dancing with a stranger - alex [-16]

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Je marche sur le sol froid, le carrelage bleuté de cette piscine... tout est vide, ce n'est pas l'heure de pointe, heureusement. La nuit est tombée, mais le propriétaire de la piscine, est devenu un 'ami', je l'ai sauvé d'un vampire, il y a quelques semaines déjà. Du coup, j'ai mes entrées quand je le souhaite, et c'est la nuit, que mes pensées me torturent le plus. je déboutonne la chemise, je la pose sur un banc, et je retire mon pantalon, tout est plié soigneusement sur l'assise et j'accroche la serviette à un porte manteau. Je traverse la piscine, en respirant profondément, étirant les muscles engourdis de mes bras, faisant craquer ma nuque.

La première immersion est la plus salvatrice, le corps frémit au toucher de l'eau, et finalement, se détend immédiatement. Je reste sous l'eau, tant que j'ai de l'air dans les poumons, et je laisse les bulles remonter à la surface. Peut être que la peau de femmes lascives contre moi, auraient pu me détendre tout aussi bien. Mais je ne suis pas chasseur de chair, et j'ai dans la tête, cette étrange sorcière de la boutique de magie. Je pourrais cueillir des fruits plus murs, dans des bars, dans des boites, mais je veux me délecter de tous fantasmes, la concernant elle. Je remonte à la surface, d'un battement de jambes, et passe les mains dans mes cheveux. J'allonge mon corps dans l'eau, et laisse la gravité faire son oeuvre, flottant tranquillement.

Le conseil a envoyé une missive, j'aurais plein de choses à faire, si j'en avais quelque chose à faire encore, de leur ordre. Il semblerait qu'une potentielle de cette ville n'ait donné aucune nouvelle, depuis trop de temps, et l'observateur attitré, à la jeune femme, semble introuvable, ne répond à aucun message ... et ils veulent que j'intervienne pour aider. Une mission, somme toute perdue d'avance. Que fallait il que je pense au juste? Qu'ils allaient me donner en charge, une potentielle normale, qui souhaite rester en vie et apprendre de moi? J'ai tué la première, ne me restera que des miettes de potentielles, données par le conseil ! Je nage quelques longueurs, une vingtaine, pour tenter d'endiguer mes pensées confuses, et finalement sors du bassin, pour remarquer, plus loin, une silhouette, à peine masquée par l'obscurité du couloir.

- Bonsoir.

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J'dois savoir. Comprendre. Je crache ma bile sur l'asphalte et renifle en soupirant, chopant un nouveau bâton de nicotine à caler entre mes lippes. On aura de cesse de me le répéter en ce moment, je fume trop. Rien à foutre. Je lorgne la barrière du bâtiment et jette un coup d’œil par dessus mon épaule. Pas de vigile, pas de témoins et surtout pas de caméra. Drôle d'endroit pour une heure si tardive... J'hausse un sourcil, les épaules, chaque cellule de ma foutue carcasse tressaute. Et, finalement, après avoir comprimé et jeté mon mégot si tôt avorté dans les buissons, je bondis par dessus la barrière et me retrouve de l'autre côté en deux trois mouvements. Les entraînements paient de plus en plus. Et c'est pas ce maudit matou qui risque d'y être pour quoi que ce soit. J'ai plus que moi. Peut-être... Nathaniel, qui s'est montré un tantinet trop désinvolte face à ma révélation. Pour lui, tout semble être un putain de jeu. Il a quoi, 15 ans dans sa petite tête ? Je râle en pensant au brun et dodeline ma bouille de gauche à droite, toujours exaspérée par ces hommes qui pullulent ma vie actuellement. A part Basile et Aubrey, y en a pas un pour rattraper l'autre. Ou... Peut-être ce Vlad... dont je n'ai plus de nouvelles depuis une éternité.

Pour le moment, j'ai d'autres chats à fouetter. Ah ! Ironie.

Mes semelles ne font pas un bruit au sol tandis que je file comme un félin dans l'ombre, fusillant chaque recoin d'un regard inquisiteur. Y a rien de particulier ici. Mes onyx assombries par la pénombre s'arrêtent sur une pancarte. Piscine municipale. Je lâche un nouveau grognement. J'aime pas les piscines. J'élève à nouveau mes prunelles au ciel et fixe la porte d'entrée. Par ici, ce serait trop risqué. Alors je contourne le bâtiment jusqu'à trouver une porte réservée au personnel. J'y agrippe mes doigts et sans effort, appuie jusqu'à entendre le hurlement du métal. La porte forcée, je me faufile à l'intérieur pour aviser une pièce remplie d'outils destinés à l'entretien des lieux. Une autre porte me fait face et je lâche un énième grommellement exaspéré.

A mon grand soulagement, celle-là est entrouverte.

Je m'y glisse alors pour me retrouver dans un long couloir. Le miasme du calcaire si particulier agresse mes naseaux et je les plisse, retire mes chaussures et veille à ne pas avoir laissé de traces de pas sombres derrière moi. Pieds dénudés, je longe le couloir pour finalement trouver le grand bassin et un dos nu. Le sol et froid et humide et un petit curant d'air vient chatouiller ma nuque. Lui. C'est lui que je cherche. Je l'observe un moment alors qu'il effectue un plongeon dans l'eau, puis approche doucement. L'eau... l'élément parfait pour lui faire cracher le morceau s'il refuse de l'ouvrir. Si je n'avais pas eu Sébastian comme observateur, j'aurai été surprise de la dégaine du type. Mais faut croire que les Anglais peuvent être jeunes et fringants. Après quelques brasses, Williams semble enfin capter ma présence. Je ne bouge pas, sans répondre à son salut. Chacun de mes muscles sont tendus à l'extrême sous ma veste courte en jean sombre, et je m'approche finalement pour tourner comme un félin autour du bassin.

« - Gabriel Williams ? Je demande, juste pour la forme.

Je le sais de source sûre. Y a rien à faire. Les observateurs me sortent de plus en plus par les yeux. Je les déteste. Du plus profond de mes tripes. Et si Salem souhaite être une exception, y a intérêt à ce que ce que j'apprenne ce soir me fasse plaisir. Je retire finalement ma veste et la jette au sol avant d'approcher du bassin. Mes orteils peuvent presque toucher l'eau.

- Vous êtes pas facile à choper, vous savez ?  je lâche, presque sur un ton de reproche. Je retire finalement mon jean et soupire avant de jeter le vêtement près de la veste. Et fallait que ça soit là... je râle entre mes dents.

Qu'est-ce que les gens ont avec les piscines municipales ? C'est dégueulasse. Rien que de la crasse à peine dissoute sous un trop plein de javel. Un vrai blasphème pour les cheveux. Pas que mes plus gros tracas soit l'obtention d'un bon après shampoing, loin de là.  Et me voilà en slip débardeur, prête à plonger dans la flotte. Mais je reste plantée là.

- Salem Panabaker. »

J'attends. Une réaction. Un changement dans son regard. Si ce chat m'a raconté des crack, il va passer un sale quart d'heure.

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Je vais pour sortir du bassin, mais elle avance et quelque chose de sombre autour d'elle, me fait renoncer à la démarche. Je nage en arrière, pour m'éloigner un peu du bord, et je la regarde, elle qui me tourne autour comme un chat, autour de sa proie. Elle ne ressemble à aucune autre, on dirait une gamine toute droite sortie d'un film des Goonies. Son carré droit l'infantilise, et sa tenue des années 80, la rend juvénile. Elle prononce mon nom et prénom, et je tique. Elle ne me pose pas une question, elle énonce une affirmation, et j'attends de savoir à quelle sauce je vais être bouffé. Démone? Sorcière en rage? Humaine suicidaire? Je cherche dans ma mémoire, mais je ne la connais pas. Elle retire sa veste et je ne comprends pas trop sa démarche, je note par contre ses courbes, somme toutes féminines... qui la rapproche de la femme, plus que de la gamine. Elle s'approche du bassin, et je ne bouge pas vraiment, j'attends toujours, elle en met un temps interminable pour se présenter.

- Mais non, je suis là. Dis-je finalement pour lui répondre. et vous ... êtes?

