Wow! J'ai toujours voulu être un power ranger! | feat Andras

Les instructions? Ouais, il les a suivi à la lettre! A la majuscule près et tout et tout! C'est que Marcus veut mettre toutes les chances de son côté. En même temps la situation du lycan n'est pas très brillante. Il n'a que quelques petites heures devant lui pour ramener l'argent à Gabriella. Sans ça il va finir en bouillie sous les rails d'un train. Très peu pour lui. Non lui il rêve d'une mort plus paisible genre mourir d'un coma éthylique. Le corps rempli de tequila et la tête enfouie dans une paire de boobs et de préférence celle de Maeve. Ah! Maeve! Il a déjà hâte de la retrouver pour passer la nuit avec elle. Ses pensées dérapent. Des images peu catholique envahissent son esprit et c'est avec la face d'un abruti complet qu'il rêvasse. Un ange passe, enfin façon de parler, avant qu'il ne secoue la tête pour se ressaisir. Focus.

Il avise les bougies disposées près de lui, déplie son petit papier et louche dessus. C'est que c'est écrit petit! Puis la nuit vient de tomber alors niveau visibilité on repassera dessus. C'est con. Pourquoi faut toujours invoquer les démons louches en pleine nuit? C'est une question qu'il se garde pour plus tard quand il sera en tête à tête avec le démon invoqué. Un certain Andros. Un truc du genre. Assis en tailleur, Marcus se dandine des fesses pour un maximum de confort et enfin il décide de se lancer. Il bute sur les mots parce que merde, l'incantation est en latin. Entre deux mots il se tape un mini fou rire. C'est qu'il a l'air con à parler tout seul comme ça. Hey n'empêche, ça serait trop la classe si le démon apparaissait dans la tenue d'un power ranger. Le rouge, si possible. Han ouais. Le lycan se surprend à y rêver alors qu'il termine l'incantation. Sauf que dans l'immédiat rien ne se passe. Il attrape donc la bouteille d'alcool à côté de lui et l'agite devant ses deux lucarnes.

— Et j'ai de la tequila.

Parce qu'en vrai... qui résiste à l'appel de l'alcool, sérieusement? 

Si un humain m'invoque, il n'aura jamais l'occasion de savoir d'où je viens. Ce qui fait qu'à l'heure actuelle, j'observe cet abruti qui massacre la formule en latin qui sert soit disant à me faire rappliquer. En vérité, le simple fait de penser à moi et de beugler mon nom en commençant la formule suffit. Mais faire galérer ces abruti-e-s de mortel-lle-s, c'est bien plus drôle. La moitié des ingrédients qu'il utilise son caducs. J'aime juste l'odeur de souffre mélangé à celle du sang de brebis. C'est même mieux quand les plus détraqué-e-s utilisent du sang de bambin, mais bon. Ça fait une bonne soupe quand même. Sur mon perchoir, bien trop haut pour les mirettes de l’énergumène qui psalmodie, je soupire en buvant mon petit cocktail. J'ai entendu parler de ce bougre. Pas très malin, pourvu d'un talent inégalable pour se foutre dans une merde noire et dépourvu de QI. Une vraie star, en bas. Et ailleurs, aussi. Même dans le secteur nord et ouest. C'est fou le nombre de connards qui reviennent vers nous en se plaignant de ce type. Faudrait peut-être que je mène l'enquête, creuse l'arbre généalogique de ce type, juste par curiosité.

Oh, le con.

J'entends son premier vœu. Il résonne dans ma carcasse jusqu'aux tréfonds de mes tripes. Même pas en rêve, mon gars. En revanche... Les échantillons existent. Le sourire trop large qui fend ma gueule de petit con n'augure rien de bon et, toujours perché sur le sommet de ma tour d'église, je me marre en avisant un power ranger faire un triple salto avant de prendre une position défensive devant Marcus.  Je les admire un moment en retenant un violent fou rire. Les mortels sont vraiment stupides. Ma dextre vient effacer une petite larme de joie au coin de mon œil droit et, sans prévenir, je me téléporte finalement derrière le power ranger fictif pour lui arracher le cœur par l'échine. Le machin s'écroule à mes pieds, le palpitant poisseux dégoulinant entre mes doigts.  J'observe Marcus, pas plus haut que moi, un sourire goguenard aux lèvres.

« - Bouh ! Tu croyais vraiment que c'était aussi facile ? Imbécile.

