Midnight call - Ft.Aliénor Renard

Date d'inscription : 27/03/2019

Le décor pourrait laisser croire à un film d'horreur, et pourtant c'est bel et bien ici qu'Aymeric avait rendez-vous avec une séduisante jeune femme. Cela dit je vous arrête tout de suite, il ne s'agit là nullement d'un rencard, loin de là même, ceci était un rendez-vous professionnel non officiel. La lune avait remplacé le soleil dans le ciel, cette nuit elle n'était pas pleine, fort heureusement pour notre agent d'Interpol. Il attendait donc Aliénor Renard, une jeune femme qui est censé l'aider dans son enquête, c'était une civile. De quoi ? Oui Aymeric est désespéré au point de faire appel à une civile, mais il n'a pas le choix, les cadavres s'empilent peu à peu et aucun indice n'a encore été trouvé. Du coup cet Aliénor qui semble posséder des contacts fort intéressant à accepter de l'aider, mais le partenariat est loin d'être u beau fixe. En effet la jeune femme était très indépendante dans sa manière de travailler et surtout très mystérieuse, ce qui n'est pas au gout de Letellier.

Habillé de son long manteau noir, il était équipé de son pistolet de service qui était bien caché. Adossé contre un mur, cela faisait quelques minutes qu'il attendait désormais non loin d'une des entrées des catacombes de Lyon. Ce qu'il faut savoir avec Aymeric, c'est que c'est une personne extrêmement ponctuelle, peut-être un peu trop même, du genre à arriver une bonne demi-heure en avance pour être sûr de ne pas être en retard. Alors vous vous doutez bien qu'il déteste quand les gens sont en retard, ce qui ne devrait bientôt plus tarder pour ce cher contact qui se laissait désirer.

Aymeric jette un coup d’œil à sa montre, elle indique quasiment minuit, le froid commence à se faire ressentir et peu à peu il se dit que c'était une mauvaise idée d'être venu. Mais il balaya cette pensée d'un revers de la main, pensant aux éventuels indices que la jeune femme aurait pu trouver depuis leur dernière rencontre. Le trafic d'organe était un véritable fléau ici à Lyon depuis quelques mois et c'était la panique générale dans les hautes sphères Française. Aymeric devait résister à l'immense pression que lui mettaient ses supérieures hiérarchique, le pauvre ne dort quasiment plus la nuit, en témoigne les légers cernes qui de dessinent peu à peu sous ses yeux marrons.

Perdu dans ses pensées, Aymeric sursaute lorsqu'il entend un bruit non loin de sa position. Le quartier semblait pourtant vide de monde, sa main droite se dirige peu à peu vers son arme et ses yeux parcours les alentours à la recherche de la source du bruit. Le bruit se rapproche, prêt à dégainer son arme, il se ravise lorsqu'il voit un rat sortir de poubelle un peu plus loin. Il respire un bon coup avant de se détendre un peu, bon sang le pauvre à vraiment besoin de sommeil.