Je m'arrête au milieu de ma phrase, puisqu'elle vient juste de retirer son jean, et se montre devant moi, soit un parfait inconnu, en culotte et débardeur, comme si tout était normal. Je tablerais plus sur l'humaine en manque de sensations fortes peut être. Elle finit par dire deux mots, plus exactement un nom, que je connais, celui de l'observateur de cette fameuse potentielle paumée. Je prends un visage neutre, je reste stoïque.

- Difficile à porter comme nom. Que puis-je pour vous Mlle Panabaker?

Faisons le compte, je suis en slip de bain, sans aucune arme à portée de main, au milieu d'un bassin vide, au milieu d'un bâtiment tout aussi vide. Je ne suis pas à mon avantage, je préfère me battre pour ma propre survie, sur la terre ferme... mais concrètement, sortir trempé de là, et me battre... rimerait avec chute et probablement hôpital. Les maîtres nageurs de tous pays confondus, le répètent, ne pas courir au bord d'une piscine.

- que voulez vous faire, entrer ou sortir? Terminais-je par dire, sans la quitter du regard, une seule fraction de seconde. Mais tout en m'avançant vers elle, autant crever l'abcès directement, que les hostilités (s'il y a), ne viennent pas après une longue tirade. Déjà au ton de sa voix, pour me nommer, j'ai sentit que ça n'allait pas être, pour me faire un cadeau.

- Laissez moi vous aider. Dis-je en sautant vers elle, pour lui attraper la cheville.

Elle bascula dans l'eau avec moi, autant rentrer dans le vif du sujet.

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Je l'observe, il me rend la pareille. Nos regards s'entrecroisent comme deux lames. On se jaugent en chien de faïence et je le vois tiquer à mon affirmation. Un simple sursaut de sourcil. J'incline ma bouille sur le côté et hausse les cils, avant de siffler à sa réplique cynique. Il sait très bien que je ne m'appelle pas comme ça ! Mais il est coincé. Au fond, c'est pas plus mal, comme endroit. A part avec l'eau, difficile pour lui de se défendre. Et il ignore tout de ma force tant qu'il ignore mon nom. Alors je me contente de soupirer et de lever les yeux au ciel, sans dévoiler mon identité.

« - Réfléchissez, j'suis sûre que vous le savez, je lâche sur le même ton.

Je renifle, lâche un sourire sans joie et m'étire.

- D'habitude c'est moi qui demande, je crache avec sarcasme, sans bouger d'un pouce.

J'ai retiré mes fringues pour éviter le surplus de poids dans la flotte. Au cas ou. Il approche finalement et je fronce mes arques, prête à bondir. Mais ce fumier a des réflexes insoupçonnés, pour un prétendu bureaucrate. Sa grande patte s'agrippe à ma cheville, telle une serre implacable. Le froid de ses doigts trempés me surprend autant que l'attaque surprise. J'ai à peine le temps de plaquer mes paumes contre le carrelage granuleux pour bondir en avant et éviter de me cogner le lobe occipitale contre la bordure. A peine le temps de me propulser légèrement pour lui coller mon talon dans la mâchoire avant d'être engouffrée dans le bassin. Le calcaire agresse déjà ma carne et le miasme dégueulasse de la javel inonde mes naseaux. Le poison rentre dans mon œsophage et je crache, hurlant et gerbant des milliers de bulles d'eau. J'vais lui faire bouffer le carrelage. J'ai la gorge qui brûle.

Mais l'air manque.

Je bas des talons et frappe le sol pour propulser ma carcasse, crachant mes poumons et inspirant autant de gouttelettes d’eau que d'oxygène. Je crache, balaie ma tignasse en arrière et passe ma paume sur mon faciès rageur. Je tournoie dans l'eau, cherchant le coupable d'un regard noir. Et dès que mes onyx se posent sur lui, j'inspire et plonge comme un missile pour foncer vers l'observateur. Ma propre main s'agrippe sur sa cheville et je tourne comme une centrifugeuse, usant de ma force pour le faire basculer jusqu'à l'autre bout du bassin au plus bas niveau. La chute est ralentie par l'eau, mais ça me laisse le temps nécessaire pour bondir – trop lentement à mon goût – jusqu'à lui et lui agripper la gorge. Maintenant, j'ai pied. Et j'en profite pour le soulever hors de l'eau malgré ma taille microscopique pour le plaquer contre le mur du bassin.

- Salem Panabaker ! Je crache avec agacement, me racontez pas de conneries ! Vous le connaissez, oui ou merde?! »

J'ignore ce que je veux. Qu'il affirme ou infirme ? La vérité, c'est que j'ai la trouille. La simple idée de m'être encore faite avoir me rend folle de rage et, machinalement, mes doigts se resserre autour de la carne de son encolure.

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SI j'avais eu mon mot à dire dans l'action, j'aurais certainement évoqué, le fait que nous étions partis du mauvais pied. Mais contrairement à mon esprit qui tournait en boucle, mon corps avait été d'ors et déjà violenté, et maintenant je ne touchais plus vraiment terre.

- potentielle donc. Réussis-je à articuler, alors qu'elle me serrais le cou avec une poigne féroce.

Elle ne parut pas acquiescer ni rien, elle voulait savoir pour son observateur.

- parler... avec... de l'air... me... semblerait... plus que... nécessaire... Articulais-je difficilement, en tenant son poignet de ma main.

Observateur oui, mais doté d'une force sur humaine, certainement pas. C'était dommage, j'étais pas mauvais pour me battre et mes connaissances, allaient bien au delà de ce que nous apprenait le conseil. J'attendais, en fait, j'attendais patiemment qu'elle ne daigne me lâcher, ce qui vint à un moment donné.

Je passais une main sur mon cou, qui avait été bien brutalisé. Et crachais un peu mes tripes sur le coup. Je laissais quelques secondes, n'en déplaise à cette potentielle, il me fallait de l'air et un peu de calme.

- Un observateur. Pourquoi tant de violence, alors qu'une discussion courtoise, aurait pu tout aussi bien être réalisée. Je me massais la mâchoire, qui avait prit un magistral coup de pied, dans sa chute pour me joindre dans l'eau. Joli coup de pied cela dit... Pour une potentielle, potentiellement perdue, vous n'avez pas perdu vos réflexes.

Je marchais direction la sortie de ce bassin, qui m'était agréable, avant sa visite mais qui pour le coup, me semblait sournois et déplaisant. Je sortis donc de l'eau, pour rejoindre ma serviette, que j'attrapais.

- Vous êtes donc Axel? Lui demandais-je en passant la serviette sur mon torse. J'ai été contacté, pour vous rencontrer... quelle est votre excuse à vous?

Bien sûr qu'elle avait une raison, son observateur manquait à l'appel, je présume alors qu'elle l'avait tué...

- Salem est donc aux abonnés absents, vous l'avez attaqué dans sa baignoire aussi?

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CQFD. L'évidence même. J'avise mes doigts qui semblent minuscules autour de sa nuque et le relâche soudainement, horrifiée par mon propre geste. Un humain, je malmène un humain ! Je déraille. J'inspire et expire en laissant mes bras flotter au rebord de l'eau claire. Qu'importe qu'il sache ou non, ma réaction prouve que je défaille complètement. Je le vois filer hors de l'eau et je fixe ses dorsaux onduler sous sa chair. J'suis pétée. Y a rien qui marche, chez moi. Tout déraille. J'ai toujours été une anomalie avec cette foutue maladie qui me confère cette force hors norme. Mais faut croire que j'ai pas fini de dégringoler. Pourtant, je montre rien. Je le fixe sans bouger et grommelle entre mes gencives à vif. Lentement, je m'extirpe du bassin et presse le bas de mon débardeur. Ma voix s'élève sous un clapotis de flotte qui tombe et qui tombe, et qui tombe...

« - Vous déconnez ? Je lâche d'un ton légèrement moins abrupte, mais toujours nerveux.

Faut croire qu'on lui a pas filé le mémo, à celui-là.

- Alex, je le corrige machinalement en approchant pour lever les yeux vers lui.

Je l'observe et fixe les marques rouge vif sur la peau de son cou. Une pointe de culpabilité me tord le bide. Une fois de plus, j'ai l'air plus impassible que je peux vraiment l'être.

