Little Dark Age
Les news
Ré-ouverture du forum prévue le 02/06/2020. Un grand bravo à Coraline et Yue qui rejoignent l'équipe administrative. La temporalité du forum se passe en 2001. Mois en RP correspond au mois IRL.
Soutenir
Top-site 1
Top-site 2
Top-site 3
Top-site 4
Bazzart
PRD
Wanted
EN CONSTRUCTION. RP Libres à venir.
Membres à l'honneur
Ils se sont démarqués pour leur implication au sein du forum. Votes, bienvenues, réponse RP, flood intensif. Tout y passe. Ils sont devenus, ce mois-ci, les membres incontournables d'Hells Bells. Un grand bravo à XX et YY. (membres à l'honneur à venir).
-50%
Le deal à ne pas rater :
-50% sur les sacs à dos pour ordinateur portable Urban Factory ...
19.99 € 39.99 €
Voir le deal

Partagez
 

 Little Dark Age

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Aller en bas 
AuteurMessage
Anonymous
- Invité -
Invité

Little Dark Age Empty
MessageSujet: Little Dark Age  Little Dark Age Time-m10Mer 30 Jan - 18:13

† little dark age †


❝ Ce n'est pas de ta faute. C'est de la mienne. Je n'ai rien d'humain. Je n'ai pas de cœur. Ce n'est pas de ma faute. Ce n'est pas une faute. Je n'ai juste pas de cœur. ❞




Je suis l’enfer qui éventre tes pas. Tu me sens en toi ? Je pénètre ton cerveau. Tes désirs ne t’appartiennent plus, je t’impose les miens. Le repos pense te faucher, mais je suis toujours là. Tapis dans tes rêves vicieux de rédemption. Parce que tu me sens, grandir en toi. Ta force se décuple à l’unissons de la mienne. Bientôt nous ne formerons qu’un. Cesse de lutter.. Je ne suis que le reflet de ton âme. Je ne suis que le monstre que tu créais pour t’excuser d’être ce que tu es. Ne pleurs pas, regarde moi, là. Fiché quelque part dans le fond de ton regard. Tu me vois ? Cette étincelle qui fond dans les abysses de ta pupille. Je te vois. Et bientôt, tu seras totalement à moi.


Les pieds ballants au dessus du précipice, le cul de la bouteille en visière vers cette aube menaçant qui s’extirpe froidement du paysage.Quelques rayons suffocant tentent vainement de s’en extraire. Dans une course perdue d’avance, la nuit nébuleuse l’emporte sur le jour qui s'affaisse mollement derrière les hauteurs environnantes. L’eau tantôt émeraude se noirci pour ne devenir que vase noirâtre et opaque. Les minutes s’égrènent échevelées et capricieuses, de mordre le peu de temps qui reste à la conscience pour se repaître de ses derniers instants de clairvoyance. La gueule béante du monstre grogne contre son estomac. Ses épaules voûtées et étrangement osseuses, semblent se fragiliser contre la brise délicate du vent glacial qui secoue, impétueusement, le bruissements des arbres au dessus de son visage. La chaire nue ne réagit presque plus au froid, la glace ayant dores et déjà commencée à en nécroser les veines bleutées. Cisaillant le derme en putréfaction sur ses avants bras. Le coeur tente de battre contre le thorax, là où une lassitude désespérée se retient de tout mouvement. Tu peux m’éloigner autant que tu veux… je sens l’odeur du sang au loin, elle me guidera, quoi que tu fasses Svein… tu ne peux rien contre moi.  Un premier craquement se fait entendre. Un soupir de douleur s’extirpe du poitrail, comme pour en expulser inutilement les maux qui le ravagent. L'homme commence à sentir les prémices de la malédiction s’affairer à gronder. Comme impatiente de voir poindre la luminescence infâme qui terminera de nourrir sa toute puissance. Les orbes fermés, il se laisse tomber en arrière. Le dos enfoncé dans un par terre humide, entre caillasses et feuilles crevées. La magie en lui s’épuise, englobée d’une cire gluante prenant possession de chacun de ses organes. Il le sent. Ce sang déjà trop rare, s'éteindre entre ses veines. Les asséchant douloureusement comme du papier de verre. Elle se nourrit. Aspire sa vitae de sa puissance infernale, s’approvisionnant de ses dernières forces pour jaillir des ombres profondes de son âme. A moins que ça ne soit son coeur. Le malin difficilement localisable. Se faisant sournoisement sentir dans chacune de ses respirations saccadées.

