Il n'y a qu'un cadavre entre nous...[Elkan Devos]

Il n'y a qu'un cadavre entre nous...

La paperasse est une chose qui m’agace au plus haut point, mais, malheureusement, une part importante de mon travail de médecin légiste. Remplir les rapports, les rendre, les classer, les ranger et enfin, les archiver. Ce, avec un système de classification que je trouve tout sauf pratique. D’abord, par date. Puis par médecin légiste. Puis par famille cause de la mort. Et ENSUITE seulement, par nom de victime. Personnellement, je considère que c’est les victimes qui ont le monopole ici et que ça devrait être ranger par nom de victimes et puis point final. Ca serait tellement plus simple pour trouver le dossier que l’on veut. Non parce que quand on doit ressortir un dossier d’il y a quelques années, quand vous ne savez pas toutes les affaires traitées par quel médecin légiste, ça devient vite un casse-tête. Ca fait bien cinq ans maintenant que je milite pour que l’on numérise tout ce bordel et qu’on finisse par instauré un système de recherche qui recoupe les référencement pour trouver plus simplement le dossier souhaité. Hey, admettez que c’est un bon compromis: on améliore un peu le truc MAIS ils gardent leur système de classification de la mort. Tout le monde est content au final, non? Mais en attendant qu’ils fassent cela, je ne leur rend pas la tâche facile, puisqu’au lieu de taper bien sagement mon rapport sur le pc comme mes collègues, je les rédige à la main. Ce qui veut dire que souvent, il faut déchiffrer une partie de ce que j’écris (même si je vous ferais savoir que j’ai une écriture très lisible, merci bien), et donc du travail en plus. Je les aurais à l’usure vous dis-je.

C’est donc ce que je suis en train de faire quand Laura, la secrétaire du service, toque à ma porte et entre quand j’émet un son lui indiquant que je suis là. Je relève la tête de mon rapport en cours quand elle commence à parler.

“Dr Steinhardt, il y a une personne qui souhaite voir le corps de Mlle Barbot. Comme vous êtes le médecin en charge de cette affaire…” à cette information, je hausse un sourcil circonspect.
“La police et même la gendarmerie sont déjà passées pour voir le corps et tous ont eu une copie de mon rapport d’autopsie. Que peuvent-ils bien vouloir de plus?!” les forces de l’ordre, je vous jure. J’allais la congédier en lui donnant l’indication qu’elle peut redonner une copie des photos et des dossiers au, j’en suis sûr, charmant policier ou gendarme, mais elle m’apporte alors une information qui titille ma curiosité.
“Ce n’est pas un représentant des forces de l’ordre officiel…” devant son silence, je lui fais signe de continuer “C’est un agent de l’agence Lloyd&Devos, Docteur.”

Aaaaah. Mais voilà qui est intéressant. S’ils s’intéressent à cette affaire, c’est possiblement que la victime n’est pas morte par une main humaine (ce qui m’aurait étonné aussi pour être honnête mais c’est cela de travailler majoritairement avec des humains…), ce qui rend l’affaire tout de suite plus intéressante. Mais surtout…

“Est-ce qu’il vous a donné son nom, ce monsieur?”
“Mr Devos.” un large sourire s’affiche sur mon visage.
“Envoyez-le dans la salle d’observation n°2, j’y apporte le corps d’ici cinq minutes.”

Sur ce, je laisse mon rapport en plan, récupère celui du corps qui m’intéresse et m’active (alors que la porte de mon bureau n’est même pas encore fermée) pour aller chercher le corps en question, l’amenant dans la salle prévue dans lesdites cinq minutes. Je ne peux pas retenir mon immense sourire joueur quand je vois la silhouette du grand blond dans la salle. Mais je dois me calmer un peu car je remarque la secrétaire encore présente.

“Mr Devos! C’est toujours un plaisir de vous voir. Laura, vous pouvez nous laisser.” elle s’exécute et je découvre le corps, m’appuyant sur la table ensuite, ayant déjà relevé mes manches “Je savais bien que je vous manquais.”