Je balance le faux organes derrière moi, n'attendant jamais le « pouf » significatif. Le power ranger a déjà disparu, tout comme l'hémoglobine sur mes doigts. Je range aussitôt mes pattes dans les poches de mon manteau en soupirant.  

- Bon, qu'est-ce tu m'veux ? »

J'espère que la suite vaut le coup, je m'ennuie vraiment très vite.

Il a pensé à un power ranger rouge et en voilà un qui déboule. Majestueux avec son triple saut. La bouche à moitié ouverte, Marcus admire le spectacle qui s'offre à lui. C'est bien la première fois qu'un de ses voeux se réalisent aussi vite et simplement. Il en vient à souhaiter devenir un tombeur de ses dames quand de manière subite, un poing jaillit de la poitrine du power ranger. Outch! Compatissant à la douleur du pauvre super héro, il grimace. Derrière son souhait éphémère apparaît un monsieur aux airs pas très sympathique. Ah. C'est peut-être lui le démon qu'il a invoqué! Oh oui ça se précise quand le démon commence à parler. Est-ce qu'il pensait que ça serait aussi facile? Non pas vraiment. Est-ce qu'il l'espérait? Oui, très certainement. Le lycan regard l'organe être balancé dans les airs. Il n'a pas l'air très commode. Vraiment pas. Alors il décide de ne pas tourner autour du pot.

— Du fric. De l'oseille. Du flouz. Du cash. Des billets. Je veux de l'argent, quoi.

Ouais, il précise des fois que ce n'était pas assez explicite. Il gratifie le démon d'un petit clin d’œil complice. Enfin un clin d’œil... il donne surtout l'impression d'avoir un truc coincé dans l’œil. Et il insiste. Il cligne. Encore et encore pendant quelques secondes.

— Il me faut 60 000 francs. Au moins.

Il dit ça avec nonchalance. Peut-être que ça va passer crème, hein? Il l'espère en tout cas et pour couronner ce presque succès, il ouvre sa bouteille de fort et se boit une bonne grosse rasade.
 

Je le fixe en biais. Me penchant vers la décoction qu'il m'a préparé. Je renifle, me frotte les mains et lui conssacre une esgourde attentive en jubilant devant les petits grumeaux qui flottent. Du pognon. Comme c'est original. Sur les trois quart de la population connaissant le surnaturel, la moitié me demande du fric sans jamais assurer derrière. Les mortels veulent le beurre et l'argent du beurre, mais surtout la crémière qui va avec. Ce qui ici, se résume à une maison hors de prix, de la cocaïne et des putes. Je fais apparaître une louche et un bol, téléportée d'une cuisine à proximité. Et, délicatement, je verse le le liquide rougeâtre au délicat fumet. Quelques ossement s'effondrent dans le liquide et je souris avec avidité. Je m'en lèche les babines tout en remplissant bien le contenant, buvant finalement la soupe au fort miasme de souffre.  Ça, c'est de la boisson. Pas comme cette saloperie de café. L'autre me fait son petit numéro, quémandant une somme pas si astronomique. La valeur de l'argent changera bientôt et ce pauvre Marcus ignore à quel point ce qu'il demande perdra de valeur d'ici la fin de l'année. Mais je vais pas me gêner pour le laisser ignorer l'information.

Je rogne finalement un bout d'os pour éviter de gaspiller.

« - Très bien, je fais en terminant d'engloutir tout le sang de brebis.

En un claquement de doigts, le matériel de cuisine s'envole pour d'autres cieux. Peut-être pas chez le bon propriétaire, mais qu'importe. Je m'essuie les lippes, plante mon regard dans celui du brun et lui adresse un sourire qui n'augure jamais rien de bon.

- Avant de m'invoquer, savais-tu ce que je demanderai en échange ? Je fais en contournant l'autel improvisé pour m'asseoir au bout de la table.

Dans le fond, on entend des types  qui braillent après avoir explosé une porte. Rien de neuf sous le sapin. Lyon est loin d'être une ville paisible. J'hausse à peine un sourcil en jaugeant le mortel, qui rien qu'à l'odeur, pue le chien mouillé.

- Si tu me vends ton âme, je triple la mise. Non seulement t'auras de quoi payer tes dettes, mais aussi une belle petite somme pour te payer le luxe qui va derrière. De toute façon, t'en as pas b'soin, ce truc est surévalué chez vous.

Un bruit de verre cassé explose, une exclamation de terreur s'ensuit et dans mon dos, un type s'écroule d'une fenêtre pour venir s'étaler dans l'herbe, rapidement suivit par un autre qui lui tombe dessus pour lui exploser la mâchoire. Indifférent, je me redresse et soupire sans me retourner tout en jaugeant l'humain. L'autel a disparu, téléporté assez loin pour éviter des questions inutiles.