Quelque chose le retient. Un mauvais pressentiment lui martèle le crâne. Par delà les griffes ardentes de la bête, qui sévit à lui morceler l’âme. Comme un chuchotement doucereux, empli de promesses que ses méninges ne peuvent desceller. Des promesses énigmatiques qui se logent évasivement dans le fond du crâne, fucké par les dessins qui se préparent, dans une clarté subtilement impénétrable.

Des visages défilent contre ses paupières closes. Des nuits de massacres éparpillées un peu partout dans sa mémoire. Punaisées et affichées, en enseigne lumineuse pour lui rappeler, ceux qu’il n’arrivera pourtant jamais à oublier. Des hommes. Des femmes. Des enfants. Des foyers brisés. Des viscères arrachées. Du sang partout qui dépeint chacune de ses agonies. Du feu, jaillissant des limbes même de l’enfer. Des visages déformées. Hurlements effroyables en symphonie infernale, perçant le crâne, l'éveillant dans des insomnies incurables. Mais il y'a aussi cette force. Aussi effroyable qu’extatique. Un excès de pouvoir qui l'écrase, le fait taire dans une cage sourde à toute supplique. Spectateur immobile qu'il devient et s'entête, à ne plus être. Repoussant les barreaux ferreux de ses phalanges dénuées de toute force. Parce que tu m'fais sentir tout petit... tu m'écrases totalement le temps d'une nuit... pour te venger... te venger de ce silence que j'suis parvenu à t'imposer durant toutes ces années... qu'est c'qui s'est passé ? D'puis quand les rôles se sont inversés... Tu m'as eu. J'suis perdu.

Les rayons nébuleux apparaissent, rappelant leurs démons à s’élever face à eux. Enfer… c’est toi. Les entrailles en abysse se disloquent violemment. Les orbes se forcent à rester fermer, savourant la pression nerveuse d’une souffrance battante, asséchant sa chaire sur les longueurs infâmes d’une ossature difforme. Monstruosité du soir, bonsoir. La bête prend forme, sa chaire apparaît plus pâle que jamais sous son opale maîtresse. Hurlant à son honneur de sa gueule béate, élargie d'une rangée acérées de dents fourchues, à la longueur démesurée. Faisant s'éteindre toute trace d'humanité en ses iris voilées. L'azuréen noyé dans des tréfonds démoniaques, laisse une chaire décomposée dans son sillage,comme seule sépulture.

...

Une étreinte. Volutes de fumées bleutées. Horizons vaseux, doucereusement bercés de ses illusions psychotrope. Les deux vauriens se réchauffent, pourvu qu’un peu de chaleur chimérique parviennent à insuffler une raison de battre en leur coeur. Les draps sont retournés, la chaleur d’un été romain laisse une fine sueur glisser sur leur corps nus. Des sourires évasifs. Des gestes d’autant plus, incapable de réellement jauger l’essence même de leurs caresses. Ca fait du bien, quelque part. Ces instants d’oublis, là où les barrières de toutes normes s’effritent, pour ne laisser place qu’à cet écran de fumée vaporeux. Brouillant délicieusement les esprits de l’empire malsain d’une vérité qui tend, inlassablement, à vouloir les rattraper. Parce qu’elle n’est jamais bien loin. Dans leurs besoins d’oublis, traduit par la douceur d’une étreinte, et la violence d’un ébat. Les rôles se taisent, pour ne faire place qu'à une sincérité imprécise. Là où germe des idéaux qui rassure, de ne pas être vu comme on le devrait. Parce que c'est ce qu'il ressent, quand l'azure s'entrechoque aux iris luisantes qui le toisent. De cette tendre admiration qu'il ne comprend pas.

-"Ca m'bouffe de l'intérieur. J'ai besoin de chaire et de sang pour survivre.. Les dessins du monde sont tellement vastes et pourtant, les limites qu'ils m'imposent m'grignotent lentement... j'sens ses émotions, ses envies, elle m'hante de ses désirs.. mais je la contrôle pas. C'est elle qui me tient. Cette garce. J'ai essayé de l’enchaîner, mais c'moi qu'elle a tenté de bouffer... J'ai passé les jours qui ont suivi à chercher la p'tite lumière qui viendra m'conduire là d'où personne semble vouloir revenir." Mais elle semblait vouloir m'garder en vie, m'faire agoniser juste pour son propre plaisir...et j'suis pas assez fort... assez fort pour abandonner Sienna...assez fort pour t'abandonner toi... toi qui m'connais pas mais dont les soupirs dégagent c't'embrun spécial pour qu'mon sommeil s'accélère.

