Les apparences sont parfois trompeuses | feat Cadwal

Date d'inscription : 14/06/2018

Scrounch. Schrounch. Scrounch.

Avec la délicatesse d'un ogre, Roxane dévore son paquet de tortillas. En survêtement et en sweet à l'effigie du groupe Queen, la chasseuse s'empiffre comme une pauvre malheureuse dans une voiture. Sauf qu'elle n'a pas l'air malheureuse, juste extrêmement blasée.

Scrounch. Scrounch. Scrounch.

Elle mastique tellement qu'elle entend à peine la chanson Rock you like a hurricane que crachouille son autoradio. Deux options s'offrent alors à elle : cesser de s'empiffrer le temps de la chanson ou augmenter le volume. Elle n'y réfléchit pas deux fois et double le volume sonore. Instantanément, l'intérieur de son habitacle se transforme en mini discothèque.

Scrounch. Scrounch. Scrounch.

Son paquet de tortillas touche à sa fin mais la faim de Roxane n'est pas rassasiée pour autant. Elle dodeline de la tête, bascule son poids sur le côté gauche de sa fesse pour se gratter la droite et chante à tue-tête. Puis elle se souvient la raison de sa présence ici alors elle se tait et descend considérablement le volume de l'autoradio. Elle attend que le proprio du motel s'endorme dans l'espoir de s'infiltrer à l'intérieur d'une des chambre. Pas n'importe laquelle. Roxane souhaite s'infiltrer dans LA chambre, celle où s'est déroulée un meurtre particulièrement sanglant la nuit dernière. Sous scellée par les flics du coin, la blonde n'a donc pas le choix. Elle doit s'y infiltrer tel un super ninja.

Scrounch. Scrouch...

Ses doigts tâtonnent le fond du paquet mais ne trouvent plus rien à capturer. Dépiter, elle le balance à l'arrière de la voiture et essuie sa main graisseuse contre son survêtement. Sa main libre lui sert à se curer les dents. Tout à son occupation des plus glamour, elle zieute un peu ce qui se passe aux alentours. Son regard se verrouille immédiatement sur une scène des plus intéressante. Une créature qui malmène un humain. En tout cas, elle suppose. Elle n'en est pas certaine mais l'homme qu'elle soupçonne lui semble un brin trop fort. Le genre de force pas nécessairement humaine. Ouais, ça a bien l'air d'une créature. Elle passe sa langue contre ses dents, se tortille pour essayer de récupérer son pieu qui a glissé sous un siège et quitte enfin le véhicule. Certains se prennent un petit thé pour la digestion mais Roxane, elle, préfère dégommer du monstre.

Pleine d'assurance, persuader de sortir victorieuse de cet affrontement, elle approche. C'est à peine si elle cherche à se montrer discrète. Après tout, si elle arrive en mode sournois, le combat risque de ne pas durer longtemps. Il se peut même qu'il n'y ai aucun combat. Alors arrivée à quelques mètres de la présumée créature, elle l'interpelle.

— Hey, l'affreux, tu m'invites à prendre un verre?

Elle écarte les bras, telle une invitation à danser. Son pieu en main et la bouille espiègle, la chasseuse jubile déjà à l'idée de kicker un cul.

Les apparences sont parfois trompeuses

J’ai beau savoir que je ne suis pas seul à essayer de gérer et endiguer les engeances maléfiques dans cette ville (et pour cause, j’ai rencontré un homme travaillant dans une agence...un peu spéciale), je ne suis pas habitué à travailler en équipe. Et puis comment je le pourrais, réellement? Pour la population actuelle, je n’existe pas. Je ne suis pas un humain, je ne suis pas un revenant, je ne suis personne. Pas même une ombre dans un vieux grimoire. Il faudrait au petit minimum remonter à certains textes mystico-religieux pour trouver traces de ce que je suis vraiment. Mais les Hommes ont fait en sorte de nous effacer, moi et les miens, de l’Histoire, afin de ne pas entâcher leurs si précieuse apparence de sainteté. Oui, je suis amer de ce fait, mais je n’ai pas renié ce pour quoi j’ai été créé à l’origine: protéger cette Humanité. Au départ, les premières décennies après la Purge, j’ai hésité, en proie à la douleur, la colère, le sentiment de trahison...Et puis plus je regardais, de loin, cette Humanité avancer, s’étendre, évoluer, plus je me suis rendu compte que ce n’était qu’un petit contingent qui est responsable, pas tous. Alors oui, j’ai toujours un peu de rancoeur envers les religieux, et j’ai du mal à faire confiance, malgré mon envie de reconnecter avec ceux que nous devions protéger, mais je les protège.