Elkan Devos, l’un des fondateurs de l’entreprise Lloyd&Devos, un autre nécromancien comme moi. Et un qui n’aime pas que l’on joue sur ses plates bandes visiblement, puisqu’il a bien tenté de me faire comprendre cela quand je suis venu m’installer à Lyon il y a des années. A l’époque, je ne le connaissais pas comme aujourd’hui. Alors j’ai été moi-même. Je lui ai dit (à moitié en plaisantant je dois bien l’admettre) qu’on pouvait aller régler ce léger désaccord dans un placard, si vous voyez ce que je veux dire. Autant dire que son visage à moitié décomposé devant l’obscénité de ma proposition m’a tiré un tel fou rire qu’il est parti sans demander son reste. Depuis je me fais un malin plaisir de jouer avec ça, rien que pour me payer une bonne tranche de rire quand on se croise. Par contre, il ne faudrait vraiment pas qu’on se croise hors d’un contexte professionnel, sinon je pense être capable de lui donner une crise cardiaque.:copyright: 2981 12289 0

Date d'inscription : 16/06/2018

« Il n'y a qu'un cadavre entre nous »

feat Elkan Devos & Dimitri Steinhardt

L'anxiété gagne le nécromancien à son arrivée au sein de la morgue. La première raison? Il doit se concentrer pour ignorer les nombreux esprits errants. Si les fantômes réalisent qu'il est en mesure de les voir alors ça peut vite devenir infernale. Cependant, certains ectoplasmes ressentent les capacités du viking et alors là, Elkan ne peut tout bonnement rien faire pour les éloigner. La seconde raison? Il espère ne pas croiser le docteur Steinhardt. Doué dans son domaine, certes, mais le médecin légiste parvient toujours à mettre Elkan dans l'embarras. Par ailleurs, il n'aime pas l'idée d'avoir un concurrent dans le domaine de la nécromancie. Son côté "coq de basse court" le rattrape à chaque fois et il en vient constamment à se demander lequel des deux est le plus doués.

A l'accueil, le géant blond use de ses charmes auprès de la secrétaire. Il lui sourit, la complimente et enfin, l'informe de la raison de sa venue. La femme en question ne semble pas réceptive au jeu dans lequel le sorcier s'engage. Hum. Lorsque l'employée s'en va pour informer la personne compétente, le blondinet s'assure d'être impeccable, il lisse le tissus de son costume hors de prix et replace correctement ses manches. Son téléphone commence à vibrer et une salve de message l'assaille. C'est Roxane qui le bombarde de SMS pour savoir si oui ou non, c'est lui qui a mangé son sandwich. Il lève les yeux au ciel et met son cellulaire sur silencieux. Il préfère la grande gastronomie au sandwich immonde qu'elle achète dans les magasins discount. De simplement lui poser la question est une insulte.

La secrétaire revient le chercher et ensemble, ils traversent plusieurs couloirs avant de se retrouver dans une salle d'observation. Un silence de plombs s'installe et Elkan ne fait aucun effort pour le briser. Il se demande bien quel médecin légiste va franchir la porte et lorsque la fameuse porte s'ouvre sur le Docteur Steinhardt, les muscles d'Elkan se contractent. Merde. Le plaisir qu'évoque le sorcier n'est pas réciproque. Le sorcier ouvre la bouche, désireux de protester à l'ordre donné à la secrétaire. Non. Il ne veut pas, surtout pas, se retrouver seul avec Dimitri. Mais ça arrive et le médecin légiste en profite aussitôt.

Les hostilités sont lancées. Elkan ne sait déjà plus où se mettre. Il se racle la gorge et lance un regard en direction de la sortie. Il aimerait bien prendre la poudre d'escampette, là. Toutefois, les affaires sont les affaires. Alors il inspire et reporte son attention sur le nécromancien et sur la victime.

— Monsieur Steinhardt, c'est un plaisir de vous revoir.

Les mots lui écorchent les lèvres mais il se doit d'être professionnel. Il espère juste ne pas nourrir le moulin du légiste. La situation lui est déjà assez pénible comme ça. Il se racle à nouveau la gorge et s'approche du corps, toutefois, il s'efforce de rester à bonne distance du sorcier.

— Que pouvez-vous me dire sur la mort de Madame Bardot?