La gorge ceint d'une nouvelle gorgée de fumée, le blondin se détourne des pupilles noircis, le reste de sa conscience se perdant dans le flou contemplatif de songes qu'il ne parviendrait à formuler. Des questionnements insupportables qui viennent remettre en cause la tangibilité du monstre sans nom qu'il dépeint. Les hommes s'inventent des monstres tout les jours pour excuser les ravages battants sous leurs pas. Expliquant égoïstement que s'ils battent leur femme, oublient grand mère dans un vieil hospice, abandonnent leurs enfants, c'est la faute du monstre caché sous leur lit. Façon hasardeuse de trouver un raisonnement à leurs actes dits déshumanisés. Parce qu'il serait invraisemblable que la mal puisse être établi par l'humanité bienveillante et fragile qui pèse dans leurs sangs purulents. Idéologie bien trop insupportable pour être tolérée. Là où la bienséance de monstres de chairs et de sangs, se permettent d'évoluer sans s'excuser d'être ce qu'ils sont. Par prétexte qu'ils ne sont pas vraiment eux, que la sorcellerie, que le vampire d'à côté, les a ensorcelé. Une gratuité malsaine aux actes les plus sordides. Mais une gratuité qui fait du bien.

Et si au final, y'avait pas d'monstre à voir. Si au final, c'était juste moi... le monstre du miroir.

Le corps se défait, s'élance pour fouiller dans le tiroir du guéridon. Tâtonne le fond, éparpille morceaux de papiers, stylo et cadavres de paquet de clope, jusqu'à sentir, sous la pulpe de ses doigts, le pendentif en argent. Un bijoux forgé minutieusement s'expose à la lumière. Il en observe les gravures complexes qui cadre une pierre précieuse à l'ardoise de couleurs rares. Une étrange lueur semble morde l'intérieur du lapis lazuli, s'intensifie étrangement une fois en contact avec sa chaire. Cachée dans le creux de sa main, l'homme s'assoit en bout de lit, lui tournant sciemment le dos.

-"J'ai un truc pour toi... avant d'te le donner, tu dois m'promettre de ne jamais t'en séparer. C'est important..." ses lèvres se pincent, dans l'ombre d'une lumière tamisée, les traits de son visage se tirent de façon énigmatique "elle te protégera de moi... de nous..." les sourcils se froncent, le faciès se tourne pour la fixer durement, le timbre de sa voix alourdie en des notes indéchiffrables "si l'pendentif te plait pas, tant pis, fourre le dans ta poche, peu importe... contentes toi de le garder sur toi. Il te rendra invisible à ses sens...A elle. "

C'était sans se douter, qu'il vivait les deux heures à ses côtés.

...

Pas d'ouïe, la bête sourde n'entend pas, les bruissements du spectateur affable qui se cache dans les feuillages. L'odeur du sang comme seul guide, à ses faims sordides. Elle gronde. Elle hurle. Recroquevillée sur ses genoux décharnées. Ses griffes acérées rognant rageusement la terre humide et glacée. Elle trépigne, et traîne ses pas gigantesques dans le coeur de la forêt. Des embruns chaleureux parviennent du capuchon fumant au dessus d'une toiture vieillotte. Une maison abandonnée, vieille de trop d'années, squattée par un groupe d'individus enivrés d'alcool et de substances illicites. Un sourire malin s'étire sur la gueule béante, là où toute trace d'humanité semble l'avoir quitté.

...

Un cri strident d'outres tombes agite, frénétiquement, les corps orchestrés dans la vieille maisonnette. Se braquent à l'approche d'un danger que les cellules de leur cerveau saisissent, avant même qu'ils n'en aient réellement conscience.

-"C'était quoi c'putain de bruit ?"
-"Wtf, Hugo, c'toi ?" que lance la plus jeune du groupe, à l'homme tendant sa verge par dessus la fenêtre pour imbiber l'épais feuillage de sa pisse.
-"Quoi ? J'ai rien entendu moi..." qu'il marmonne d'un ton pâteux en rangeant son bordel.
-"Franck ?"