Date d'inscription : 19/03/2019

☾ Les bottes tâchées d’ocre et les doigts accrochés à la sangle de son sac, elle avait reconnu Letellier bien avant d’arriver à sa hauteur. Son nez s’était froncé en détectant le miasme sorti des catacombes, attrapant l’odeur d’un autre être vivant pour ne pas sombrer vers ces explorations macabres. Ce cher agent ignorait jusqu’aux mondes qui l’effleuraient. Il côtoyait les cadavres et n’imaginait certainement pas le nombre de corps sur lesquels il marchait à cet instant. Aliénor aurait cru à du courage, s’il n’avait pas tressailli au premier bruit clandestin.
« Vous n’avez pas l’air rassuré. »
Elle s’était habillée d’un sourire avant d’apparaître à ses côtés, invoquant une proximité inattendue entre eux.
Elle n’avait pas choisi d’être en sa compagnie ce soir. Une part d’elle-même s’accrochait à lui rendre service ; comme s’il lui fût possible de maîtriser l’humanité d’un homme trop curieux. Elle pensait avoir gagné la partie une fois leur première collaboration terminée, mais ne s’était pas attendue à le voir revenir d’autres contrats en main. Travailler ses mensonges lui prenait davantage de temps que remplir ses missions, empoisonnant peu à peu la confiance habituellement gagnée auprès de sa clientèle.
Le sourire en suspens, elle recula d’un pas et glissa une main dans la poche de son sac. Elle en sortit l’objet qu’il lui avait amené quelques semaines plus tôt, ainsi qu’un dossier soigneusement étiqueté à ses initiales.
« J’ai pu m’entretenir avec un historien adepte de reliques comme celle-ci. Il semblerait que le symbole gravé à l’intérieur soit associé à un culte ancien. » Elle lui tendit le tout à bout de bras. « Il appartient certainement à un fanatique. »
Aliénor ne pouvait s’empêcher d’attraper des yeux la moindre de ses réactions. Elle espérait lui faire avaler ses demi-mensonges, vérités en partie révélées. Elle s’en voulait d’éprouver des remords à le balader, n’évaluant pas assez la frontière entre ce qu’il lui était possible de dire et ce qui l'engagerait sur un chemin dangereux. Il ne lui parlait pas assez de ses enquêtes pour aiguiller ses décisions et elle ne faisait que jouer à la roulette en attendant de gagner sa confiance. Elle craignait de menacer ce qu’elle avait construit en deux ans, qu’elle entretienne ou non leur distance protocolaire. Tous n’apprécieraient pas de la savoir entretenir des contacts avec interpole et elle-même se sentait parfois prise au piège de ses décisions.

Elle abandonna Letellier des yeux pour observer leur étrange point de rencontre. Au début d’un printemps encore glacial, les quartiers du 5ème arrondissement restaient déserts. Ils les engouffraient tous deux dans leurs secrets et dans cette étrange enveloppe noire cachetée de silence.
« Ne croyez-vous pas que me faire venir ici est plus suspect que si vous m’aviez donné rendez-vous en ville ? »
Elle sentait la paranoïa se gangréner en lui, incapable de comprendre l’orgueil qu’il fuyait. Elle savait seulement qu’il faisait froid et que venir à pieds de Bellecour aux catacombes lui avait fait perdre du temps. Se cacher ne fonctionnait qu’un temps.

Date d'inscription : 27/03/2019

L’idée d’organiser un rendez-vous juste à côté des catacombes n’était probablement pas l’idée du siècle, mais Aymeric avait calculé son coup, tout du moins c’est ce qu’il pense. Après tout quand on n’y connait rien au monde occulte, comment diable peut-on savoir que les morts peuvent ne pas être complétement mort ? C’est donc face à l’ignorance d’un homme qui pense tout savoir de ce monde mais qui ne sait rien que Aliénor fit face. Pile à l’heure au rendez-vous, elle remarqua directement que l’agent d’Interpol n’était pas très à l’aise, le pauvre Letellier ne pouvait pas la contredire étant devant le fait accompli, tu parles d’un agent des forces de l’ordre…

« Pas rassuré ? A minuit dans ce quartier dans lequel croupissent probablement des centaines de milliers de cadavres ? Seul un fou serait à l’aise… » Dit-il avec humour comme pour détendre l’atmosphère, du moi se détendre lui-même.

Aliénor tant qu’a elle semblait dans son élément, affichant un sourire radieux qui rappelé à Letellier qu’il faisait équipe avec une charmante jeune femme. Cela faisait maintenant plusieurs mois que la jeune femme bossait pour lui. A la base il s’agissait juste d’un simple contrat pour récupérer des informations, il s’est avérer que la jeune femme était très efficace, c’est donc avec une certaine logique que l’agent fit de nouveau appel a elle-même si cela le gênait fortement. Bref, Aliénor sortit un objet de son sac et fit part de son compte rendu. Aymeric écouta attentivement la jeune femme, elle lui cachait quelque chose, mais pour lui tirer les vers du nez, il fallait se réveiller tôt et là il fait nuit. C’était ça la chose qui le dérangeait, le fait qu’elle en savait bien plus et qu’elle ne révélait que ce qu’elle voulait.