- Non, sérieusement, c'est une blague, vous me testez ? Si vous savez qui je suis alors vous connaissez mon cas particulier, non ? Et même si c'est pas le cas, je vous rappelle que je viens de vous soulever comme si vous pesiez même pas trois kilos. J'ai rien d'une potentielle classique.

J'suis un aimant à emmerdes. C'est collé sur ma gueule. Tout le monde pense en me voyant : «  Oh tiens, cette femme est une emmerdeuse ! ». Soit ça, soit ces cons commencent à choper une espèce de fascination morbide pour mon cas. Et dans les deux situations, ça pue la merde. J'ai vraiment un problème avec le genre humain.

- Panabaker ? Vous m'envoyez Panabaker alors qu'un quart des démons de cette ville pensent que je suis la tueuse ! J'ai deux fois plus de chance de me faire attaquer qu'une potentielle lambda et vous m'envoyez panabaker ?! J'ai largement de quoi penser que vous voulez m'éliminer ! Je m'époumone, toujours aussi sidérée par tant de conneries.

Un chat ! Ils m'envoient un putain de chat qui parle ! Et après, on s'étonne que je devienne parano et voit une menace partout où je passe. Un ange passe, mes prunelles vont de ce Gabriel à mes affaires vautrés en tas de merde sur le carrelage et je tique.

J'ai loupé un détail important.

- Attendez, comment ça vous avez été contacté pour me rencontrer ? » Je fais finalement, réagissant avec trois plombes de retard.

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Elle finit par sortir et de la piscine et de son mutisme rageux. Je pense qu'elle n'entend pas réellement, ce que je dis, elle est aveuglée par une colère, qui me dépasse largement. Je ne la connais pas non, je ne sais pas pourquoi elle m'a éjecté comme une  mouche, et je ne sais pas où est passé son observateur. Je la regarde, trempée, son débardeur qu'elle tord pour en extraire l'eau, et sa culotte qui est, visiblement transparente... Je relève la tête vers son visage, en passant le bout de ma langue sur mes lèvres. Je termine de me sécher rapidement et je viens vers elle.

- Je me doute, qu'être adolescente et potentielle, soit très compliqué de nos jours, Alex, mais concrètement, votre dossier, je ne l'ai pas ouvert, je n'ai pas accepté de prêter main forte en somme. Lui dis-je en m'arrêtant à un ou deux mètres d'elle. Égoïste certainement, mais le conseil et moi, nous ne sommes plus vraiment en phase depuis quelques mois.

Je n'allais pas lui raconter toute ma vie non plus, mais je tentais d'apaiser sa propre fureur, et j'essayais aussi de ne pas reposer mon regard sur sa petite culotte transparente... j'allais passer pour un foutu pervers et je n'avais pas envie d'aller embrasser de force, le carrelage de la piscine !

J'essuyais mes épaules et lui tendis ma serviette.

- Concrètement, j'ai été réquisitionné pour découvrir ce qui est arrivé à Salem Panabaker... votre colère, je ne la comprend pas réellement. Peut être accepteriez vous de me l'expliquer? Habillons nous, et je vous offre un verre?

Je n'allais pas la laisser, planter là, toute seule, sans comprendre ce qu'il s'était passé. Elle était peu courtoise et complètement déboussolée, mais en ma qualité d'ancien observateur, la curiosité me tenaillait. Un dernier regard furtif à son débardeur trempé, le genre de regard que l'on ne peut pas contrôler en somme et je retournais vers mes affaires. Je partis en direction d'un vestiaire et allais simplement enfiler mon costume trois pièces, et mes chaussures en cuir parfaitement cirées. Lorsque je sortis de là, je la retrouvais à l'entrée du bâtiment, une fois sur le trottoir, je levais la main vers un taxi qui s'arrêta à notre niveau.

- Après vous. Lui dis-je avec courtoisie.

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Quoi ? Il vient de dire quoi ? Ado ? Je le fixe, pas certaine de le marche à suivre. Lui péter un œil ou attendre ? Et c'est là que je le capte. Ce petit regard lubrique qui va de ma poitrine à mon bas ventre. Hun, et après ça ose me prendre pour une mineur. Petit cochon lubrique, va.  Et c'est aussi là que je me souviens que porter une culotte clair quand on plonge dans une piscine, c'est pas le bon plan. Le truc, c'est que j'ai zéro pudeur et que j'en ai rien à carrer. J'ai des seins bien fournis et des hanches malgré ma petite taille, m'en servir, ça me pose aucun problème. Le fait est que pour le moment, j'ai un mystère à élucider. J'agrippe sa serviette sans faire aucun commentaire, retenant bien les informations dans un coin de ma caboche. Alors comme ça, monsieur serait presque un renégat …

J'avoue, on a un point en commun.
Même si j'ai bien failli le trucider.

« - Vous m'en direz tant … je marmonne en séchant mes cheveux humides.

Il ne comprend pas ?
Il ne sait vraiment pas.
Chier.

J'hésite encore plus sur la marche à suivre. Si Salem dit vrai – ce qui semble de plus en plus être le cas – alors je pourrais éventuellement commettre une énorme erreur en disant la vérité à ce type. Plusieurs questions m'assaillent. Si Salem s'avère être véritablement un observateur maudit, alors pourquoi le conseil semble l'ignorer ? Pourquoi ce type qui se dit en froid avec le conseil serait-il aussi peu informé, si on lui a demandé de me retrouver ?  Pourquoi l'envoyer lui si il est en froid avec eux ? A moins que le conseil soit pas au courant. Faut dire qu'ils ignorent encore que j'ai décidé de me passer de leurs services. L'autre problème, c'est que ma sécurité en dépend. Une notion qui n'avait pas autant d'importance, quelques années plus tôt. Mais dans le cas présent … J'ai presque chaque jour un démon aux trousses et un instinct de survie de plus en plus développé.

Bordel, dans quoi on m'a encore fourrée ?

Finalement, je balance la serviette à terre et tourne les talons pour prendre mon jean et ma veste. Si ce type est aussi censé découvrir ce qui est arrivé à « mon observateur », peut-être bien que toute la faute revient à ce petit fumier. Et si ce con avait tout bonnement omis d'informer le conseil de son état ? Oh, l'abruti !  Le grand blond a déjà tourné les talons alors que je me dirige moi-même vers les vestiaires pour sécher mes cheveux avec l'essuie main automatique. J'ai un sacré nœud à démêler. Des conneries à réparer. Et comme d'habitude, c'est même pas les miennes. J'arrange ma frange rapidement et fonce vers le miroir. La fatigue se ressent sous mes yeux noircis. J'efface rapidement du mascara et claque mes joues pour me redonner bonne mine.

Malgré moi, des paroles fusent et ma fibre artistique m'emporte. L'avantage d'avoir une vie merdique, c'est que j'ai la blinde de chansons à écrire et chanter. C'est Nathaniel qui va être content. Mais si je pouvais enfin voir ma carrière décoller, ça m’arrangerait. Je soupire et vérifie que mon t-shirt est enfin sec avant de filer vers l'entrée. Le type est là, devant la porte que j'ai défoncée. Un costard cravate.  Ah, je le savais ! Je lâche un sourire en le regardant de la tête aux pieds et dodeline du menton. Tous les mêmes, des bureaucrates... J'agrippe mes chaussures laissées-là, les enfile et gagne cinq pauvres centimètres qui font pâle figure. Pourquoi tous les types que je croise font deux mètres ?

- En profitez pas pour mater, cette fois, je lâche avec une pointe de moquerie en le dépassant pour filer jusqu'aux barrières, tout en sortant une clope de la poche de ma veste.

Il doit sûrement avec les clefs, alors j'attends, bras croisés, qu'il daigne ouvrir la porte. Je lui raconterai ce que j'estime être juste et présentable une fois mon verre de bière dans les mains.

- Je vous préviens, l'action me file un appétit d'ogre. Et je les bois blondes et amères. » je lâche, dents serrées sur le philtre alors que j'agrippe mon briquet pour embraser l'embout de mon bâton à cancer.

Je lui adresse semblant de sourire bref et éphémère.
Ok, j'avoue, je l'ai fait exprès.
Le sous-entendu a rien de très subtile.

Je le dépasse à nouveau et attend la marche à suivre, curieuse de savoir où ce type à l'habitude d'aller siroter ses verres. Vu sa dégaine, je le vois mal s’hydrater la glotte dans des bars mal famés. Chouette, je vais encore détonner.

