yoga is magic ! • malaki

Je m'approchais de la salle dans le grand bâtiment de la septième rue. J'avais un peu hésité, avant de me lancer. Un cours de yoga, c'était pas un peu trop pour moi, si peu relaxée, si peu sportive ? Mais je me souvenais de l'enthousiasme de Malaki la dernière fois, au cabinet. Nous avions totalement paniqué alors que le chinchilla n'avait pas grand chose - un petit rhume, en fait. Mais la gentillesse de l'homme m'avait touché ; nous avions un peu discuté et je m'étais promis de passer à son cours. Je m'étais même renseignée auprès de l'accueil. Mais à présent que j'étais devant la porte, j'hésitais. Cependant, deux autres femmes arrivèrent et je dus entrer pour ne pas bloquer le passage.

▬ Oh, heu, bonjour ? fis-je en grimaçant un sourire aux personnes présentes.

J'avais cru que ce serait exclusivement féminin, mais c'était faux. J'avais enfilé un tee-shirt court et un pantalon large, avec des petites chaussettes roses avec des licornes et des baskets souples. Je n'y connaissais rien au yoga, alors je fis comme les autres : je bus un peu, je m'étirais en attendant l'arrivée de Malaki.

▬ C'est la première fois que vous venez ? demanda une des jeunes femmes qui m'avait poussé à rentrer en arrivant derrière moi. Je rougis un peu et hochais la tête.
▬ Heu, oui. Je ... Hem, Malaki m'a parlé de son cours, la dernière fois, au cabinet ... Je suis vétérinaire.
▬ Oh, il a un animal ? Un chat, un chien ? s'intéressa un trentenaire à quelques pas de là qui étirait son dos. Je trouvais la discussion un peu bizarre ; je haussais les épaules et ne vis pas de raison de ne pas répondre.
▬ Il avait trouvé un petit chinchilla malade.

Sur cette réponse, Malaki entra et je vis tout le monde aller le saluer. L'ambiance semblait adorable - tout le monde avait l'air joyeux et enthousiaste. Je m'approchais de Malaki avec un petit sourire, en finissant d'attacher mes cheveux en arrière.

▬ Bonjour, Malaki. Comme dis, je suis venue, finalement. Je n'y connais rien, mais je compte bien m'accrocher, ahah. Ce n'est pas ... vous savez, du yoga ultra sportif, au moins ? m'inquiétais-je avec un petit regard angoissé au jeune homme. J'étais prête à faire beaucoup d'effort, mais à courir partout et à grimper comme un singe, ce genre de trucs, non merci. Je comptais éviter d'avoir des courbatures - Marcus m'en avait déjà donné assez, ces derniers temps. Mais j'étais prête à laisser une chance à ce sport - le yoga ne détendait-il pas ? J'avais cru lire combien l'état de transe pouvait être proche de celui presque magique des sorciers - ce qui m'avait fait un peu rire. J'étais curieuse de savoir si c'était vrai !

T'es parti en retard de chez toi - la faute à la créature qui partage à présent ta vie. Sa faute - pas tant que la tienne. T'es pas capable de cesser de l'observer, de chercher dans son regard l'unique réponse à une question que tu cesse pas de te poser depuis trois jours. C'est quoi son nom ? t'es persuadé que chaque être à un nom - dés qu'il se trouve mis au monde. Alors le Chinchilla doit en avoir un, mais qu'importe ce que tu lui proposes il t'ignore, fixant ton canapé, et la bibliothèque qui y est accolé. « Boris ? Newton ? Alice ? Charleston ? » Rien - il continue à découvrir l'appartement sans t'accorder le moindre regard - quand toi tu te décides à fixer l'horloge et à voir que tu vas devoir courir pour t'rendre à ton cours à l'heure.
Alors tu cours après le Chinchilla, l'remet dans sa cage, et te promets de lui trouver un nom bientôt - ou d'laisser Savannah l'affubler d'un nom d'oiseau qui serait pas plus ridicule que de le nommer Jean-Ives finalement.

Tu cours, pour prendre les transports, et arriver devant la salle de cours où tu dois retrouver tes presque-débutantes. T'aime bien c'cours-ci. Il est sans doute plus calme que les autres, parce qu'il se trouve surtout occupé par des mères au foyer qui ont besoin d'un moment pour elles. De la relaxation - c'est tout ce qu'elles demandent, se fichant de pouvoir toucher leur nez avec leurs pieds. Ca te convient parfaitement - elles sont adorables, de plus, et n'cessent pas de te caresser du regard ou de quelques compliments dés que tu fais ton approche. Tu portes un d'tes pantalons leggins serrés, un débardeur coloré, et toujours un brin de maquillage.
A peine passes-tu la porte que t'es assailli de questions et de salutations qu'tu rends avec le sourire jusqu'aux oreilles. « Mesdames, Mesdames, allez donc prendre vos tapis, que nous puissions commencer. » Proposes-tu avec ton parfait accent britannique - t'as pas été capable de le perdre alors que t'es à Lyon depuis si peu de temps. Puis sans doute ne le perdras-tu jamais.

Alors que tu vas mettre tes affaires dans un coin, tu vois une autre demoiselle venir vers toi - sauf que cette fois tu prends le temps de lui offrir un immense sourire. Tu t'attendais pas à voir la belle Maeve venir - tu l'as invitée c'est vrai, mais t'es toujours étonné de voir les gens accepter tes invitations sans broncher. «  Bonjour, Malaki. Comme dis, je suis venue, finalement. Je n'y connais rien, mais je compte bien m'accrocher, ahah. Ce n'est pas ... vous savez, du yoga ultra sportif, au moins ? » « Haha - j'vous ferai pas transpirer aujourd'hui, n'vous en faites pas. C'est un cours pour débutant, et on fait majoritairement des postures. Vraiment ca devrait aller. Mettez-vous au milieu et suivez l'groupe - on refait l'même enchainement depuis l'début de l'année. » Proposes-tu avec un clin d'oeil complice avant d'te mettre devant l'groupe, et d'offrir un large sourire aux demoiselles qui t'font face - et aux deux beaux garçons qui les accompagnent. « On commence pas un peu d'méditation si vous voulez bien ? On ferme les yeux, et on s'encre bien dans le sol. Inspirer profondément - expirer - relâchez vos tensions, laissez vos problèmes dans les vestiaires, n'écoutez que votre respiration. »  Et le son mélodieux de ta voix - voila que tu te mets à parler avec profondeur, inspirant et expirant assez bruyamment pour imposer aux autres de suivre le rythme - aucun rythme, si ce n'est celui de leur palpitant. De laisser dehors les tensions pour se reconnecter à la terre et à vos énergies.

C'est ainsi que tu commences tous les cours - « On lève les bras vers le ciel - et on étire son corps, on inspire profondément... Et on souffle en allant en avant. » Et tu commence à enchainer les postures, l'enchainement des salutations au soleil que tu propose à tes étudiantes à chaque fois.