Aymeric s’empara de l’objet pour l’analyser plus attentivement, il n’y connaissait rien. Pour tout dire, cet objet était à l’image de cette enquête, flou et incompréhensible. Il redonna l’objet à sa partenaire de fortune avant de dire :

« Un fanatique dites-vous ? Cela ne me surprend guère… » Dit-il un brin blasé. « Cette ville est rempli de fou… » Dit-il fataliste.

Son enquête faisait du surplace, les corps s’empilaient. Le mode opératoire n’était jamais le même mais la finalité si, le cadavre était dépourvu d’organe. Même les organes « inutiles » à la revente étaient subtilisés, ce qui était la particularité de cette enquête. Quelque chose de bizarre se trame en ville et Aymeric n’arrive pas à mettre la main dessus. La jeune femme posa ensuite une question concernant le lieu de rendez-vous qu’elle jugeait intriguant.

« Ça doit être mon côté fanatique... » Dit-il un brin moqueur. « Je préfère éviter les lieux à forte affluence, question de protocole et mon enquête fait tellement du surplace que je préfère prendre toutes les précautions possibles. » Il regarde la jeune femme droite dans les yeux. « Vous avez découvert autre chose ? » Demanda t-il intrigué, comme pour essayer de la « forcer » a en dire plus sur ce qui se passe ici à Lyon.

Date d'inscription : 19/03/2019

☾ Lorsqu’elle croyait pouvoir détourner leur conversation de ces enquêtes absurdes, encourageant l’humour douteux de Letellier d’un pincement de lèvres, il reprenait son rôle d’agent et se perdait à un jeu qu’elle se mit à peu à peu à détester. Il resserrait l’étau retenu autour d’elle et Aliénor peinait à définir si son insistance était le résultat de son obsession professionnelle ou un simple manque de considération pour elle. Lèvres entrouvertes et sourcils froncés, elle ne lui cacha plus trouver ce manège désagréable.
« Tout est dans le compte-rendu, répondit-elle simplement. »
Elle en connaissait les lignes sur le bout des doigts mais trouvait ridicule de devoir les lui réciter ici. Elle avait accompagné ses mots d’un index posé sur le papier kraft et déclinait sans appréhension sa demande.
A sa façon, Letellier était maladroit. Elle crut souvent être une personne qu’elle n’était pas lorsqu’il la regardait. Elle habitait dans cette ville qu’il jugeait gangrenée, pardonnant son ignorance et s’exaspérant tout à la fois de l’entendre tenir ces propos devant elle. Elle put interpréter ses mots comme une complainte adressée à quiconque l'entendrait, mais s’il ne se plaisait pas à Lyon, il aurait dû en partir. Elle pressentait au fond d’elle que sa quête le mettrait un jour en danger et elle refusait d’être là lorsque ses intuitions se révéleraient exactes.
« Vous savez, je n’ai pas réellement l’habitude de faire ce que vous me demandez. » Elle lui sourit nerveusement, vendant un peu d’offense à défaut d’une quelconque culpabilité. « Je retrouve seulement des objets et je m’en contente. »
Ce compte-rendu elle l’avait réécrit plusieurs fois, calibrant ses mensonges mais aussi ce qu’il put attendre d’elle. Elle craignait à peine qu’il puisse s’en prendre à elle : elle comptait assez d’alliés pour régler ce problème. Elle s'inquiétait davantage de menacer l’équilibre qui le maintenait en vie. Aliénor s’était résolue deux années plus tôt à éviter les complications et se rendre extérieure à tout parti pris. Se retrouver dans une situation comme celle-là ne faisait que menacer les promesses qu'elle s'était faites.
« J’ai peur que vous vous attendiez à ce que je résolve votre enquête avec vous... »
Elle avait un regard désolé pour lui.
« Je n’ai pas les compétences, ni l’envie pour ça. »
Une part de ce malentendu était de sa faute. Elle ne lui reprochait pas tant ses questions mais le décor qu’il implantait autour d’eux et son ton. Elle avait l’impression d’être dans l’un de ces films policiers retranscrits à la télé et s’était peut-être trop longtemps imaginé que la réalité ne ressemblait pas à ça. Son monde à elle était bien différent du sien. Moins humain, mais aussi plus complexe et conséquent que quelques crimes interprétés.