- Si on en discutait dans un coin mieux fréquenté ? Ces humains sont tous des sauvages.  » je râle avec nonchalance en fourrant mes pognes dans mes poches. Mes paroles accompagnées de beuglements de babouins et d'un joyeux «  J'vais te défoncer espèce de dégénéré ! Sataniste !  ».

Je sais que j'y suis probablement pour quelque chose, mais ça m'en touche une sans attendre l'autre.

Très bien. Sérieusement? C'est aussi facile? Oh bordel! Le québécois sourit, tel le débile profond qu'il est. Il s'imagine instantanément dans une piscine d'oseilles en compagnie de la douce et merveilleuse Maeve. Le floooouz! Il va pleuvoir du flooz, ostie! C'est trop beau pour être vrai et ça se confirme quand Andros parle du moyen de paiement. Ses lèvres cessent aussitôt de s'étirer et un masque de perplexité s'imprime sur sa face. Réfléchissant à la réponse, il se gratte l'arrière du crâne. Impossible de réfléchir, il est trop perturbé par cette table venue de nulle part, dans ce cimetière. C'est louche quand même. Sûrement moins que cette histoire de power ranger, en tout cas.

— Tripler la mise? qu'il répète, le québécois.

C'est tentant, hein, mais cette histoire d'âme, il n'est pas très convaincu. Si c'est surévalué, pourquoi tripler la mise? Puis Marcus, il en a entendu, des histoires louches à propos des âmes. Non... avant de vendre son âme, Marcus aimerait au moins en parler avec sa sorcière bien aimée, juste pour connaître son avis. Sauf que là, la sorcière est pas là. Alors il se contente de secouer la tête de gauche à droite. Non, non, non. Il va pas vendre son âme. Pas dans l'immédiat en tout cas.

Puis derrière Andras ça part en sucette. Le cimetière est juste à coté d'un bâtiment et visiblement, ce soir, c'est mal fréquenté. Oh bah ça arrive hein. Le lycan ne va pas juger. En tout cas, ouais, le démon a raison. Ce serait peut-être bien de quitter les lieux pour causer tranquillement. Y'a quand même 60 000 francs en jeu, s'pas rien. Puis le temps lui est compté, quoi.

— Vous croyez qu'il parle de vous?

D'un mouvement de tête, le québécois désigne les clampins qui ont fait le saut de l'ange quelque secondes auparavant. Non parce que Marcus a pas trop envie d'être associé aux satanistes. Ouais il a invoqué un démon mais... ah ouais... En fait vu sous cet angle, ça parait douteux. Il doit bien l'avouer.

— Oh je sais! Vous n'avez qu'à nous téléporter à votre quartier général! Pour qu'on discute. Sauf si votre Q.G c'est l'enfer... ça me tente moyen. Je préfère encore qu'on aille se prendre une pinte dans un bar.

Dans le bâtiment derrière eux, des mots d'amours s'extirpent des bouches des résidents. Des petits "vos gueules" ou encore "allez vous étriper ailleurs". Un coup d'oeil derrière Andros lui indique que les deux gars de tantôt se battent entre eux. Marcus ne comprend rien à cette bagarre. Pourquoi ils se battent? Y'a même pas de binouze en jeu. C'est stupide.

 

C'est fou ce qu'il a l'air débile... Je le fixe alors qu'il fait son petit mon monologue. J'expose finalement les premières conditions et attaque par le plus haut du pallier. A ma petite stupeur, ce con-là semble réticent et même réfléchir longuement. Du moins, c'est ce que sa gestuelle laisse penser. Il va se froisser un nerd ou ? … Je m'amuse à le jauger alors qu'il baragouine.

« - Oh, te fait pas de bile pour ça, va ! Je lâche en lui claquant le dos.

Le  décor change radicalement et à toute vitesse durant le bref contacte. C'est comme passer à toute vitesse près d'une ligne de métro alors qu'on est encore dans le wagon. Ça file de tous les côtés et une fois arrivés sur place. Une vieille ruelle dégueulasse nous entoure et inonde nos naseaux d'un miasme de sperme, d'alcool et de pisse. Le coin idéal pour dégueuler de tout son saoule. Les humains supportent rarement la téléportation, étrangement.