Tout à sa question, Elkan s'empare d'une paire de gant et les enfile. Ses claires prunelles se perdent sur le cadavre étalé sur une table en inox. Délicatement, il tourne la tête de la demoiselle pour examiner le trou béant au niveau de son crâne. Rien de bien appétissant toutefois, Elkan avait l'habitude de ce genre de vision d'horreur.

— Aucune marque de griffures ou de morsures à me signaler? Des organes qui manquent?

Il n'y a qu'un cadavre entre nous...

Il n’est pas difficile de voir que le détective Devos n’est vraiment, vraiment, pas à l’aise. Il faut dire que nos premières rencontres ont été particulières. Dès qu’il a appris ce que j’étais, un nécromancien, comme lui, il n’a pas hésité à se montrer hostile, voulant assurer sa dominance dans le domaine, n’aimant pas concurrence, j’imagine. Pourtant, je doute qu’il soit familier de ma façon de pratiquer la nécromancie et puis, franchement...Une concurrence. Please, je me fiche bien de savoir qu’il est meilleur que moi. Ou pas d’ailleurs. Preuve que vraiment, ce genre de détails ne m’intéresse nullement. Alors j’ai joué un peu. Oui, quand on m’ennuie avec des trucs insignifiants, je m’amuse. Je provoque. Et bon sang, je n’aurais jamais imaginé qu’il serait aussi réceptif à mon petit jeu. J’ai flirté, ouvertement, j’ai même fait une proposition plus qu’indécente incluant un placard dans l'équation et beaucoup moins de vêtements. Si j’ai gardé mon sérieux face une lui, une fois qu’il était parti, je peux vous assurer que le fou rire qui a suivi m’a donné mal aux côtes. On va être honnête, s’il n’avait pas eu l’air aussi peu emballé par l’idée, j’aurais probablement tenté ma chance car, il faut le reconnaître, il est très, très loin d’être désagréable à regarder. Grand, blond, yeux bleus...j’aurais pu bien plus mal tomber. Je ne suis cependant pas sa tasse de thé et je l’entends. Ca ne m’empêche pas de le taquiner encore et encore, juste parce que des gens avec qui jouer ainsi sont si rares…

Je ne retiens pas mon rire qui veut clairement dire que je ne crois pas un mot de ce qu’il vient de dire.

“Pas la peine de faire des ronds de jambes. Pas que ça me déplairait, soit dit en passant”

Voilà. Ce n’est pas grand chose, mais je sais que ça peut le mettre dans tous ses états. J’ai deux hypothèse quant à ses réactions aussi épidermiques à mes petits jeux: soit il ne se sent pas sécurisé dans sa sexualité, ce qui, malheureusement, arrive à beaucoup plus d’hommes et de femmes qu’on ne le croit, soit il y des tendances qu’il n’accepte pas...Ou il est juste particulièrement prude. Ce qui me fait donc trois hypothèses. Laquelle est la vraie? Je n’en sais rien et m’en fiche pas mal pour être honnête. Je ne suis pas psy, je ne suis pas là pour l’aider à résoudre ses conflits internes avec sa sexualité, quels qu’ils soient, surtout maintenant, je suis là pour le travail. Alors je lui répond, professionnel, malgré tout.

“Elisa Barbot, 29 ans, retrouvée il y a trois jours dans un parc. Traumatisme crânien ayant provoqué la mort, pas d’autres blessures apparentes. Pas de traces d’une quelconque relation sexuelle récente. Des traces de cannabis, très faibles cependant. Autrement sa toxicologie est normale.”

A sa nouvelle question, je souris en grand.

“C’est pour ça que j’aime travailler avec vous, vous rendez le boulot intéressant!” je m’accoude sur la table en inox, et ajoute “Des organes, non. Des fluides en revanche…” je laisse un pause puis affiche un petit rictus amusé “Sortez votre esprit de la gouttière mon ami, il s’agit de son liquide céphalo-rachidien. Généralement, même avec une blessure à la tête comme celle-là on en trouve des traces, mais là, rien du tout. De plus, sa moëlle osseuse a disparue aussi, du moins dans sa moëlle épinière. Autrement, rien de bien spécial.”:copyright: 2981 12289 0

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