Un hurlement se fait entendre pour toute réponse. Un truc qui glace l'os, faisant se raidir violemment l'assemblée de junkies. Ils se scrutent tour à tour de regards mal assurés. Hésitation générale, slalomant entre délires hallucinogènes et peurs tangibles du mal rodant à l'extérieur.

-"S'est p't'être juste coupé un doigt en coupant l'bois." chuchote un grand brun squelettique, assis dans le fond de la pièce jonchée de décombres "j'vais jeté un oeil...bande de mauviettes." qu'il crache en se redressant, bombant son torse plat pour se donner un semblant de courage.

A l'extérieur, la lune dessine des ombres malignes qui semblent accroître l'imagination hallucinée de l'homme. Ses pas sont mal assurés, bien plus que ceux l'ayant conduit jusqu'à la sortie. Ses yeux captent multitudes de formes cauchemardesques que sa conscience se rassure inventer. Motive son pas à se presser jusqu'à tomber sur un amas de branches grossièrement laissées au sol.

-"Franck ?"
Crack.

Le craquement se fait entendre dans son dos. Le fait faire volte face, un peu trop rapidement. Sous la tourmente de ses sens, le regard capte deux billes rondes, d'un gris graphite, darder sa lueur macabre sur son visage. Ses longs doigts en griffent acérées, enlacent la mousse humide de l'arbre auquel elle se tient. Ses longues jambes démesurées, lui confectionnent une position d'autant plus sordide, comme repliée sur elle même. Son visage difforme, allongée et osseux, comparable à un squelette de chaire diaphane. Étrangement limpide. Fine au point que les organes rétractés sous son derme deviennent apparents, sous le jeu d'ombres lunaire.

Un hoquet d'effroi secoue l'homme, dont la silhouette se brouille de spasmes incontrôlables. Les commissures des lèvres pales se rehaussent légèrement à cet effet, dans un rictus qui laisse entrevoir la rangée aiguisée de dents encrassés de chaire fraîche.

Bouge mon mignon... avance ou recule.. dans tout les cas, je t'ai eu.

L'homme fait un pas en arrière. La créature ploie l'échine comme un léopard, poussant un hurlement suraiguë au pouvoir tétanisant. La carcasse du brun s'étale lourdement au sol, projeté violemment en arrière par la puissance infernale du son. Ses bras battent le sol, glissent, le fait se heurter à nouveau contre le par terre. La peur, l'angoisse, l'effroi lui lèche violemment le corps et le prive de toute conscience logique. A peine parvient-il à se redresser pour s'élancer, que la bête surgit derrière lui, enfonce son faciès contre le sol terreux. Son haleine putride lui effleure l'oreille, la nuque. Hume sa chaire, sa peur, son sang battant follement contre ses veines.

La bille n'a pas le temps de monter dans l’œsophage de l'homme. La faim prend le dessus sur les instincts sadique de la créature qui grogne, une ultime fois, avant de mordre férocement, fouillant les viscères, barbouillant sa gueule monstrueuse d'hémoglobines chaleureuses.

(c) mr.chaotik
Revenir en haut Aller en bas
Anonymous
- Invité -
Invité

Little Dark Age Empty
MessageSujet: Re: Little Dark Age  Little Dark Age Time-m10Mer 30 Jan - 21:49

Je suis fatiguée. Les traitements me fatiguent. Mon travail me fatigue. Je suis fatiguée d'être ce que je suis pas, parce que ce que je suis ne peut pas être. Fatiguée d'être personne. Une succession de symptômes et d'effets secondaires. Je crois pas que Dieu existe - ou alors il me déteste. Quel genre de dieu peut faire ça à quelqu'un, à un enfant qu'il aime. Lui donner une existence... et faire en sorte qu'il ne puisse pas exister. Pas naturellement, pas sans couverture.
J'ai rien demandé, moi. C'est vous, qui avez décrété que ma réalité n'était pas la bonne.


Elle se tord, la bête. Elle râle, éructe, le corps secoué de spasmes, les pattes enracinées au sol, toutes griffes dehors. Bruits de succions atroces et crachats dantesques, litanie animale sans un sens de la mesure.
Elle tousse, frémit - expulse l'amas de poil hors de son gosier. Et sursaute, offensée d'avoir été ainsi toisée, violée dans l'intimité d'un moment de vulnérabilité. Elle s'en va sous un meuble, punir l'impie par le silence.