Parfois, ça veut dire faire quelques recherches. Comme hier. J’ai passé une partie de ma journée sur les hauteurs, utilisant à la fois les escaliers de secours et mes aptitudes durement acquises d’escalade suite à la perte de mon aile, à observer les forces de l’ordre humaine aller et venir sur une “scène de crime”, particulièrement sanglante et monstrueuse. Et pour cause. J’en suis certain, ce n’est pas un humain qui a fait ça. Quand on navigue sur Terre depuis aussi longtemps que moi (malgré un sommeil d’environ un siècle dernièrement….), on en arrive à savoir quand c’est humain ou non et là, j’en suis certain, ça ne l’est pas. Trop de sang, trop de violence. Oh, les humains peuvent être très violents, je l’ai vu de mes propres yeux mais...Pas comme ça. C’est difficile à décrire, mais je le sens, au plus profond de mes entrailles.

Ce soir, je voulais aller voir cette scène, essayer de trouver quelque chose qui pourrait me mener vers le coupable et, peut-être, une famille, ou...Je ne sais pas. Je tente d’aider comme je le peux. Quand j’arrive, ce soir-là, je passe par l’arrière, tentant de me faire discret, ayant ranger mon aile, comme à l’habitude. C’est là que je le vois. Un homme classique à première vue, mais il rôde près de la scène de crime et quand il se tourne vers moi (très probablement parce qu’il a senti ma présence), je vois ses yeux qui n’ont rien d’humains. Son apparence change petit à petit, et je n’hésite pas plus. Un démon, ou un demi-démon, je ne sais pas encore, mais le fait est là, il doit savoir quelque chose, s’il n’est pas le coupable de cet affront. J’approche, déterminé, mais pas agressif, pas encore, sauf que ça doit se lire sur mon visage, car l’autre tente de fuir à toutes jambes et la poursuite s’engage. Finalement, on se rattrape, on se bat et sans que je comprenne pourquoi, il reprend forme humaine, même si je peux voir dans l’éclat de ses yeux qu’il est toujours la bête, celle qui m’attaquait jusqu’à maintenant.

Soudain, une voix, derrière moi. Je tourne la tête et voit une humaine, tenant un pieux. Croyait-elle vraiment que je sois un vampire? Ma distraction fut suffisante pour que la créature que je tenais ne me donne un coup au sternum, m’obligeant à le lâcher, puis fuit au loin. Reprenant mon souffle coupé par le coup, je me tourne vers l’humaine, levant une main.

“Vous faites erreur…”

C’est bien beau de dire cela, mais si c’est la tueuse ou une potentielle, mes chances de raisonner avec sont très faibles. Elles sont formées pour détruire la plupart des créatures, si ce n’est toutes. Pourtant, j’oeuvre pour le bien à l’origine, mais comme je disais, plus personne ne nous connait…

“Il savait quelque chose.”

Oui, ça n’aide pas plus. IL est donc temps de laisser parler la dame et d’aviser ensuite...:copyright: 2981 12289 0

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Des erreurs? Roxane en commet à la pelle. Cette fois encore, il est possible qu'elle se trompe. Toutefois, l'homme ou la chose en face d'elle ne lui inspire aucune confiance. Ou plutôt, ce sont les circonstances qui engendrent un sentiment de méfiance au creux de sa poitrine. De manière générale quand un homme course un autre homme ce n'est pas pour lui serrer la main. Et de manière encore plus générale, c'est la proie qui tente de fuir le prédateur. Pas l'inverse. En prenant ces paramètres en compte, on peut alors comprendre la méfiance de Roxane à l'égard de cet homme. Homme, qu'encore une fois, elle soupçonne d'être une créature surnaturelle pour la bonne est simple raison qu'hier en ce même lieu, un meurtre sanglant a été commis par un monstre. Une coïncidence? Peut-être. Sauf que Roxane est du genre à cogner et seulement ensuite, elle pose les questions. C'est pour ce genre de comportement, en partie, qu'elle a finit en garde à vue plusieurs fois.

