a song of fighting and ice Feat. Roxane

Une danse des plus mortelle se joue. Ces corps qui se mouvent avec aisance. Ces carcasses qui se heurtent. L'adrénaline pulse à travers les veines de Roxane en une sensation des plus électrisante. Le monde autour d'elle n'existe plus et pourtant, elle n'a jamais autant conscience de son environnement que dans ces instants. La créature, plus grande d'au moins trente centimètres, la domine de toute sa hauteur. Cela n'intimide en rien l'humaine. Au contraire. Roxane esquive les coups, rapide et agile. Son carcan de chair se plie et se tord à chaque nouvelle attaque, parant avec aisance l'offensive ennemie. Elle joue, s'amuse et fait durer le plaisir. Elle fatigue la bête, observe ses faiblesses.

Occupée, Roxane ne remarque pas l'arrivée d'Amalthea. La surprise est donc de taille lorsque l'intermédiaire interfère. Tout se passe bien trop vite pour qu'elle y réfléchisse à deux fois. N'écoutant que son instinct, la chasseuse obéit et s'accroupie. La créature brasse l'air de sa lame sortie tout droit de son bras. Une arme tranchante qui était prête à trancher la tête de Roxane. La chasseuse esquive une nouvelle attaque en roulant sur le côté. Alerte, elle se redresse aussitôt sur ses deux pieds et sort de sa botte en cuir une dague. La créature fonce sur elle mais la blonde ne bouge pas. Concentrée, elle fixe cette bête à la peau écailleuse. Proche, la créature tente une nouvelle fois de découper en morceau Roxane. Sauf que la chasseuse bloque l'attaque en agrippant le bras de son ennemie. La seconde d'après, elle tourne sur elle-même pour plaquer son dos contre le torse du monstre. Elle profite de cet élan pour se pencher en avant et utiliser le propre poids de la bête pour la renverser en avant. La chose s'écrase sur le sol et Roxane en profite pour planter sa dague dans la gorge du monstre. Un cri d'agonie mais étouffé se fait alors entendre. Le corps du monstre convulse jusqu'à rester totalement inerte.

— Une grosse bébête idiote en moins.

Nonchalante, elle retire la dague et se tourne vers Amalthea. Bien qu'en sueur et à moitié essoufflée, Roxane n'est pas contre une nouvelle danse alors elle reste sur ses gardes. La méfiance transparaît dans le fond de ses prunelles claires. Qui est donc cette inconnue? Et surtout, que veut-elle?  

— Je peux savoir qui tu es?

Hostile, la blonde s'avance de quelques pas, sa dague dégoulinante de sang de démon toujours en main. Elle ne compte pas attaquer mais elle reste à l'affût du moindre signe de danger.

La confiance est une notion compliquée pour Roxane. Elle part du principe que les mots "trahison" et "abus" existent pour une bonne raison et même si elle aime par dessus tout sa famille et ses proches, une part d'elle s'empêche de leur vouer une confiance totale et aveugle. Alors ne lui demandez pas de donner le bénéfice du doute à une inconnue sous prétexte que là fameuse inconnue l'ai empêché de finir sans tête. Amalthea s'approche et Roxane affirme d'avantage sa prise sur la dague. Son corps tendu est prêt à attaquer si nécessaire. Pourtant la jeune femme ne semble pas s'intéresser à Roxane, au contraire, elle s'agenouille devant la créature afin de l'examiner. Cela n'adoucit en rien les suspicions de la chasseuse. Elle pourrait être n'importe quoi : une sorcière, un vampire, un lycan, une démone, ou même une potentielle et ne pas savoir, ça contrarié la franco-galloise. Amalthea termine son inspection et se redresser Au clin d’œil de la métisse, Roxane affiche un sourire qui se veut hypocrite.

— Mais moi si, je décapite des têtes.

Une menace à peine voilée qui ne contrarie en rien l'inconnue. Roxane arque son sourcil finement épilé devant ce manque de réaction et la suit du regard. Une certaine curiosité commence à la titiller malgré tout. Qui est-elle, bon sang? Amalthea trouve refuge sous les décombres et demande à Roxane de la suivre. La chasseuse plisse les yeux, incertaine mais encore une fois, son instinct la pousse à suivre ce conseil. Après tout, cette femme l'avait sauvé quelques minutes auparavant. De sa démarche à la fois féline et nonchalante, la blonde rejoint Amalthea et s'accroupie, essayant de caser son 1m76 sous les débris.

— Et maintenant? qu'elle questionne.

Roxane essuie le sang sur sa dague à l'aide de son pull noir et range l'arme dans sa botte. Si l'inconnue en question avait voulu la tuer, elle n'aurait rien eu d'autres à faire que d'attendre que la créature lui tranche la tête. Cela n'endort en rien la méfiance de la franco-galloise, par contre. Inconfortable, Roxane montre son impatience en lâchant un soupir. La seconde d'après, une secousse se fait ressentir à travers l'ensemble des catacombes et plusieurs blocs de pierre s'effondrent un peu partout. Par réflexe, la chasseuse attrape Amalthea pour servir de bouclier humain à la métisse. Si jamais, par un quelconque malheur, l'éboulement venait à les atteindre, c'est Roxane qui prendrait pour son grade.