Date d'inscription : 27/03/2019

Elle balaya la dernière question d’Aymeric d’un revers de la main en affirmant que tout était dans le compte rendu. Letellier avait remarqué le ton un peu agacé de la jeune femme, elle avait mal pris la question, ou peut-être en avait-elle marre de cette situation qui devenait de plus en plus insupportable pour elle ? La question était là, Aymeric, de par se parano et du fait que son enquête n’avance pas met la pression sur son entourage et ce même sans le vouloir. C’est par cette simple remarque de la jeune femme qu’il se rendit compte des conséquences que cela pouvait avoir. Aliénor n’était pas une flic et encore moins une enquêtrice.

La jeune femme enchaîna en avouant qu’elle n’avait pas l’habitude de faire ce genre de chose, Aymeric n’en doutait pas, d’ailleurs elle se débrouillait plutôt bien mais ça Aymeric ne lui avait pas dit. L’un des nombreux défauts de Letellier, du mal à faire des compliments, il ne compte plus le nombre de fois ou ses ex lui ont balancés cette remarque en pleine poire. Bref, la jeune femme continua dans ses ressentiments, mimant une mine désolée. Elle avait raison, Aymeric se reposer peut-être un peu trop sur elle, alors qu’elle n’avait clairement pas les compétences pour ça, elle avait été simplement recruter pour trouver divers indices, c’est tout. Le visage d’Aymeric changea, il était mal à l’aise.

« Je… Je suis désolé. » Dit-il en baissant les yeux. « Je ne me suis pas rendu compte de la pression que je vous mettais, je… » Il se gratte l’arrière de la tête, cherchant ses mots. « Cette enquête me rend fou… Et plus les jours passent, plus il y a de cadavres… Et ça me rend fou. » Il laisse échapper un léger silence avant de reprendre. « Je suis navré Aliénor de vous avoir autant importuné, pardonnez-moi. » Cette fois-ci son regard était rivés sur celui de la jeune femme.

Rare étaient les fois où ce cher Aymeric était désolé. Mais cette fois-ci il le fallait, Aliénor était peut-être la seule personne qui lui ramenait des indices exploitables, il serait bête de sa part de se débarrasser d’un élément aussi performant de l’enquête. Esquissant un léger sourire compatissant il attendit la réaction de la jeune femme avant de dire :

« Je… Si vous voulez j’ai vu un bar un peu plus loin… Je peux vous offrir un verre pour me faire pardonner. Ni voyez là aucune tentative quelconque de ma part de enfin… » Il essaye tant bien que mal de se justifier. « Je pense que vous avez mérité une tournée avec tout le travail que vous avez fait. » Réussi t-il enfin à dire, adressant un sourire amusé à la jeune femme.

Il n’y avait aucune arrière-pensée dans la proposition de l’agent d’Interpol. Seulement de la reconnaissance, montrer à Aliénor qu’il n’était pas qu’un flic sans sentiment et qui se fout royalement des gens qu’il a autour de lui. C’est alors qu’il se rend compte qu’il ne connaissait que très peu la jeune femme, il avait bien entendu mené sa petite enquête sur la jeune femme avant de faire appel a ses services mais, il ne connaissait quasiment rien de sa vie.

Date d'inscription : 19/03/2019

☾ Elle ne pensait pas que sa parade fonctionnerait. Elle avait attendu ses réaction pour ajuster les siennes et le convaincre d’écourter leur rendez-vous, ne s’attendant ni à ses excuses, ni à ses confidences. Entrevoir les faiblesses de Letellier l’avait un instant satisfaite, tuant à sa source un sourire mal placé et relâchant inconsciemment sa garde. Elle commençait à croire que le rapport de force qu’elle entretenait avec lui avait été inventé de toutes pièces par ses névroses. Qu’il la mène en bateau comme sa méfiance put lui faire croire, ou qu’il lui exprime sincèrement ses remords, elle se sentait céder à l’air coupable qu’il arborait en réponse à ses accusations. Elle eut quelques remords. Entre tous, Letellier était le seul qu’elle ne put pas aider.
Elle suivait sa main du regard, ressentait presque sa gêne la prendre aux entrailles. Elle était si facile à convaincre, conditionnée à des gestes empathiques et des silences sans jugement, qu’il lui arrivait de remettre en cause ses croyances.
Elle ne répondit rien lorsqu’il eut terminé de s’excuser. Elle ne souffrait pas de ses maladresses, mais devait simplement s’en protéger. Sa mère lui avait appris l’importance de certains silences, aussi difficile eut-il été de façonner l’entropie de sa géniture.

