'elle est obligée de baiser les yeux tandis que lui, lève la tête pour la regarder.

— Où est mon fric, mon p'tit Benji?
— Il... heu... je...
— Tu sais, j'ai été gentille en te laissant trois jours pour me payer.

Il pensait surtout ne jamais la revoir. Après tout, il ne lui avait donné que son prénom. Benjamin l'avait trouvé particulièrement idiote de le laisser filer et lui, qui s'estimait chanceux, avait rapidement compris l'entourloupe le lendemain matin. Impossible pour lui de retrouver ses papiers d'identité. Roxane aurait pu voler le porte-feuille, tout simplement. Toutefois, elle avait poussé le vice au point de ne voler que ce dont elle avait besoin, pour montrer combien elle dominait la situation.

— Tu as parié, tu as perdu. C'est aussi simple que ça. Mais si vraiment tu n'as pas l'argent, ce n'est pas grave. Avec ton numéro de sécurité social et ta carte d'identité, je peux en tirer un sacré pactole au marché noir.

Son inconfort se transforme alors en panique totale. Ses yeux bruns s'écarquillent et une sueur froide recouvre son derme, lui arrachant un frisson. Satisfaite de son effet, elle le relâche pour se planter face à lui... et si elle entend un cri percer le voile opaque de la nuit, la chasseuse comprend bien vite que ce n'est pas Benji l'émetteur. Sourcil haussé, surprise, elle se désintéresse du mauvais payeur pour analyser la situation.

Campus universitaire, nuit, cri... petit chemin isolé pas très loin... Roxane sent une montée d'adrénaline parcourir son corps. L'appel du danger est plus fort que son besoin d'argent. Si bien qu'elle congédie Benjamin d'un simple geste de la main alors qu'elle s'élance en direction du cri.

En quelques secondes, elle parvient à s'enfoncer sur un petit chemin peu fréquenté, caché par une multitudes d'arbres et de broussailles. Le lieu idéal pour un p'tit snack lorsqu'on est un vampire. Une théorie qui s'avère exact lorsqu'elle voit une gueule démoniaque, toutes crocs sorties et enfoncées dans une chair tendre et délicate. La franco-galloise se racle la gorge, histoire d'annoncer sa présence. Le vampire redresse alors sa tête, ses yeux jaunes scrutant ceux de la chasseuse.

— Je dérange peut-être?

Volontairement provocatrice, elle s'avance de sa démarche souple et féline. Ses lèvres colorées de rouge s'étirent, malicieuse et dangereuse. Le vampire relâche sa prise et laisse de côté sa victime.

— La tueuse? questionne le sanguinaire, incertain.
— Bip! Vous faites erreur, vous ne gagnerez pas 10 000 francs mais une belle écharde en bois dans le cœur.