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C'était de bonne guerre, cette petite réflexion sur le fait que je l'avais déshabillé du regard. Je levais les yeux au ciel, lorsqu'elle me dépassa, mais oui c’était de bonne guerre.

- Je m'en passerais volontiers. Dis-je tranquillement, récupérant mon parapluie posée contre la porte éclatée. Je présume qu'il s'agit de votre oeuvre.. ?

Mais elle était déjà partie, pour s'allumer une cigarette. Je ne serais pas contre non plus, et avec un scotch glacé qui plus est. Je hélais un taxi, me notant à moi même, que je me fendrais d'une réparation pour les réparations de la porte... J'enverrais une réparateur et un chèque de dédommagement dès demain, à la première heure.
Le taxi s'arrêta à notre niveau, elle ne bougea pas, malgré mon invitation et je lui ouvris la porte bon gré, mal gré.

- 6ème arrondissement, place Jules-Ferry s'il vous plait. Dis-je au chauffeur, qui nous regarda avec un peu trop d’insistance. Et si vous regardez la route tout du long, votre pourboire sera gros.

Je compris après coup, ce que ma phrase pouvait suggérer, le type allait penser que nous allions nous envoyer en l'air sur la banquette arrière. Il me regarda une dernière fois, avec ce petit truc lubrique au fond de l'oeil, mais il s'arrêta tout net devant mon regard glacial. Je me passerais bien de sa pensée profonde, j'avais déjà à faire avec Miss nudiste en chef.

- Et si j'avais été corrompu, si j'avais été la mauvaise personne, vous auriez agit de la même façon, sans pudeur j'entends? Dis-je à l'intention d'Alex.

Je ne la regardais pas vraiment, je tournais juste la tête vers elle. Je n'avais pas envie de me reprendre, une cinglante répartie, sur ma prétendue lubricité, surtout pas devant un chauffeur qui pensait déjà, des trucs salaces dans sa tête.

La voiture traversa un Lyon endormit ou presque, je ne doutais pas que les vampires de la ville, étaient quelque part, en train de se payer la tranche du lion. Mais je n'avais que faire de cela, ma quête avait changé, lorsqu'elle était morte. Avant j'aurais écumé les ruelles sombres, les sorties de boites, et secouru la veuve et l'orphelin. La mort était son cadeau, je ne pensais pas qu'elle l'ouvrirait si tôt, avec si peu de retenue.

La voiture s'immobilisa enfin, devant mon hôtel particulier, et j'invitais Alex a descendre, alors que je tendis au chauffeur une belle liasse de billets. Je lui indiquais de garder la monnaie, et je descendis à mon tour. J'ouvris la porte cochère et invitais Alex à entrer. Pas de majordome, pas de gouvernante, juste une femme de ménage qui vient 2heures par jour, tous les matins, je n'ai pas besoin de plus.

Je retirais ma veste et posais mon parapluie à la porte. J'attendis qu'elle ne retire sa propre veste, veillant à ne pas regarder son débardeur trempé.

- Je vais vous prêter une chemise... Dis-je. Installez vous là... je lui indiquais le vaste salon sur la droite.

Je la laissais en bas, tandis que je montais les marches du grand escalier en bois et métal, pour rejoindre mes appartements et plus précisément mon dressing. J'attrapais une chemise bleue ciel, et retirais ma veste et mon gilet, avant de redescendre. Arrivé dans le salon, je lui tendis la chemise, croisant son regard.

- Vous pouvez vous changer là bas... je lui indiquais une porte en face du couloir qui menait à la cuisine et à la salle à manger. Un cabinet de toilettes... C'est très français.

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La fumée dégringole de bas en haut. De haut en bas. Elle s'éparpille et je darde mon regard sur ce grand type alors qu'on se retrouve dans la rue. Lyon, la nuit, ça crépite de partout. C'est la folie. Je soupire, expire et fume à m'en faire tourner la tête avant de baisser les yeux vers un taxi. Silencieuse, j'observe l'échange et hausse un sourcil au regard du chauffeur. Je vais lui faire bouffer sa boite de vitesse par le colon vite fait bien fait. Je grimpe dans le véhicule à la suite de l'observateur et me cale dans un coin avant de jeter le filtre par la fenêtre. Sa question me tire un rire sincère et je le regarde.

« - Quoi, j'ai pas assez prouvé que j'avais rien de la demoiselle en détresse ? On est en 2001, vous savez ? La pudeur, c'est pour les abrutis, je lâche en haussant les épaules.

Il était bien en slip de bain, lui.

Sans rien ajouter, je tourne le menton vers la fenêtre et avise les reflets aux milles couleurs criardes. Bleue, rouge, mauve, blanc et jaune … Tout se mélange. Et plus on avance, plus j'avise les beaux quartiers se former sous mon regard blasé. Pas le premier arrondissement, par pitié. Je déteste cet endroit. Avant que j'ai le temps de prononcer le moindre ouf, la voiture s'arrête devant … un hôtel particulier. C'est une blague ? Je mâchouille ma lippe inférieure et descend finalement, invitée – pressée, même – par mon « hôte ». Je le suis, pognes dans les poches, tout en avisant le taxi partir derrière nous. Etre ici m'emmerde déjà, qu'on se le dise. Je déteste les lieux guindés. Et pourtant, mes parents ont toujours tout fait pour m'inculquer un semblant de retenue et de classe. Peine perdue.


J'avise les lieux rapidement et me retient de dégainer une nouvelle clope. Mais à sentir quelques effluves capiteuses, je reconnais le miasme bien particulier du tabac. Un fumeur, donc. Je vais peut-être pas me retenir, tout compte fait. Je le fixe filer pour revenir avec une chemise mille fois trop grande et hausse un sourcil. Et j'ai à peine le temps de retirer ma veste et choper l’ourlet de mon t-shirt qu'il indique une pièce. Soit. J'hausse à nouveau les épaules et file dans le fond pour trouver le cabinet. Dépose la chemise et retire mon t-shirt probablement foutu. Mes yeux se posent sur un porte serviettes et j'y dépose mon vêtement. Y a pas de doute, c'est bien un homme qui vit là. L'odeur de l'eau de Cologne inonde mes naseaux. Je retire finalement mon soutien gorge trempé et sèche rapidement ma poitrine humide avant d'enfiler la chemise. Même la lessive porte une odeur typiquement masculine. Le pantalon vole aussi, sans quoi, l'unique sous vêtement qui me reste ne séchera jamais. Tant que j'y suis, je retire chaussures et chaussettes, de quoi repartir dans des vêtements bien chauds.

Je reviens finalement dans cette fichue chemise trop opulente et me vautre sur le canapé, laissant mes pieds nus glisser sous mes fesses.

- Je m'attendais à un vrai bar, je l'informe pour la forme.

J'hausse les épaules, reprend la veste sur canapé et prend mon paquet de cigarettes.

- Vous en voulez une ? Je demande en tirant un bâton que je cale déjà entre mes dents. Histoire qu'on passe au vif du sujet et que je comprenne enfin pourquoi le conseil m'a envoyé un type victime d'une malédiction ? »

Autant jouer franc jeu. Quelque chose me dit que je pourrais potentiellement le convaincre de ne pas vendre la mèche.

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Elle part se changer, et pendant ce temps, j'ouvre le vaisselier, pour en sortir du scotch dans une carafe en cristal, et deux verres. Je me dirige aussi vers la cuisine, pour récupérer de la bière au frigo, si elle préfère et des chips dans le placard garde mangé. Je ne sais pas si ça lui suffira, je passerais derrière les fourneaux si besoin, de toute façon il faudra que je mange, si je ne veux pas avoir la gueule de bois demain matin. Partis comme on est partit, je me doute que l'entrevue ne va pas durer que quelques minutes. Je reviens vers le salon, où elle est... vêtue de ma chemise et quasiment que de ma chemise. C'est un appel à la plus primale des débauches, elle ne doit pas se rendre compte du sex appeal, qu'elle peut avoir, en cet instant précis.