— Hum hum, est la seule réponse qu'elle fournit, clairement sceptique.

N'écoutant donc que son instinct, la jeune femme comble la distance entre eux, prête à attaquer. Elle amorce les hostilités avec un premier coup de poing qu'elle cherche à écraser contre cette mâchoire masculine. L'adrénaline parcourt son organisme et sans attendre de savoir si son premier coup porte ses fruits ou non, elle enchaîne ses attaques. Il est vrai qu'en pareil condition, même avec la meilleure volonté du monde, il serait difficile pour l'homme d'expliquer quoi que ce soit. Entre deux échanges musclés, la chasseuse finit quand même par demander :

— Il savait quoi, au juste?

On ne sait jamais, après tout... ça peut s'avérer intéressant de connaître la réponse.

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Elle ne semble pas convaincue par ma déclaration d'innocence et pour tout dire, je ne lui en tiens pas rigueur. Il est fort probable que dans une situation similaire, je serais tout aussi dubitatif. Je ne lui en veux pas, mais ça tombe mal. J'essaie de lui faire comprendre que, pour elle, je ne suis pas une menace. Ce qui se solde par bel échec, quand la jeune femme se lance à l'attaque. Si je bloque ses premières attaques, elle me touche plusieurs fois, dont une à la mâchoire, m'ouvrant la lèvre inférieure. Je ne lui en veux pas d'être méfiante, mais il ne faut pas exagérer non plus. Je grogne parce que, visiblement, elle aussi est là pour le meurtre qui a eu lieu ici, mais plutôt que de m'écouter, elle m’attaque! J'attrape ses deux mains dans les miennes et finalement elle me pose une question. Si je n'étais pas en train d'éviter qu'elle ne continue à me frapper, je lèverais les bras au ciel, pour dire “enfin ! “. À la place, je lui répond, dans la mesure de mes capacités.

“Le quoi exact, je ne sais pas. Mais il n'est pas humain. Je sais que ça paraît saugrenu, voire dingue, mais je dis la vérité. Et ce meurtre ?" je désigne d'un mouvement de tête la chambre incriminée “ça n'est pas l'œuvre d'un humain…”

Je prends probablement un trop grand risque en révélant à cette humaine l'existence du monde surnaturel. Cependant, si je veux pouvoir avancer dans cette histoire, il faut que je fasse des concessions avec elle. Évidemment, je me doute qu'elle va vouloir savoir comment je suis au courant de tout cela et je vais devoir jongler pour ne pas trop lui en révéler sur ce que je suis. Car elle est du genre méfiant, logique, et mon espèce n'a presque plus de traces écrites. J'ai en ma possession deux livres où les gargouilles sont expliquées, pas seulement mentionnées. Des livres rescapés de la grande purge. Ils vieillissent et sont en danger, mais je peux difficilement les confier à recopier ou restaurer à n'importe qui. Donc pour le moment, je les garde précieusement.

Mais tout ceci ne me servira plus si cette jeune femme en vient à me tuer. Alors finalement, je la relâche, gardant mes mains bien en vue, signe de reddition. Si elle continue à vouloir m'attaquer après ce que je compte lui dire, eh bien je ne sais pas ce que je ferai exactement, mais humaine ou pas, je ne la laisserai pas me nuire.

“Je ne suis pas venu ici pour me battre contre vous. J'essaie simplement d'identifier quelle créature est responsable. Je ne vous veux pas de mal. Ces créatures, ça fait longtemps que je les affronte, je les connais” longtemps est un euphémisme “pour la plupart. Alorssi vous voulez, nous y allons ensembles. Je ne toucherai à rien. Mais je dois entrer dans cette chambre.”

Alea jacta est comme on dit:copyright: 2981 12289 0

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