Et Vesper soupire. Vesper se vautre et s'allonge à même le sol. Une tige s'embrase de doigts à lèvres et passe de lèvres à doigts, en allées-et-venues mécaniques; dans la morosité de l'ennui, la déchirure de sa solitude. Vesper pèse au gramme, les restes de son instinct de conservation ensemencés à la terre stérile de ses névroses léthargiques. Dans l'un de ces instants de vie nuls que l'Histoire ne retiendra jamais, où il n'est ni désastre ni grands hommes, pas un bonheur terrible ni même une ire dévastatrice : seulement la dépression morne d'une insoutenable fatigue.

...

« Vous existez, Vesper. » Et il s'enlise, le ponte, l'érudit. Tabasse les évidences pour réassurer l'être et endormir la pulsion, étouffer la mauvaise idée dans l’œuf de sa petite caboche. Bientôt il va lui monter les traitements aux nues, lui dire que ce sont seulement des béquilles, des aides à la liberté d'expression. Remâcher en somme, le discours qu'on lui serine depuis près de quinze ans. « Qu'est-ce qui vous tracasse vraiment ? »

Mais il n'en fait rien, le Docteur. Surprise par le bon sens, autant qu'elle a pu l'être des syllabes italiennes fluides qui lui échappèrent lors de leur première rencontre, Vesper se raidit pour se radoucir - largue un soupir, étire un silence avant de lâcher, durement et de mauvaise grâce.
« On a changé d'horaires. Cette fille, elle avait besoin de sa soirée. Maintenant je travaille de nuit. Je peux pas travailler de nuit, je ne dors plus après. Je vais passer la nuit debout et elle m'a pas laissée lui dire que ça me dérangeait. »
- Vous avez le droit de dire non. »
Elle laisse échapper un rire, devant l'ingénuité du bon docteur, qui devait bien finir par poindre son nez. Et dans un trésor d'esprit à cet esprit qui n'en a pas toujours, elle s'autorise à sourire, Vesper, d'un simple « Non. »
Il faut exister, pour avoir droit de refuser.

...

Un collier pend dans le vide au bout des doigts de Vesper, prisme de couleurs irréelles, embellit un peu les lueurs blafardes d'un studio HLM. Elle y pense, à Lui. Elle y pense d'habitude, ces derniers temps. Elle y pense comme s'il était à côté d'elle, invisible, comme une chaleur de peau qui caresserait parfois la sienne. Comme un symptôme, elle y pense ; comme une chose qui ne doit pas être tout à fait réelle et dont elle devrait parler, mais qui lui donne l'impression d'être son seul reste d'elle-même, dans l'identité factice des médicaments béquilles.
Et elle y pense encore plus cette nuit, dans la solitude effroyable d'un sommeil où elle ne s'échappera plus, d'une chatte qui la boude. A la sensation qu'il lui donnait d'être normale un peu plus longtemps que les autres - elle a couché avec des tas d'autres hommes, des femmes, Vesper, parce qu'on est tous égaux nus imbriqués les uns dans les autres. Mais avec lui, même après, dans ses dérives, elle se sentait moins seule au monde. Elle est assez grande maintenant pour savoir ce qu'en disent les psychiatres, qu'ils parleraient d'un cas clinique de rejet et délire construit mais elle y croyait, Vesper. Elle l'enviait. Pour ce monstre qu'il décrivait et qui donnait l'impression de la décrire, et qu'il ne subissait que par intermittences. Finalement le sentiment d'être seul à deux n'est plus devenu qu'une illusion parmi toutes les autres.
Tu as la vie facile, elle s'est dit, Vesper.
C'est facile si c'est t pas tout le temps

Et puis, elle l'a oublié. Dans l'explosion atroce et merveilleuse des sensations et des images, d'abord- puis dans la léthargie grisâtre d'un quotidien qu'il faudrait bien devenir fière d'avoir conquis.
Dans l'abandon caractérisé de cet homme. Dans la trahison qu'elle aurait dû prévoir.
Alors, elle ne sait très bien pourquoi elle y pense ; ni pourquoi elle a gardé ce foutu collier.