- Bienvenue en enfer, mon gars, j'ironise en enfonçant mes pognes dans les poches de ma veste. J'avance finalement jusqu'au bout de la rue pour aviser le quartier. On est toujours au huitième, mais cette fois, proche du loup qui hurle.

La petite ironie du soir.

Je tourne le menton pour lui faire signe de me suivre, avant d'entrer dans le bar le plus proche. Pas mal de poivrots et une ambiance d'enfer sont au rendez-vous. C'est tellement le bordel qu'ici, personne ne risque d'entendre quoi que ce soit. Autant dire qu'on risque pas de surprendre deux ou trois trucs louches dans notre conversation et que l'endroit pourrait mettre le gamin en confiance. Et c'est surtout ça le plus important. Faire croire au client qu'il domine un minimum le jeu en le foutant en lieu sûr. En terrain connu. Je pose mon cul sur une banquette et lui fait signe de s'asseoir.

- Que les choses soient claires, Marco. Je donne rien sans rien. Alors qu'est-ce que t'as à me proposer en échange de mes services ? »

Les transports en commun, Marcus il supporte bien. Avion. Train. Bus. Voiture. Trottinette... mais alors ça! Ce truc... c'est comme les manèges à sensation forte. Vous savez, les trucs qui tournent tellement vite que vous restez collé aux sièges. C'est cool parce que ça a une durée limité mais sur le long terme ça file la gerbe. La téléportation que vient de subir Marcus lui donne cette même impression. Celle d'avoir abusé des montagnes russes. Il ferme la bouche, persuadé que si il l'ouvre tout de suite, son estomac va se déverser sur le bitume. Il a pas trop envie. Déjà que l'endroit ne sent pas vraiment la rose mais les ruelles cradingues, il en a l'habitude.

Un peu pâlot et étrangement silencieux il suit Andras à travers les rues. Finalement, le démon et le lycan entrent dans un bar... Non ce n'est pas le début d'une blague. Juste un constat. Un nid à poivrots mais le québécois a l'habitude de ce genre de coin. Même si il traîne un peu moins souvent depuis sa rencontre avec Maeve. Le lycan est bien plus occupé sous la couette. En tout cas, il constate que le démon s'approprie la banquette. Bien. Il va donc s'installer sur la chaise inconfortable pour lui faire face. C'est pas grave. Marcus se dandine un instant du cul comme pour s'ancrer correctement. Le démon ouvre la bouche et ose déformer le prénom du québécois.

— Marcus, qu'il corrige aussitôt.

Sauf que le démon s'en fiche et poursuit sa tirade. Ah. Bon. D'accord. Tant pis. Il se gratte le menton pour réfléchir à la question d'Andras. C'est que la réponse est pas facile. Ah. Si il avait su, il y'aurait réfléchi avant.

— Bon déjà, je peux vraiment pas vous donner mon âme. C'est pas que j'y tiens tant que ça, je sais pas trop à quoi ça sert. Mais j'crois bien que ma copine, elle, risquerait de pas apprécier. Et j'ai moyennement envie de la mettre en rogne. Comprenez, m'sieur?

Impuissant, il ose les épaules. Une petite amie en rogne ça veut dire moins de sexe. Si il a le fric mais pas les galipettes avec Maeve alors autant redevenir pauvre.

— Je peux pas vous proposer d'argent non plus. J'en ai pas.

Logique. Toujours à sa réflexion, il laisse ses doigts pianoter sur la table. Hum. Il examine les lieux, observe les ivrognes agglutinés au comptoir, zieute le jeu de fléchette, mate un instant le cul de la serveuse puis son regard coule sur Andras. Moins sexy que la serveuse, au passage. Toutefois ça le ramène au moment présent. Entre le moment où il a pianoté sur la table et l'instant où il a reposé les yeux sur Andras, il a oublié ce pourquoi il réfléchissait avec intensité.

— Oh je sais!

L'illumination frappe à quelque part dans son cerveau. Sa main s’aplatit sur la table et il bondit sur sa chaise.

— Les démons ils aiment bien les bébés, je crois. C'est ça? Bon je peux pas vous promettre mon premier mioche. Encore une fois je ne pense pas que ma nana va apprécier. Puis je trouve ça barbare quand même. Pas vous?

Même si il n'attend pas de réponse à sa dernière question, non, il ne réalise de l'absurdité de son questionnement.

— En tout cas. Je peux vous offrir mon sperme. C'est bien ça, comme moyen de paiement? Des mini Marcus ça peut être cool.