L'éboulement provoque un bruit des plus assourdissant et engendre avec lui un épais nuage de poussières. Roxane tousse alors qu'elle relâche enfin la jeune femme. Le calme est revenu mais maintenant, le chemin du retour est jonché d'obstacles, certains bien visible et d'autres qui seront sûrement plus vicieux.

— Un autre conseil avisé à fournir?

Remercier l'inconnue? Elle n'y songe même pas et ça lui écorcherait beaucoup trop les lèvres.

Les secousses se terminent pour un retour au calme salutaire. Le silence soudain des lieux détonnent avec le grand fracas causé par l'éboulis et ça n'a rien de vraiment rassurant. La chasseuse se saisit de la main tendue à son égard et quitte l'alcôve de l'enfer. Elle se redresse avec une grimace sur les lèvres, son dos est en compote. Tout en écoutant la réponse d'Amalthea, la chasseuse roule ses épaules afin de détendre un minimum ses muscles.

— Je vois. En gros tu ne me sers plus à rien.

Avec Roxane, mieux vaut ne pas être de nature susceptible. Elle a tendance à parler sans le moindre filtre. Pire encore, elle a un don pour les piques et phrases assassines. C'est un art qu'elle maîtrise si bien qu'elle ne s'en rend plus toujours compte. Loin de se démonter par la situation, Roxane étudie les lieux d'un simple coup d’œil.

— Hum, ouais, j'ai une vague idée.

D'un signe de tête, elle indique à la métisse de la suivre. Nonchalante, elle se dirige vers un couloir tellement étroit qu'il est impossible de passer à plus d'une personne en même temps. Roxane, qui est pourtant d'une taille fine, doit s'y engouffrer en biais. Une ignoble odeur de moisie et de vieux sang agresse les narines de la chasseuse mais elle continue son avancée sur plusieurs mètres.

— Attention où tu marches, il y'a parfois des crevasses assez profondes. Ce n'est pas l'endroit pour te fouler la cheville.

Son ton peut paraître cassant mais ça reste pourtant un conseil bienveillant. La fin du couloir débouche sur une salle des plus spacieuses, avec des crânes sur absolument tout les murs... et aucune sortie à première vue. Roxane ne s'en inquiète pas, sachant très exactement où elle va. Elle examine l'avancée d'Amalthea et tend une main en direction de la voyante pour l'aider à s'extraire car la fin de ce tunnel étroit se conclut par plusieurs grosses pierres que l'on doit escalader. Ce n'est en rien une grande hauteur mais avec l'humidité, les pierres sont glissantes, par ailleurs, il y règne une semi obscurité dérangeante et les mauvaises chutes ne sont pas à exclure. Assurée qu'Amalthea ne risque pas de se casser la binette, la chasseuse s'avance jusqu'au fond de la salle. Dans un coin se trouve un trou suffisamment béant pour qu'une personne s'y coule. Roxane sort une lampe de poche de sa veste en cuir et illumine l'intérieur du trou. C'est assez indistinct mais en-dessous se trouve de l'eau.

— On va devoir descendre pour retrouver l'escalier principal qui va nous mener à la sortie. L'eau en dessous n'est pas très profonde mais elle va t'arriver jusqu'à la taille.

La franco-galloise tend la seule et unique source de lumière dont elles disposent à Amalthea avant de se mettre assise sur le bord du trou. Si elle donne toutes ses informations à l'inconnue, c'est dans le seul but de la préparer psychologiquement. Savoir aide parfois à ne pas paniquer. Certes, la métisse n'a pas l'air d'être une peureuse congénitale, contrairement à cet abruti de Marcus, mais dans le doute...

— Je vais descendre la première comme ça je pourrais t'aider après.

Obligée de se contorsionner pour prendre appuie sur le bord à l'aide de ses mains tout en glissant vers le vide, Roxane prend sur elle pour ne pas grimacer. Son dos commence sérieusement à lui faire mal. Soit elle s'est prit un mauvais coup dans sa lutte de tantôt, soit c'est une vieille blessure qui se réveille. Dans tout les cas, la chasseuse bande tout ses muscles pour se laisser tomber comme une merde dans le vide. Une fois à bout de bras et le corps entièrement suspendue dans le vide, elle regarde vaguement en-dessous d'elle. Il doit bien y'avoir deux mètres entre son pied et la flotte. Pas de quoi s'alarmer, alors elle lâche et se laisse tomber. L'eau autour d'elle s'agite mais ne dévoile rien de particulier. Alors elle tend ses bras vers le haut, en direction d'Amalthea.

— C'est ton tour. Je te rattrape. Promis.