Dans un miaulement égoïste, une griffe enfoncée dans son jean invoque son réveil, un peu d'attention dans sa déprime infertile - et de la bouffe, surtout.
Vesper se fend les gencives pour ne pas balancer l'animal au mur.

Elle se demande dans une morbidité passive, combien de temps il faudrait rester là, sans hydratation ni nourriture, pour s'éteindre en n'ayant rien commis de l'activisme effroyable du suicide. Si Chatte mourrait avant elle ou si elle la dévorerait pour survivre.
Réalise dans un spasme horrifique, que pour s'éteindre elle n'a qu'à tendre le bras, vers cette carte d'abonnement perpétuelle à l'industrie pharmaceutique. Qu'une trentaine d'amis dorment dans leurs petites plaquettes en plastique, tous prêts à lui porter assistance, se livrer au meurtre altruiste. Ce même frisson d'angoisse fait relever son corps au sol d'un bond terrible - à surprendre la petite chatte, qui s'enfuit aussitôt vers des coussins moins rétifs que ses cuisses. Quelque chose se réveillent pour haleter, les instincts de vie de son esprit malade. Fais quelque chose.

...

Vesper marche dans les feuillages, sous les rayons d'une lune timidement cachée dans la brume, figure pâle de chaperon rouge sans la cape idoine. Qui n'a même pas la prétention d'être jolie, d'ailleurs, engloutie dans sa veste et le visage creusé par les cernes et les mélancolies. Dans une main, le pendentif qu'elle s'obstine à agripper, sans trop savoir pourquoi ; dans l'autre, une monnaie d'échange en petits cylindres blancs. Les junkies sont connus, dans le coin - d'elle et de tous les autres. Et ce soir, Vesper se moque de la pharmaceutique. Si elle doit partir, elle s'en ira dans un éclat ; une explosion de sens et d'oubli.

Elle avance et la nuit hurle pour l'accueillir.

Et puis, l'odeur ; des embruns âcres, tièdes, comme une giclée de rouille dans la terre, le bois et la mousse. Et puis, les bruits de succions et d'aspiration, décuple de Chatte quand elle mange ou qu'elle dégueule. Sous les rayons opalescents, l'ombre translucide jette des éclats de rouge dans la terre, le bois et la mousse. Un tas de rose fumant crache des gerbes carmines par tous les orifices creusés, dans un flosh flosh horrible.
Comme des céréales oubliées.
Elle en lâche tout, Vesper - le collier, les cachets tombent mollement sur l'eau durcie qui lui craque sous les semelles. Elle se maudit dans un juron et se frotte le front dans un frisson, pour effacer la vision atroce d'une hallucination recrudescente. Pas maintenant. On y est presque.
Vesper s'agenouille dans le givre pour reprendre collier, glaner quelques cachets, les frotter sur sa manche.

Et quand elle lève les yeux, l'ombre translucide, à quelques centimètres à peine. La forme sombre couverte des éclats de rouge et les relents tièdes qu'elle projette sur son visage, billes avalées par des trous noirs scrutant la nuit alentours. Les spasmes morbides de sa silhouette puissante et malingre, les exhalaisons putrescentes de ses chairs livides... L'odeur, affreuse. La respiration, sifflante. Les organes, apparents. Et la consistance, si tangible, si irréfutablement présente. Elle tend la main, Vesper, dans un dégoût profond et fasciné pour les horreurs de son esprit malade. Mais l'ombre bondit et disparaît dans les ombres.

Et le tas rosé reste et fume toujours.

Vesper rampe jusqu'à la vision de cadavre, se penche sur le sang qui s'en échappe - qui scintille avant de s'éteindre, terni par la sécheresse. Les organes qui se contractent encore sous les enveloppes béantes de sa panse. Vesper gémit, d'angoisse et de douleur profonde, empoigne sa tignasse et tire pour arracher la vision à ses neurones en déroute. Fourre le collier dans sa manche pour y chercher son téléphone, s'aperçoit qu'il est resté chez elle, quelque part au milieu du capharnaüm. Elle se tasse, se recroqueville, griffe la chair de sa nuque dans une supplique spastique et sourde. Ne comprend pas - pourquoi, pourquoi maintenant, sous traitement. Pourquoi ça.