 

Le petit a pas l'air dans son assiette. Chouette ! J'espère qu'il va vomir, mais ça vient jamais. Quand je lui ai dis de pas se faire de bile, c'était qu'une image !  Je suis un peu déçu, mais je file quand même vers le bar le plus proche avant de prendre la banquette. Je le vois bien à son regard que ça l'emmerde. Parfait. J'adore entraîner ces petits déceptions vicieuses dans leurs petites cervelles minuscules et vides.  Si on cumule pleins de trucs comme ça en une journée, ça les ruine.

Y sont vraiment cons ces mortels.

« - D'accord Marco, je rétorque.

Le mortel cause et semble en pleine … hm, réflexion. J'hausse un sourcil en l'entendant déblatérer. Parce que sa … Attendez, il a un copine lui ? Wow. Y a des cas d'école encore plus graves que je le pensais. Faut pas être bien pour accepter de sortir avec un truc pareil ! Il l'a droguée ou i lui a jeté un sort voodoo ?

Il termine sa tirade et je le fixe avant d'exploser de rire. Putain celle-là, on me l'a jamais faite.

- Et tu veux que j'en fasse quoi, une roulette russe ? Je lâche sans m'arrêter de rire.

D'un rire bien tonitruant qui indispose les petits ivrognes de ce taudis.  La vache, j'en chiale ! J'arrête pourtant de rire aussi sec, la moue soudainement blasée.

- Non sérieusement, trouve mieux que ça, Marco !

Encore un qui va me faire perdre mon temps. Je l'observe alors que la barmaid se pointe et je lui commande un cocktail fruité avant de me tourner à nouveau vers le brun. Je suis certain que y a un truc à tirer de ce bon à rien, pourtant.

- Dis-moi, Marboulette, tu fais quoi dans la vie et surtout, pourquoi t'as besoin d'autant de pognon ? »

Parce que c'est ça, la vraie question. On sait jamais, si je creuse, je trouverai peut-être un bon compromis.

Sa proposition, c'est une proposition béton! Des minis-Marcus, sérieusement c'est un bon deal, non? En tout cas ça amuse énormément le démon et pour le coup, le québécois se joint à sa crise d'hilarité. On dit souvent femme qui rit à moitié dans ton lit. Peut-être que les hommes c'est un truc du genre, homme qui rit, homme qui signe? Non? Le québécois il a un doute sur le sujet. Pour lui c'est bon signe alors il part dans un fou rire aussi tonitruant que son interlocuteur. En faire une roulette russe, de son sperme? Nah!

— Une roulette québécoise plutôt!

Et il part de plus belle dans son hilarité au point d'en avoir une crampe dans l'estomac et aux joues. Damn it! Il en chiale. Même la mine soudainement blasée d'Andras ne parvient pas à le calmer... jusqu'à ce qu'il annonce le couperet. Quoi? Marcus s'arrête net de rire et affiche un air bête. Mieux que des minis Marco? Il s'essuie les yeux et tente de réfléchir pendant que le démon commande.

— Bah je fais rien dans la vie, qu'il annonce dépité une fois la serveuse partie.

A part se fourrer dans des emmerdes pas possible. Parce que si il était payé à chaque fois qu'il s'embarquait dans des trucs fumeux... il serait riche. Depuis longtemps. Très longtemps. Il se penche un peu en avant comme pour dévoiler un secret à Andras.

— Mais je veux monter mon propre garage tu vois. Pour me ranger un p'tit peu, assurer à ma petite amie un avenir. Bon elle gagne bien sa vie mais tu sais, je veux contribuer un peu. Lui acheter des pantoufles, l'inviter dans des restaurants chics et la gaver de ce truc dégueulis, là, du caviar, c'est ça? Ostie que ça a pas de bon sens, j'comprend pas comment on peut aimer ça d'ailleurs. Bref. Tu vois le tableau.

Le lycan se redresse et s'adosse pleinement contre son siège. Il zieute un peu les ivrognes, son bras étendue tel un mollusque sur la table. C'est quand même con qu'Andras ne veuille pas de sa proposition. Embêté, il fixe sans vraiment le réaliser un barbu cracra installé non loin.

— Dis t'es certain que t'en veux pas de mon sperme?

Le barbu manque de s'étouffer avec sa bière, incrédule mais Marcus reporte aussitôt son attention sur le démon.

— Non parce que je suis bien monté et j'ai les couilles pleines depuis deux jours.

Bah ouais, Maeve a eu des journées supers chargées dernières . Du coup il l'a chouchouté, il en a bien pris soin de sa sorcière mais ils sont restés chastes.