Je pose les victuailles sur la table basse, et la bière vers elle, quant à moi, je me sers un verre de scotch avec des glaçons. Elle me propose une cigarette que j'accepte. Je lui tends un briquet allumé, pour allumer sa propre cigarette et en fait de même avec la mienne. Je m'assieds en face d'elle, dans un grand fauteuil en velours vert, confortable à souhait. Elle engage la discussion, je sais qu'il va falloir parler.

- Je préfère parler surnaturel entre les murs sécurisés que sont ceux de ma maison. Mais si c'est la musique qui vous manque...

J'attrapais une télécommande, sur le guéridon à côté de moi, et la voix de robert Smith, en qualité de chanteur de The Cure, commence à dessiner les courbes délicieuses de Lullaby.

- Victime d'une malédiction, qu'entendez vous... attendez... Je m'arrête dans ma lancée, et me relève, pour aller chercher dans un tiroir secret, le dit dossier.

Je reviens dans le salon, la cigarette à la bouche, le dossier ouvert, sur ce qu'est la vie de Mlle Godefroy.

- Alex Godefroy, né en juin 1972... Je tique sur la date de naissance, et je relève la tête vers elle... 27 ans donc. Je reviens sur ma copie, née en France... rien de bien exceptionnelle, crise d'hystéries physiques... okay... j'en ai eu le droit tout à l'heure... Je marmonne, plus que je ne m'adresse à elle.

Et vient alors, la page que le protecteur Panabaker... mais pas de trace de malédiction.

- Que je comprenne, vous aviez déjà dans l'enfance, une force surhumaine? Une anomalie génétique dit votre dossier médical... maman était elle potentielle? Votre père était humain?

Je refermais le dossier, le posant sur le guéridon et fumais la cigarette, en l'écoutant me parler d'elle. Au final, le conseil avait omis des détails, qu'est ce que Panabaker avait fait pour être maudit.

- Je n'ai jamais croisé Salem, ou si... une fois, lors d'un colloque à Londres, avec le conseil... il avait un swing impressionnant... mais je n'ai pas mention d'une malédiction, que s'est il passé?

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A peine arrivée, que je vois le blond déposer bière, alcool fort et nourriture sur la table. Et ma précieuse blonde amère me fait de l’œil. A son affirmation, j'hausse les épaules. Qui peut lui en vouloir ? C'est que ça se tient.

« - Certes.

Goulûment, clope coincée entre l'index et le majeur, j'agrippe la bouteille que je décapsule d'un coup de pouce. Chose que j'évite souvent d'effectuer aux yeux de créatures lambda. Et c'est là, qu'il semble tiquer sur mes mots. Je croise les jambes, m'agrippe au bord du canapé confortable et le fixe avec insistance. Je lui offre mon plus beau regard de biche faussement innocente en attendant qu'il fasse tourner ses méninges. Et, d'un coup, d'un seul, Williams fonce hors du salon pour revenir avec un dossier.

- Je vois qu'on fait pas ses devoirs, je plaisante en aspirant une nouvelle goulée de nicotine.

Mon silence s'étire alors qu'il lit à voix haute. Il a une jolie voix. Mais là, ce je m'égare. Lorsqu'il prononce mon âge d'une voix lente en me jetant un coup d’œil, je retiens un rire de franchir mes babines étirées. D'accord, ça valait la peine d'attendre.

- Crises d'hystéries ? C'est comme ça qu'ils appellent ça ? Je lâche avec un rire moqueur, cette fois.

Ben voyons. Les potentielles détiennent l'un des pouvoirs les plus importants dans ce monde de barbare et on reste des hystériques. Je le laisse continuer et hausse les épaules.

- Yep. Depuis toujours. Rien de surnaturel. Pas de parents avec de supers pouvoirs, quedal, je lâche avec un soupire en terminant rapidement ma bière.

La bouteille me sert de réceptacle à cendre. J'y tapote l'embout de ma clope et mord le filtre tout en appréciant silencieusement le doux son des Doors. Je dois l'admettre, il a bon goût.

- Ecoutez, ils ont merdé, ok ? Qui qu'ils soient, ceux qui m'ont filé ces dons se sont foiré ! On est des milliers à poireauter en attendant notre sentence, certaines l'ignorent peut-être même jusqu'à la fin de leurs jours. Mais cette fois, en me foutant ça sur le dos, ils ont … Je veux dire, vous m'avez vue ? J'ai assez de force pour soulever cinq hommes comme vous et au final, ça me coûterait trois heures alitée. C'est pas un pouvoir ça, c'est une maladie. C'est tout. J'suis malade et je vais crever jeune, qu'importe ma condition.

Ni plus, ni moins. Je me penche pour agripper le second verre et y verse le whisky avant de me redresser, jetant le mégot dans la bouteille.

- Vous pensez que je le sais ? Il s'est pointé y a quelques jours en se présentant comme remplaçant.

Surtout, ne pas penser à Sébastian. Mon morale morfle encore. Je renifle, agite mes guibolles et me perche sur mes talons pour faire les cents pas en cuvant le whisky jusqu'à noyer goulûment ma glotte. Je réalise avec stupeur que déballer toutes ces merdes fait un bien fou. Et causer, c'est pourtant clairement pas mon délire.

- … Ecoutez, je réalise ce soir que le conseil ignore ce que je vais vous dire, et j'aimerai que ça reste comme ça. Pour le moment.

Je renifle, me penche vers la table et me sert un nouveau verre. L'autre avantage d'être surchargée d'adrénaline en permanence, c'est que je tiens sacrément bien l'alcool.

- J'vous préviens, ce que je vais vous dire là ne doit pas sortir de cette pièce, ok ? 

Il va pas me croire, c'est juste pas possible. J'hésite, fixe le liquide ambré dans mon verre, l'observateur, le mur. Merde. Merde, merde, merde ...

- Salem est ... hrem. Un chat. C'est un chat qui parle. »

C'est carrément risible.

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Elle a une vision bien noire, du potentiel qu'elle peut détenir. Je secoue la tête en signe de négation.

- Ce n'est pas ça, ce n'est pas une maladie, pour l'instant tu le vois comme ça, mais ce n'est pas ça, je t'assure. Des gens tueraient pour avoir tes capacités, dans un monde où le surnaturel existe, qui plus est. Peut être que la tueuse est vouée à mourir jeune, oui c'est son cadeau comme le conseil appelle ça... mais bien entraînée, tu peux aussi vivre ta vie longue, en défendant la veuve et l'orphelin. Et tu n'es plus si jeune entre nous... 27 ans...

J'avais lancé la dernière phrase, en guise de petit pic, une blague en somme, pour tenter de la faire sourire. Déjà mes lèvres s'étirèrent en un sourire taquin. Et moi qui la croyait ado, je lui aurais donné 21 ans pas plus. Alors que dans cette tenue, avec sa cigarette à la bouche et sa bière pas loin, elle me faisait penser à Uma Thurman dans Pulp Fiction, et ce n'était pas une gamine là, mais une femme fatale, qui aguichait, certainement sans le vouloir, mes hormones de mâle. Si je pouvais, je m'aventurerais sous les pans de ma propre chemise, pour aller faire jouir la potentielle qu'elle est. Elle est sans doute plus tueuse, qu'elle n'est potentielle. La tueuse actuelle, a peut être vécu la mort de près, et ça aurait réveillé Alex... Ce n'est pas possible, ça date de l'enfance... pensais-je en regardant le dossier posé à côté de moi.

Je tente d'en savoir plus, de me concentrer sur le problème principal, qui n'est pas mon non accès à son intimité, mais bien la disparition de son observateur. Je finis mon verre, alors qu'elle entame le sien, en me parlant de Salem.

- jusque là, rien de bien anormal... Affirmais-je.

Mais elle continue, en me parlant de l'ignorance du Conseil... Ah ça, c'est certain qu'ils en tiennent une couche, mais pas mince pour le coup !

- Je t'écoutes...

Elle a l'air nerveuse, elle fait les cent pas devant moi, elle va finir par me filer le tourni. Finalement, elle s'arrête et me balance l'aveu. Je reste stoïque, à dire vrai, je ne sais pas quoi dire de ça. Une main devant ma bouche, je songe à ce qu'elle vient de dire pendant quelques secondes d'intense silence.

- Un chat? Dis-je finalement. Avec des moustaches, des griffes et qui ronronne?