Aliénor se retint de rire en voyant Letellier perdre ses mots. Elle le laissa s’empêtrer dans ses justifications, un sourcil levé en attendant la chute de sa proposition. Quand il eut terminé, elle réprimait un sourire moqueur aux coins des lèvres.
« Ne vous inquiétez pas, je n’ai jamais pensé que vous étiez un homme facile. »
Elle voulut pourtant décliner son offre, la prudence à la gorge, mais sa curiosité finissait toujours par la faire acquiescer.
« Je vous suis. Je ne sais pas si je l’ai mérité mais je suis convaincue qu’il est l’heure pour vous de fermer ce dossier pour la nuit. »
Elle désigna le papier Kraft d’un mouvement de tête et amorça un pas. Elle se sentait devenir Mina lorsqu’elle s’inquiétait de la voir travailler autant. Aliénor désertait si souvent leur appartement que les seules traces de ses passages étaient un lit défait et du linge roulé en boule dans la corbeille. Elle avait un jour cessé de regarder l’heure, glissant sa montre dans sa poche pour oublier la vitesse avec laquelle la nuit l’avalait. Elle s’accommodait de quelques heures de sommeil et épousait son propre rythme, comprenant seulement avec Letellier ce que Mina put craindre d’elle.
« Et vous ne me mettez pas la pression. Je dois seulement pouvoir vous dire non avant que ça ne devienne... trop. »

Date d'inscription : 27/03/2019

Aymeric s'est-il enfin décidé à lâcher un peu prise dans cette affaire ? A ne pas se laisser bouffer par celle-ci comme il le fait depuis quelques mois maintenant ? Il serait inopportun de penser cela pour le moment mais il faut tout de même notifier les efforts fait par ce cher agent d'Interpol. Bref, Aymeric adressa un sourire amusé lorsque sa jeune acolyte le rassura sur le fait qu'elle ne pensait nullement qu'il était un homme facile. Cette simple phrase qui parait anodine venait pourtant de briser une barrière entre les deux acolytes, en effet en temps normal Aliénor et Aymeric ne se voit et ne parle que de boulot, et la voilà maintenant à lui lancer une petite blague. Un détail certes, mais important de notifier.

Elle accepta finalement la proposition de son employeur, après tout que risquait-elle à aller boire un verre avec Aymeric ? Rien du tout vous pouvez en être sûr. Alinéor prétexta qu'il serait peut-être temps pour Aymeric de se mettre sur off pour la journée, ou tout du moins la soirée. Il opina du chef et commença à marcher avec la jeune Renard à ses côtés. Le temps était doux et le calme ambiant était agréable pour les oreilles. La jeune femme répondit enfin à la remarque d'Aymeric concernant la pression qu'il était susceptible de lui mettre ou de lui transmettre dans cette enquête. Il est vrai que notre agent ne se rend nullement compte qu'il peut affecter son entourage de cette pression qu'il subit chaque jour de plus en plus. Cette pression qui a d'ailleurs eu le "mérite" de mettre un terme à ses dernières relations amoureuses.

"Je comprends... Vous avez bien fait de m'en parler d'ailleurs, je ferai bien plus attention dorénavant." Dit-il en regardant droit devant lui. Il laissa ensuite échapper un silence, silence qui était reposant pour lui dans tout le tumulte de son quotidien, puis il finit par le briser. "Et vous alors ? Comment vont les..." Il fut coupé par un bruit suspect se tenant dans une ruelle perpendiculaire a celle où ils se tenaient.

Par réflexe, Aymeric posa sa main au niveau de son arme. Parano ? Peut-être bien, en tout cas il avait bien l'intention d'aller voir et ce même s'il s'agissait très fortement d'un chat de gouttière.

