Ces soirées-là | feat Edwige

— I'm a Barbie girl, in a Barbie world. Life in plastic, it's fantastic. You can brush my hair, undress me everywhere. Imagination, life is your creation.

Elle chante à s'en époumoner... mais qui peut réellement l'entendre parmi la foule galvanisée? La musique pulse à travers la salle. Les corps s'entassent et nombreux sont ceux qui se laissent emporter par cette chanson mondialement connues. Roxane n'est pas une exception... surtout avec autant de vodka dans le sang.

— I'm a Barbie girl, in a Barbie world. Life in plastic, it's fantastic. You can brush my hair, undress me everywhere. Imagination, life is your creation.

Déchaînée. C'est le mot qui lui convient le mieux en cet instant. Elle saute sur place, les bras tendues dans les airs. Et elle chante. Encore et encore sur ce tube des années 97. Elle a chaud. Elle sue. Mais elle est bien. Tellement bien. Le monde surnaturel? Loin. Si loin d'elle. Et Basile? Qu'il aille se faire fourrer par Jude et Nathaniel en même temps, tiens! C'est sa frustration qui l'a mené dans ce bar... ça et sa dispute avec le demi-démon. Ses disputes avec Basile sont si rares qu'à chaque fois elle se sent comme une gosse se faisant gronder par ses parents. Elle repart toujours la tête haute pour mieux chouiner dans son coin. Cette fois-là n'étant pas une exception elle a décidé de chouiner dans un bar pour boire jusqu'à plus soif. Les résultats sont là. Elle a oublié sa dispute. Elle en a presque oublié son prénom d'ailleurs.

La chanson terminée, Roxane remarque l'attroupement de mâles autour d'elle. Elle rit en les voyant-là, essayant de se dandiner contre elle sans recevoir de coups de sa part. Car elle s'agite beaucoup, la chasseuse. Elle balance sa tête et ses mains au rythme de la musique, se souciant peu des personnes qu'elle peut heurter. Si ils ne sont pas content, qu'ils aillent se plaindre à Basile, ah ah ah! Rieuse mais peu désireuse d'être prise en sandwich par des hommes en rut, elle se faufile, se déhanche loin d'eux. C'est les cheveux trempés de sueurs et les joues rougies par tant d'effort qu'elle retourne au comptoir.

Elle a soif. Tellement soif. Et le serveur qui semble occupé ailleurs. Roxane avise le comptoir à la recherche d'un verre. Elle remarque cette blonde, diablement sexy mais diablement occupée à regarder ailleurs. Alors elle avance en crabe, discrètement, pour se rapprocher un peu plus. Tout aussi discrètement, en tout cas, elle essaie, elle balade sa main jusqu'au verre de cette inconnue pour le lui voler. Quoi?! Elle a très soif!

Elle a beau se le répéter, encore et encore, l’information refuse de se frayer un chemin jusqu’à ses méninges et son myocarde s'étire et massacre sa poitrine.


Elle a la sueur qui colle à la nuque et la respiration saccadée, Ed. Et tout ça, c’est à cause d'une femme. Flûte de zut.

Ce que c’est original, ah !



Il parle. Il parle. Ah… Non. Il parle encore. La poupée blonde secoue ses cils. Ils battent l'air comme un éventail alors que ses lèvres s'étirent pour mimer un pauvre sourire. Bordel, ce mec est tellement barbant. La sirène soupire discrètement derrière son verre, prétextant confier à ce pauvre type gonflé d’ego qu'elle n’a d'ouïe que pour lui. Elle en peut plus. Mais elle est trop gentille, Edwige. Et tant qu'elle n'aura pas trouvé une petite faille dans le système, le pauvre bougre continuera de s’époumoner pour quedal. Sans se douter que la créature qu’il pense tenir entre ses filets se demandent simplement à quelle sauce elle mangera ce morceau de bras congelé dans son frigo. Peut-être qu'elle devrait l’embarquer chez elle pour lui coller une bonne trouille ? Un peu d'adrénaline, ça fait de mal à personne. La blonde lui jette un jette un regard clair alors que l'alcool de son verre s’engouffre dans sa cluse.

Heureusement, ce bon vieux-

Attendez.

Le verre vient de disparaître.

La sirène de détourne pour aviser le coupable, se trouvant naseaux collés -littéralement- à une poitrine qui n'a rien de bien viril. Vache, cette paire de miches ! La blonde recule, surprise, indignée et aussi, un chouilla charmée par tic et tac qui se tiennent là. La réaction en chaîne commence et le type qui la bassine depuis une demi-heure trébuche surpris par le mouvement spasmodique de la sirène, balance son coude dans la tronche de la voisine et déclenche les foudres de sa copine aux bras trop larges pour son pauvre nez. Le résultat ?

Edwige ne le voit pas, figée sur sa chaise.

Dans son dos, ça part en sucette, mais ses prunelles sont focalisées sur la grande blonde couverte de sueur qui vient de lui piquer son verre en lui fourrant ses miches dans le nez.

« - Eh bah toi, t'es du genre direct ! Tu comptes me payer un autre verre ? » qu'elle plaisante, la sirène.

Et tout ça sans même prendre conscience des enjeux derrière sa nuque, trop obnubilée qu'elle est par cette nouvelle vision enchanteresse.

La soirée s'annonce pas si mal, finalement.

D'une traite elle siffle le verre qu'elle a volé à l'instant. Le liquide lui tord les boyaux et cette sensation lui est étrangement agréable. La chaleur monte d'un cran et l'euphorie gonfle au creux de son palpitant. Petite dose de bonheur artificiel. Enfin désaltérée, la blonde s'apprête à reposer le contenant mais un événement inattendu la laisse pantoise. L'autre blondasse, celle à qui elle a volé la consommation, fait un volte face qui mène sa truffe tout droit sur les obus de Roxane. Bien que le tissu de son pull recouvre son décolleté et remonte jusqu'à son cou, ça reste perturbant. La chasseuse cligne des paupières, sa tête se penchant de manière imperceptible. Les claires prunelles de Roxane cessent de dévisager l'inconnue pour se viser sur l'autre scène qui se joue derrière la renifleuse de miches. Une réaction en chaîne, véritable effet boule de neige, qui engendre sur une semi bagarre générale au comptoir. Impressionnant. La sniffeuse ouvre la bouche, prend la parole et aussitôt, Roxane éclate de rire. Non seulement elle est douée pour déclencher une bagarre mais en plus, elle a de l'humour. De quoi charmer instantanément la chasseuse qui lui adresse un sourire enjôleur.

— Seulement si t'acceptes de danser avec moi.

Quoi, culottée? Non. Roxane profite simplement de la perche qui lui ai tendu. La créature en face d'elle est d'une beauté renversante. A tous les coups, elle plairait à Jude. Quoi que... en ce moment il a l'air branché sur les rousses. C'est à ni rien comprendre. Cette simple pensée exaspère intérieurement Roxane mais elle la chasse très vite en songeant à la blondinette qui se présente à elle.

Roxane repose enfin le verre sur le comptoir, avise celui du mec qui parlait avec la sirène quelques secondes auparavant. Il est bien trop occupé à se dépatouiller avec les furies pour se soucier de sa consommation, au plus grand plaisir de la chasseuse. En se penchant pour récupérer la consommation abandonnée, elle se penche sur la divine créature, boobs contre boobs, mais peu importe. Roxane tend son long bras, harponne la boisson et lorsqu'elle se redresse, elle pose le verre devant Edwige, satisfaite.

— Boisson gratuite.