Mon dieu, Salem qui a la base, dans mes souvenirs, était plutôt beau mec pour son âge, avait permuté en chat... Le monde actuel, m'étonnera toujours. J'arque un sourcil, et pousse un soupir.

- Et donc, que t'a-t-il dit sur le sujet? Non parce que de mémoire, il existe pas mal de malédictions félines, j'en ai déjà vue une, mais il avait été changé en panthère, ce qui est moins facile d'approche... Quelle est son excuse, où a t-il merdé?

Je me relevais du fauteuil pour attraper la carafe de scotch, me resservir un verre. Je sortis de ma poche un étui en métal, contenant mes cigarettes, et je me levais pour venir vers elle, lui tendant le boitier, si d'aventure, elle en voulait une autre de cigarette.

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Verre au bec. Soupire latent. Exaspération. Myocarde qui pulse. Il comprend peut-être pas bien ce que je sous-entends et je peux pas bien lui en vouloir. Les médecins ont toujours été dubitatifs, mais pas ignorants. Y a rien de bien magique à mon cas. Enfin, pas entièrement. Juste une anomalie génétique dont on entend jamais parler. Une des raisons, bien probables, du retard du conseil pour venir me dire ce que je suis sous la surface. J'esquisse un énième sourire à sa pique.

« - J'arrête pas de dire que je suis trop vielle pour ces conneries ! Je rétorque avec hargne en avalant une nouvelle lampée de Whisky.

Et lui et moi, on a clairement pas la même notion de la normalité.
Donner le potentielle pouvoir à un être humain doté d'une maladie chronique pareille...

Humour de « puissance supérieure », j'imagine.

La brûlure réconfortante glisse le long de ma gorge et j'inspire le miasme agréable. C'est une bonne bouteille, je dois l'avouer. Même si Nathaniel possède de sacrées pépites aussi, planquées pour le personnel. J'ai trouvé la cachette une fois... Un peu aidée par Aubrey. Finalement, j'aborde le sujet qui m'a amené vers lui à l'origine et attend une réaction de sa part. Il n'a pas l'air au courant. Est-ce que Salem a au moins daigné prévenir qui que ce soit ? Je vais choper ce chat par la peau du cou et lui faire ravaler ses moustaches. Je le vois approcher et dois lever le nez pour le fixer. Il est passé au tutoiement en deux temps mouvement en apprenant mon âge. D'un coup, je me demande s'il est beaucoup plus vieux que moi ou pas du tout. J'avise ses traits légèrement marqués. Rien que des petites ridules au coin des yeux. Quelques traits creusés sur son front, preuves qu'il doit souvent carburer dans sa caboche blonde. Un visage mûr, mais pas nécessairement vieux. Je lui donne à peine la trentaine.

- Rien, il a rien dit... Tu crois quoi, je lui ai pas vraiment laissé le temps de tergiverser. J'ai cru...

Je soupire en agrippant une cigarette et cherche mes mots.

- Tu sais, j'étais proche de mon observateur. Il m'énervait, me couvait trop et se prenait pour le père que j'ai déjà. Et dieu sait qu'il est lourd, lui aussi. Mais... J'avais que lui comme vrai repère, ici. J'ai toujours su me débrouiller et je déteste qu'on tente de m'aider. Mais je viens pas de là. Alors à sa disparition, tout s'est barré de travers. J'ai cru tout perdre. Et maintenant je vis dans une agence, ancien hôtel, hanté au possible avec une bande de dégénérés. Et j'aime pas être entourée d'autant de gens.

J'hausse les épaules, baisse les yeux et joue avec le filtre.

- J'ai cru à une nouvelle emmerde et j'ai pas laissé le temps à Salem de se justifier plus. Je voulais d'abord être sûre.

Je relève le menton, plante mon regard dans le siens et étire faiblement mes lippes.

- Maintenant, je sais. Donc... Merci. Et... je vais devoir te demander un service. Il faut que ça reste entre nous jusqu'à ce que je puisse parler avec lui. Je veux connaître sa version des faits. Il n'a peut-être rien fait de bien crapuleux pour en arriver là. Peut-être que si. Peut-être que c'est un type un peu borderline ou un psychopathe qui veut achever l'air des tueuses. J'en sais rien, je dois le découvrir. Seule. »

Il est tellement proche que cette fois, je peux sentir sa propre odeur. Un mélange de calcaire et d'eau de Cologne onéreuses. Et cette fois, je réalise que mon absence de pudeur m'a probablement menée, une fois de plus, dans une situation légèrement cocasse. Oups ?

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Elle est touchante, lorsqu'elle fait tomber les barrières, lorsqu'elle parle d'elle. Je ressens sa tristesse et quelque part sa détresse, quelque chose se fissure en moi, elle ravive un sentiment enfouit, et rien à voir avec mes hormones perturbées pour le coup. Elle me parle de son ancien observateur, de sa vie décousue et un peu perdue, j'ai envie de lui toucher la joue, lui dire en toute honnêteté, qu'elle ne sera plus seule. C'est pour ça, que je voulais pas reprendre de potentiels, parce qu'il suffirait d'une nana sincère et un peu triste, pour me faire chavirer de l'autre côté.

Je la regarde de haut, elle me semble presque plus petite, maintenant qu'elle a fait tomber le masque. Je pose une main sur son épaule, compatissante la main, et atteste de ma compréhension de ce qu'elle dit, par la même occasion.

- Je dirais rien, je me suis détourné du Conseil pour le moment, et je ne compte pas encore renouer avec eux.

Je me passais les doigts sur la bouche, restant un moment en face d'elle, ressentant tout un tas de sentiments, qui n'ont aucun rapport, les uns avec les autres. Le plus fort de tous, me crie dans la tête, de faire ce qui est juste, ce pourquoi je suis ici.

- Suis moi, viens... je veux te montrer quelque chose. Lui dis-je en l'invitant à sortir du salon, à ma suite.

Je montais le grand escalier, qui craqua sous mes pieds, et nous arrivâmes au premier étage.

- C'est mon étage... salle de bain, chambre, petit salon, salle d'entrainement, bibliothèque... Dis-je sans trop la regarder, comme si la visite était anodine.

Je passais une main dans mes cheveux, avant de monter un nouvel étage. Arrivé sur le palier, plongé dans la pénombre, je me tournais vers elle.

- C'est l'étage invité... salle de bain, chambre, petit salon... et J'allumais la lumière du couloir, pour me diriger vers une porte verte que j'ouvris.

A l'intérieur, une salle d'entrainement spéciale tueuse, que j'avais fait aménager au cas où, à mon arrivée. Tout y était, et normalement adapté à la force d'une tueuse.

- et Salle d'entrainement... J'entrais dans la pièce, mis les mains dans mes poches. Je sais pas trop comment formuler ça... Si je dois veiller sur toi, en attendant que Salem arrête de cracher des boules de poils... autant que tu sois vraiment sous ma protection. J'aime pas les chats, mais je peux faire une exception pour notre ami Salem.

J'attendis une réaction, ou deux, ou un NON capital. J'attendis mais pas longtemps.

- Y'a des règles, une seule à dire vraie, personne d'autre que toi et moi, ne rentrent ici... tes conquêtes et amis resteront en dehors de l'hôtel, pareil pour moi. Et je ne suis pas ton père... je n'ai pas l'âge de l'être... je suis juste... Je cherche le mot exact, en chassant les pensées lubriques qui pourraient se présenter à moi. Un ami qui te veut du bien.

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Les Doors continuent leurs mélodies et je les entends à peine. Jusqu'ici, je faisais bonne figure. Mais là, le saligaud est trop proche et il attise mes plus bas instincts. Pire, il dépose une main sur mon épaule et cette fois, ça n'a rien d'un étaux glacé. Et l'univers entier sait que je suis qu'un amas d’instincts primitifs à moi toute seule. Faudrait peut-être que je file chercher mon pantalon maintenant que je suis sèche. Presque. Oh, la tuile. Je recule légèrement et le laisser passer. Si je tiens parfaitement debout, l'alcool n'aide en rien. Ressaisis-toi, Godefroid. J'ai pas le temps de m'amuser. Je secoue le menton et reprend ma respiration durement retenue alors qu'il file vers l'étage en me traitant de tous les noms. A sa suite, je dois même me retenir de lui mater le cul. Il fait du yoga ? Alex, non ! Couchée ! Pas bien ! Je le suis souplement, comme si je ne venais pas d'ingurgiter une bière entière et trois verres de Whisky purs. Au fur et à mesure que je vois les pièces, j'essaie de comprendre où il veut en venir. Et c'est là que je la vois. La caverne d'Alibaba. Le Graal. Je le dépasse lentement, prunelles écarquillées, avant de déposer machinalement le verre sans même regarder où je fous les pieds. Des armes, partout. Des tapis d'entraînement, des sacs pendus, des poids. Partout partout partout. J'entrouvre mes lippes et ma bouche forme un O de stupeur alors que je tourne sur moi-même pour admirer la pièce.