"Je vais voir." Dit-il en faisant un signe de la main à Aliénor, comme pour lui dire de rester là, réflexe d'agent encore une fois.

Aymeric se présente au niveau de la ruelle, sombre bien entendu, tant cas faire autant rester dans le cliché pur et dure. Avançant peu à peu dans cette ruelle, il entendit de nouveau un bruit non loin de sa position. Aymeric s'approche lentement, tout en prenant bien en compte tous les éléments autour de lui, puis lorsqu'il arriva enfin au niveau du bruit, il voit un homme, recroqueviller sur lui-même, comme s'il était en train de manger quelque chose.

"Monsieur ?! Vous allez bien ?" Demanda-t-il intrigué avant de déposer sa main sur l'épaule de l'inconnu. Mauvaise idée... L'inconnu se retourne et là, vision d'horreur pour notre agent d'Interpol, cet homme était en train de dévorer un rat. D'abord dégoûté par cette vision infâme, il ne vit pas arriver le poing de l'inconnu lui arriver en pleine face. Aymeric vola un peu plus loin avant de s’écraser contre une benne. La force déployer dans ce coup de poing était surhumaine. L'agent d'Interpol se leva tant bien que mal et attrapa son pistolet, il braque ensuite l'inconnu avec.

"Mains en l'air ! " Ordonna-t-il, le regard sévère. Mais l'inconnu lui fonça tout de même dessus, balançant par la même occasion le rat en pleine poire de l'agent. Après un combat acharné de facile, deux ou trois secondes, ouais c'est pas mal, l'inconnu prit la fuite, Aymeric se leva et tira un coup de feu, dans le dos de l'homme, tout du moins c'est ce qu'il pensait car apparemment il ne semblait rien avoir senti.

"C'est quoi ce bordel..." Sortit Aymeric, complètement choqué par la scène, n'ayant même pas remarqué qu'Aliénor se trouvait non loin de lui. Il se laissa ensuite tomber au sol, se tenant le visage ensanglanté, il était sonné.

Date d'inscription : 19/03/2019

☾ Ses pas eurent été plus lents ; enchevêtrés dans une cadence commune et laissés dérivés vers la promesse d’une soirée peinte d’ébriété. Les grondements de son estomac se noyaient facilement au fond d’un verre, éclatés en sanglots pour se nourrir principalement de chips. Alcool et ventre vide ne firent jamais bon ménage et quelques verres suffisaient la plupart du temps à la faire abdiquer. Aliénor retrouvait l’étreinte de ses draps à peine froissés, la démarche bancale et le sourire échiné. Un rituel épisodique, seul à lui permettre de trouver le sommeil avant l’aube. A ces instants peu importait les compagnons contre lesquels ses verres tintaient ; mais il lui fallut croire qu’en présence de Letellier son débit serait modéré.
Dans leurs silences elle sentit tonner ses entrailles. L’une de ses mains était venue calmer les douleurs de son abdomen, appuyée fragilement sur le tissu de son vêtement. Elle inspirait l’air de la sorgue, croyant ainsi combler les caprices de son estomac.
Aymeric l’avait bien vite arrachée à ses rêveries. Elle détourna les yeux dans la ruelle, elle-même rattrapée par le bruit vomit des ombres.
« Aymeric, revenez. »
Les iris dilatées pour avaler l’obscurité, elle se perdait à saisir chaque détail d’un tableau sans contraste. Du bout du nez elle sentait la putréfaction déglutir des artères de la ville, les canines plantées dans sa lèvre comme cherchant à détruire les signes avant-coureurs du danger.