Une fois dans l'eau, une vague de froid la saisit aussitôt. Son corps se tend dans son entièreté, ses muscles se raidissent mais par fierté, elle s'arrange pour ne rien montrer. Ses années de chasses lui ont apprissent plusieurs choses et notamment celle-ci : la douleur c'est dans l'esprit. Avec un peu de concentration et de la volonté, elle peut occulter le froid qui transperce sa chair et ronge ses os. La chasseuse déglutit et lève la tête vers l'inconnue. La savoir toujours là est rassurant car Roxane n'excluait pas la possibilité de la voir déguerpir. Elle tend ses bras vers le haut, prête à réceptionner la métisse.

— Héroïne, je préfère.

Sourire malicieux au coin de ses lèvres tremblotantes, elle n'aime pas l'idée d'être amputée des boobs et greffée d'un pénis. Certains diront qu'elle chipote et à ceux-là, elle leur colle un poing en plein dans le pif, satisfaite de les voir chouiner pour ensuite répondre à son tour "arrête, tu chipotes là". Elkan pourra attester pour y avoir déjà goûté.  

— Chanceuse si on veut.

Roxane n'a pas très envie de se retrouver avec une nana qui s'évanouie en cours de route. C'est bien connu, un corps en manque d'énergie, au bout d'un moment, il nous chie dans la colle dans les pires moments. Toujours est-il que la métisse se lance enfin, prête à tomber dans les bras de la chasseuse. Dis comme ça... ça sonne romantique mais la suite l'est beaucoup moins. Les deux femmes y'étaient presque. Roxane l'avait presque entre ses bras mais un détail lui échappe. Ou plutôt, c'est l'inconnue qui échappe à tout contrôle et dérape, tombant tête la première dans l'eau. La franco-galloise laisse ses bras retomber le long de sa carcasse de chair et regarde la métisse se dépatouiller. Roxane se mord la lèvre inférieure, son menton tremblant mais pas de froid cette fois-ci. L'inconnue se relève comme elle peut, s'agrippant même à Roxane. Cette dernière se racle la gorge et une fois que la vision girl est bien sur ses deux pieds, la chasseuse croise ses bras. Elle ne dit rien mais se permet un coup d’œil vers miss catastrophe. Mauvaise idée. Roxane, place une main devant sa bouche.

— Juste comme ça... Tu l'as vu venir celle-là?

Cette fois s'en est trop pour Roxane qui, depuis plusieurs secondes déjà, tente de repousser ce fou-rire qui ne demande qu'à émerger. Elle part dans un grand éclat de rire, son corps en entier secoué par son hilarité. Ce n'est pas tant la chute qui était drôle. Non... c'est la tête de l'inconnue, son air tellement blasé, ses cheveux comme une vieille serpillière touffue. C'est tout un ensemble.

— Merde!

Elle rit tellement que respirer devient compliqué. Elle en pleure! La chasseuse inspire et expire, inhalent l'odeur immonde des lieux. Ces miasmes infâmes ont au moins le mérite de l'aider à se calmer. La blonde essuie les quelques larmes sur ses joues une fois calmée. A trop rire, Roxane n'avait pas écouté son acolyte du moment, cette histoire de douche lui échappant totalement.

— Bon, suis-moi.

La chasseuse commence à avancer pour finalement se stopper. Son hilarité calmée, son esprit peu enfin carburer normalement. Elle se retourne pour faire face à l'inconnue alors qu'elle retire sa veste en cuir.

— Retire ton haut et met ça à la place. Tu risques de nous faire une hypothermie, sinon.

Certaines personnes sont plus sensible au froid que d'autres. Par chance Roxane n'est pas de nature frileuse, même si là, elle a sérieusement froid. Cependant, elle n'est pas aussi trempée qu'Amalthéa, alors son ressenti par rapport à la température réelle n'est pas la même. Assurée que la jeune femme ne va pas se transformer en glaçon, Roxane reprend son chemin. Par prudence, elle s'arme de sa dague, ses sens à l'affût.

Elles longent au moins un kilomètre avant de se trouver devant un escalier. A mesure qu'elles approchaient, le niveau de l'eau baissait, facilitant un peu plus leur ascension. L'escalier en face d'elles est constitué de pierre, aux marches inégales et relativement raide, en plus d'être glissant à cause de l'humidité.

— Okay, cette fois on échange les rôles.

La franco-galloise s'empare de la lampe de poche, l'arrachant aux mains de la métisse, et range la lame dans son botte. L'espace d'un instant, elle réalise qu'il n'était pas nécessaire de se montrer aussi brute mais c'est sa manière d'agir.

— Passe devant comme ça, si tu tombes, je pourrais te rattraper. Ou essayer, en tout cas.

Elle repense au fiasco de tout à l'heure et un sourire s'incruste sur sa bouille devenue soudainement angélique. La chasseuse dirige le faisceau de la lampe vers l'escalier et fais signe à Amalthéa de commencer cette ascension des moins marrante.