« - Oui oui, je rétorque d'une voix évasive. Il le prendra pas mal, il voulait me trouver quelqu'un pour les entraînements en attendant, de toute façon... Il devrait être content, c'est moi qui fait tout le boulot ...

J'avance lentement vers un mur tapissé d'armes pour y décrocher une hache sublime. Mes doigts parcours le manche, mes prunelles étudient la lame, les ornements, le tranchent délicat de l'arme. Le pied total. Je dépose la hache pour me mettre sur la pointe des pieds. Bon, pour les arrangements, faudra réétudier. Comme accrocher les armes à portée d'une naine d'un mètre soixante, par exemple. Je chope l'épée et file souplement jusqu'au milieu de la pièce pour faire tourner l'arme entre mes doigts experts.

- Oouuuh, salut beauté... je chantonne en tenant l'arme, incapable de retenir un rire appréciateur.

Elle scintille de mille feux. Mes prunelles se déposent sur les arbalètes. Je sais même plus où donner des pupilles. Sans me soucier de ma tenue, j'effectue un bond souple, tourne sur moi-même, balance le coude en arrière et lève une guibolle en tenant en équilibre sur mes orteils. La lame aiguisées brille de mille feu sous mon œil droit. L'équilibre parfait. Je tournoie à nouveau, chope le manche à deux mains et me poste en position défensive. Muscles tendus à l'extrême. Malgré tout, Williams vient de prononcer quelque chose qui contrarie son petit projet jusqu'à présent parfait.

- J'suis une guerrière, Williams. Pas une statue de cire. Va falloir trouver un moyen de me défouler si j'ai pas le droit de ramener un seul autre mâle que toi dans les parages ! En garde ! Prends une arme ! Je le défie en agitant mes doigts pour lui faire signe de venir.

Je serre la hanse de l'arme, lâche un sourire vorace et crache d'une voix profonde.

- A moins que t'es les chocottes ? »

Et j'insiste bien sur ce dernier mot, un éclat de défis dans le regard.
Qu'elle idée il a eu, de me laisser dans une pièce pareille.

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- Celle que tu tiens en main s'appelle une Katzbalger, c'est une arme destinée aux mercenaires, à la fin du 15ème siècle... le savais tu? Son nom vient de l'allemand... Katz veut dire chat... il semblerait que le cuir du pommeau soit fait en chat, selon l'histoire. Ironique dans cette situation... Dis-je pour répondre à sa demande de lutte.

Je déboutonne mes manches, et les replie sur elles-mêmes, avant d'aller chercher une rapière, je préfère nettement le style élégant de la lutte, des restes ancrés, d'escrime.

- Pour te défouler, il y aura tout ce qu'il faut... dis-je sans préciser quoique ce soit, même si elle avait ancrée ses doigts dans mon cou, et faillit me tuer avec brutalité, étrangement donc, elle pourrait m'avoir. Son aura m'attire, j'ai toujours aimé les chieuses de toutes façons.

Je me mis en attente de combat, ça risquait d'être intéressant, en espérant qu'elle ne se servirait pas de sa force sur humaine pour me mettre K.O. en deux secondes. Essayons de rester humains, le temps pour moi, de reprendre l'avantage sur elle, pour montrer que je ne suis pas aussi médiocre qu'à la piscine.

Elle tente d'attaquer, et je pare, concrètement, si elle n'est pas habitué aux combats d'escrime, gracieux donc et dans la maîtrise d'elle même, elle ne pourra gagner qu'avec sa force brute. La lame épaisse de son épée, vient siffler à mon oreille, je me baisse, et rapidement, je lui fais manger le pommeau de la rapière... non sans gérer ma propre force, je n'ai pas envie de lui péter les dents non plus.

- Le but n'étant pas de t'amocher, je retiens mes coups, je n'ai pas envie que tu perdes une dent au passage... ton sourire s'en verrait démystifier, ce serait dommage.

En réponse, je me mange un coup, pas trop retenu dans les côtes. ça c'est fait.

- Je dois être maudit à mon tour, j'ai un truc avec les emmerdeuses, au caractère bien trempé et légèrement psycho sur les bords... Dis-je en luttant fortement pour ne pas me reprendre un coup.

Je tombe, ça devait arriver, et la lame s'arrête entre mes deux yeux, j'expire fortement et je ris en même temps. C'est ça, je suis sado-maso en plus. J'attrape la lame entre mes deux mains, et la pousse vers le haut, pour qu'elle se la prenne en pleine tête. Une balayette plus tard, et je réussis, Ô grand dieu, à la faire tomber par terre !

Je suis essoufflé, mais pas encore vaincu, je roule sur elle, et lui immobilise les poignets de mes mains, collant mon corps contre elle. Cette position est trop suggestive pour être innocente, j'esquisse un vague sourire carnassier, et j'espère qu'elle m'envoie valser dans le décor pour se défaire de l'emprise sur elle.

Le bout de ma langue passe sur mes lèvres, et mon regard oscille entre son propre regard sombre et sa bouche entrouverte. Un instant de suspend, le passage d'un ange, lubrique au demeurant.

- C'est un oui donc?

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Et on y est. Réflexe d'observateur oblige, monsieur me fait un cours d'histoire sur les armes que je tiens en main. Trop exaltée, fascinée, j'écoute d'une oreille alors que j'étudie la souplesse et la justesse des armes. Y a un truc que les observateurs comprendront jamais, chez nous. Le combat, on l'a dans le sang. C'est écrit dans nos gènes.  Prévu avant même notre naissance par une puissance qui nous dépasse tous. Notre carcasse entière est forgée pour le combat, la brutalité, le sang et la mort. Des femmes créées pour stopper des guerres déclenchées par des hommes. Et ainsi va le monde. Je joue de ma souplesse et de mon agilité féline, quoi qu'encore un peu brute avec l'alcool ingurgité, tout en l'écoutant divaguer. Jusqu'à le provoquer pour obtenir un petit combat. S'il désire seulement me prouver qu'il est digne de combler les vides laissés par mon observateur, il a tout intérêt à me montrer de quoi il est capable. Parce qu'il ne sera jamais mon observateur. J'ai bien trop de pensées trop peu conventionnels envers ce type. Et pour ça, il va falloir que j'y aille mollo avec lui. Que je laisse plus ou moins guider la danse et étudie chacun de ses mouvements. Que je sache si j'ai réellement quelque chose à apprendre de lui. Faut pas se leurrer, les mecs sont souvent de sacrés égocentriques qui se surestiment et parviennent rarement à m’épater. De la part d'un observateur, tout renégat qu'il soit, j'attends plus. Beaucoup plus.

Alors j'attaque. Y a une faille. Il pare avec une agilité et souplesse étonnante vu son gabarit. Le manche de la lame résonne contre ma caboche alors que je recule d'un bond, sonnée brièvement. Je lève les yeux au ciel à sa remarque légèrement machiste.

- Je doute que les vampires se soucient de mon esthétique buccale, vois-tu ! Je grogne en reprenant ma posture défensive.

Et on en parle, de son sourire, à lui ? C'est un truc à rendre folle une vierge dans un couvent. Je pivote et virevolte rapidement et avec une flegme toute acquise grâce aux dures labeurs, mon talon frappe en plein dans ses côtes. Retenir ma force n'a rien d'une partie de plaisir. Mesurer mes coups me demandent autant de concentration que le reste et me force à être deux fois plus attentives. Deux fois plus exigeante. En soit, mon entraînement n'a jamais été totalement différent de celui d'une tueuse.

- Borderline, je le corrige en haussant les épaules.