« Aymeric ? »
Elle avait amorcé un pas pour le rejoindre. Le vacarme enflait bientôt aux bordures de la ruelle. Aliénor glissa les doigts dans sa botte, extirpa l’une des lames fixées à son mollet. Elle courut le rejoindre, cœur ballant et sang siphonné à l’orée des tempes. La créature avait projeté l’humain contre la benne et disparaissait déjà dans l’angle du trottoir.
La colère aux phalanges et la culpabilité aux creux des joues, elle courut près d’Aymeric et arracha son revolver des mains.
« Lâchez-moi ça. »
Elle vérifia que le chien n’ait pas été enclenché, glissa l’arme à l’arrière de son pantalon. Accroupie devant lui, un genou abattu au sol, elle déposa finalement une main sur sa jambe.
« Regardez-moi. »
Le cœur de Letellier battait plus vite. Elle pouvait l’entendre répéter sa rythmique. Elle saisit son bras, indexe et majeur pressés contre la gouttière de son poignet, relâchant prise après plusieurs secondes. Une inspiration fébrile avait gagné ses poumons.
« Vous jouez souvent les héros comme vous venez de le faire ? »
La commissure de sa lèvre s’était étirée. Elle traçait des yeux les tâches de sang étendues sur ses mains et son visage. La vie de Letellier n’était pas en danger, seulement soumise à ses propres ignorances et elle crut en la rationalité humaine pour le convaincre d’avoir perdu la tête. Elle voulait elle-même se persuader qu’un sourire balayerait cette soirée. Elle releva les couches de tissus recouvrant les côtes de l’agent pour y dévoiler le début d'un hématome. Ses doigts se pressaient sans délicatesse sur son flanc, sondant fractures et désordres.
« Vous êtes apparemment plus robuste que vous en avez l’air. »
Son corps détaché du sien, elle s’assit à sa hauteur sur l’asphalte sale et humide.
« Il est peut-être préférable que j’appelle quelqu’un… »

Date d'inscription : 27/03/2019

Le corps tétanisé, tout s'était passé si vite. Aymeric était perdu, le regard toujours rivé par là où c'était échappé l'inconnu. Il tremblote, est-ce le froid ? La peur ? Ou encore ses muscles qui lui jouaient des tours après ce traumatisme ? Aymeric n'en savait rien, il ne sait même pas dans quel état il se trouvait actuellement, tout c'était passé si vite. Letellier n'était pas le genre a se faire bousculer aussi facilement, pire même il ne se souvient nullement de la dernière fois où il avait été autant mis à mal en un temps record. Aymeric fut extirpé de sa transe par Aliénor qui venait tout juste de le rejoindre, elle lui arrache son pistolet des mains, il avait complètement oublié qu'il le tenait encore dans les mains, encore sous le choc.

Elle demande de le regarder, son regard se porte sur elle. Il ne sait plus où il est, était-ce ça le sentiment d'impuissance ? De peur ? Aymeric n'aimait clairement pas cette situation, Aymeric n'aimait pas ne rien contrôler et depuis qu'il était arrivé en ville, il n'a plus le contrôle de rien. L'agent d'Interpol reprend peu à peu son calme, son rythme cardiaque baisse. Il put enfin s'exprimer.

"Rarement les week-end, ils sont réticents à payer les heures supplémentaires." Dit-il en essayant de sourire, hélas les douleurs revenaient au galop.

Aliénor commença à ausculter Aymeric qui se laissa faire sans broncher. Comme s'il accordait toute sa confiance en la jeune femme, encore une fois il se reposait sur elle. Apparemment Aymeric n'avait rien de casser et la jeune femme avoua qu'il était bien plus robuste qu'en apparence. L'agent adressa un sourire amusé avant de tenter de se lever, malheureusement en vain.

"J'ai malheureusement vécu bien pire sur Paris... Enfin dans d'autres circonstances..." car oui, il n’avait jamais subi de telle raclée de toute sa vie, son regard se porta de nouveau sur la jeune femme, elle était toujours là et elle souhaitée appeler quelqu’un. "Ne vous en faites pas, ce n'est rien de grave, juste superficielle." Dit-il en grimaçant. "Je veux bien que vous m'aidiez à me relever par contre." Avoua-t-il gêné.

Il avait cette impression de trop lui en demander. Alors non, il ne lui demandera pas de faire des recherches sur cet inconnu à la force herculéenne, il le fera, bon peut être pas demain car il risque de passer sa journée étendue sur son lit mais dès qu'il sera de nouveau remis sur pied, il enquêtera sur ce mystérieux individu. Ah et il doublera d’effort aux entraînements aussi, car plus jamais il ne veut se sentir aussi impuissant, plus jamais.

"Décidément je vous en fais voir de toutes les couleurs... j'espère que vous me pardonnerez..."

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