J'ai vraiment rien d'une psycho. Je vois pas du tout ce qu'il sous-entend, ah ! Finalement, j'attaque plus franchement et grimpe d'un niveau. Il semble être en déroute et je peux voir une perle de sueur onduler le long de sa tempe. J'use de ma lame pour m'appuyer au sol et soulever tout mon poids jusqu'à son plexus solaire. Gabriel s'écroule finalement et je me faufile jusqu'à lui, menaçant sa pomme d’Adam de la pointe de la lame. J'attends. J'étudie. En combat réel, ce serait déjà un tas de cendre. Le blond agrippe la lame de ses grandes mains de pianiste, aux allures trop délicates pour le combat, et le manche de ma propre arme flirt avec mon nez. Je lâche un nouveau râle agacé, sans avoir le temps de répliquer. Son pied fauche mes chevilles et je me retrouve sur le dos. Vicelard ! Je sens la liqueur bouillante de mon propre sang perler de ma narine et lui jette un regard enragé. Je déteste qu'on sache me faire saigner. Il est plus essoufflé que moi, mais la tête me tourne. Comme la pièce. J'sais plus où je suis. Je le sens se glisser sur ma carcasse et immobiliser mes bras.

Tout son poids engouffre mon corps entier.

Je pourrais l'envoyer valser jusqu'à toucher le plafond. Son souffle pulse sur mes lèvres. J'ai envie de les bouffer. Mais je dois l'admettre, il prouve qu'il possède une maîtrise dont je peux m'inspirer. Je vois son petit numéro. Non, je le sens. D'accord. On entre visiblement dans une autre catégorie. Plus... frontale ? J'hausse un sourcil, lève mes guibolles et entoure sa taille pour le faire basculer sur le dos. Mais mes mains toujours prisent entre l’étau des siennes, bien plus chaudes, je le tire en arrière pour coller nos poignets dans mon dos. Ma poitrine se plaque contre son torse. Je pourrais l'achever d'un coup de boule. Mais j'ai quand même pas envie de fendre le crâne de mon hôte. Ce serait du gâchis.

- Laisse-moi encore réfléchir, j'me tâte, je souffle en esquissant un sourire et en penchant ma bouille sur le côté, comme une bête curieuse. J'suis toujours pas satisfaite. »

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Animal.

C'est le mot qui flotte dans mon esprit.

Bestial même.

A dire vrai, je n'avais pas 'baisé' depuis la perte de Julie. D'habitude je fais l'amour, je ne baise pas. Mais Alex avait fait naître et renaître même, mes plus bas instincts. Et putain, que c'était bon.

Allongé sur le dos, défroqué encore, avec mes chaussures toujours aux pieds, je tente de reprendre contenance. Elle rit, ce n'est pas nerveux, c'est la conséquence de l'orgasme. Lorsqu'elle parle du conseil, je souris, les yeux toujours posés sur le plafond de la salle d'entrainement. Je réalise que c'est la première pièce de l’hôtel, qui a été 'baptisée'. J'ai quasiment vécu comme un moine pendant deux ans, trop occupé à pister ce fumier, à me renseigner, à m’entraîner aussi. Et puis j'ai accueillit des élèves d'escrime... pas que j'ai besoin de travailler. Je suis lord, donc j'ai toute la vie devant moi, pour ne rien foutre et juste profiter de l'argent de côté. Mais l'escrime était une excuse pour avoir une vie sociale.

Bref, je suis vidé. Escrime + Piscine + Baston + Alcool + Baise. Je suis vidé. Je m'en fous pas mal du Conseil, si elle savait... elle ne sait pas pourquoi je n'ai pas de potentielle encore, elle ne sait pas mon passé. Si elle savait, peut être qu'elle réussirait à retrouver sa petite culotte, plus rapidement que présentement. Elle refuserait peut être de rester, de s'installer, que je sois là pour veiller à sa survie. Je suis pas un putain de modèle... comment qualifier un observateur qui perd sa potentielle, en moins d'un an? Une merde;

Les effluves salvatrices de l'orgasme, s'estompent et mon aura sombre retombe. J'attrape mon pantalon que je remets correctement, rangeant mon attirail, et me redresse, sans pour autant la regarder.

- Ne base pas ta décision sur ce moment d'égarement. Dis-je d'une voix sérieuse et posée.

C'est sans doute un peu froid, carrément distant, et si elle est un peu fleur bleue, décevant, voir vexant. Je tourne la tête vers elle, putain qu'elle est belle, même complètement nue. Je me relève, lui tend sa petite culotte, que je suis allée chercher derrière... elle s'est perdue dans la bataille. Puis je range les armes, à leur place. Je reviens à elle, la regardant de la tête au pieds, si je m'écoutais, je la baiserais encore. Mais il revenir à la raison.

- Je vais te prêter une autre chemise... à moins que tes vêtements soient secs maintenant..

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Paraît que ça peut faire mal, les types qui vous sortent ce genre de mot juste après « un moment d'égarement ». Je fixe le plafond, tapote mon ventre et soupire. Sous mes doigts, la striure d'une cicatrice barrant mon abdomen me rappelle douloureusement ma condition de mortelle. Mais ça me fait rien. Vraiment. Peut-être que si. Y a juste ma fierté qui gronde. C'est moi qui prononce ces mots-là en première, normalement. La faute à l'épuisement. S'il savait... J'hausse seulement les épaules alors qu'il se redresse, stagne et se tourne finalement vers moi. Putain s'il savait. Faudrait sûrement que je le prévienne. Y serait pas le premier à me sortir ce genre de conneries parce que c'est moi qui porte le vagin. Puis à revenir en chouinant. J'espère clairement que ça arrivera pas, surtout si je décide de squatter là le temps que mon boulet à poils noirs se remette de sa petite malédiction.  Je vois la petite culotte qui vole devant mon regard et je l'attrape. J'en ai bien besoin pour circuler, avec ce qui coule entre mes cuisses. Je l'enfile rapidement, me redresse souplement et lui fait face, menton levé.

« - Non merci !

Le refus est polit. Presque enjoué.

Normalement, je devrais balancer un simple au revoir, tourner les talons et me tirer sans demander mon reste. Mais on a commencé à passer un accord, à l'origine. Mon visage est neutre. Mes commissures s'inclinent même en hauteur. Tout ce que j'affiche, c'est la moue contentée d'une femme étanchée. Je mords ma lippe, inspire en jetant un coup d’œil sur son torse qui me fait toujours de l’œil et lève à nouveau mes onyx vers lui.

- Le seul hic, c'est que techniquement... Si t'avais été un de ces types que je ramasse... là, tu me reverrais plus jamais de ta vie. Sauf si le destin, ce petit taquin, en décidait autrement.

Voilà en quoi ma décision pourrait en pâtir.
Contrairement à ce qu'il doit sûrement croire.

Y a pas à dire, je me suis encore laissée ravager parce que je voulais plutôt que par ce qu'il fallait vraiment. La phrase «  je bois trop, je fume trop, je baise trop » me va vraiment comme un gant. Fait chier. Il risque d'en baver mille fois plus, maintenant. Parce que s'il montre le moindre signe de domination, je vais vraiment montrer les dents. Dents qui ont d'ailleurs laissées une belle marque bien visible sur sa nuque. Mes prunelles vont de gauche à droite et j'incline le menton pour observer la pièce. C'est vrai que ça vaut le coup...

- Mais...

Je soupire, recule d'un pas et lâche un râle exaspéré avant de lever l'index vers lui.

- Va pour les entraînements. Mais t'es pas mon observateur. Ni mon mentor ou toutes ces conneries à la mord-moi-le-nœud. D'ailleurs, si le conseil te demande, tu peux leur dire que c'est fini entre eux et moi. Ou mieux, que je suis morte, tiens !  J'ai comme l'impression que Salem sera pas en … position de négocier.

Chacun ses priorités.

Je lui offre mon plus beau sourire carnassier. Presque sadique. Je vais obtenir le beurre et l'argent du beurre, foi de Godefroy.  Je tourne finalement les talons, bien consciente de porter qu'une culotte. Tout ce que je compte faire, pour ce soir, c'est renfiler mes vêtements chauds, rentrer prendre une douche et recharger mon énergie pour aller chasser comme une sauvage.