« Alex ! Al... » Un, deux, trois hommes. Trois hommes cavalent et accourent. Trois hommes regardent et voient la même chose qu'elle. L'un gémit, l'autre crie, le dernier gerbe. Tous titubent, tous manifestent incontestablement une horreur à peine supportable.
Vesper sent son coeur s'arrêter, de terreur ; et la cage de son corps se glacer tout autour. « Qu'est-ce que t'as fait ? »

Elle entend des injures.
Voit l'éclair d'une petite lame sous les opales de la lune.

...

« Je m'en moque si tu me dévores. »
Il y a de l'aplomb dans les mots ; une chaleur certaine dans la voix qui les porte. Le collier serré malgré tout dans son menu poing - pour ce qu'il est, un cadeau, un rendez-vous, une promesse de se revoir - Vesper adresse un minois ferme au jeune éphèbe qui la jauge. Rechigne à rentrer dans les détail de cette déclaration sans logique, pour apaiser les craintes qu'il pourrait avoir sur le sérieux dont elle fait preuve. Se refuse à le dire, qu'elle a encore dix ou quinze belles années devant elle. Qu'après ça, c'est la démence qui la mangera, la démence ou son traitement lui-même. Légume pourri de l'intérieur par ses propres monstres, sans même une engeance pour pour imaginer que son passage n'était pas totalement inutile en ce bas-monde.
Vesper se contente d'accrocher le collier à l'emmanchure de son corps nu ; de se lever et de se pendre au cou de l'Autre. De l'attirer contre elle, sur le lit, sur elle, d'accrocher sa peau et de gronder sur ses chairs. Elle savoure la dureté de son corps, embrasse la douceur de ses lèvres. Et s'émeut, enfin, un peu de l'attention - mécanisme de défense qui ne tombe plus mais se baisse, rouillé, grinçant. Attendrie par cet homme qui se soucie de son bien être, ou de la revoir, sans s'autoriser vraiment à y croire. Sans cesser de se demander quand il sera lassé, quand l'abandon qui doit arriver surviendra ; guerrier épuisé par un combat qu'il ne peut pas gagner. Quand une autre arrivera et qu'elle sera normale, et qu'elle sera douce, et qu'elle sera normale. Patiente. Reconnaissance Quand il y aura de la récompense à mener ces batailles, contre soi-même et contre le monde ; et pas l'ingratitude d'une fille qui ne supporte plus que les monstres.
Mais elle n'est pas encore là, l'autre.
Et, dans une mélancolie affligeante, Vesper se convainc d'en être contente.
« Je préfère que ce soit toi, ma fin, que la vraie fin. »
Revenir en haut Aller en bas
Anonymous
- Invité -
Invité

Little Dark Age Empty
MessageSujet: Re: Little Dark Age  Little Dark Age Time-m10Jeu 31 Jan - 5:23

† little dark age †


❝ Ce n'est pas de ta faute. C'est de la mienne. Je n'ai rien d'humain. Je n'ai pas de cœur. Ce n'est pas de ma faute. Ce n'est pas une faute. Je n'ai juste pas de cœur. ❞




La bête se redresse. Grognements gutturales. Râles profonds. Onomatopées de satisfaction. Puis des boom boom, qui s’élancent, suffocants et grisants, contre sa paume décharnée. Là où la paluche squelettique à trouver foyer, entre les os du thorax pour effleurer habilement l’organe jouant sa dernière chamade. Boom. Boom. Boom. Shlag. Les griffes l’ont enserrés, une dernière fois cajolées, avant d’arracher l’organe et ses viscères dans une flopée carmine. Elle s’en badigeonne la gueule, la créature. Laisse couler avec gourmandise le sang sur ses pommettes osseuses, sa peau nécrophage teintée du pourpre chaleureux des entrailles qu’elle savoure, par filet ferreux entre ses dents rageuses. Parce qu’elle déchiquette pour ce qu’il en reste, de cet amas brouillon. Chiffon en lambeaux qui n’a rien de plus humain, qu’elle. Les serres se retrouvent rapidement vides. Plus rien à mâcher. Si ce n’est cette sensation outrancière d’être dévisagé.

Tu me vois. Elle sent. Sans sentir. Elle voit. Sans voir réellement. Une luminescence opaque en irruption bleutée qui vient se fracasser contre sa vision. Rayonnante d’une splendeur qui fait mal. Y’a une silhouette, derrière. Dans cette bourrasque insupportable de lumière. Comme le soleil, en plus douloureux pour les orbes crevés qui se détournent, aussitôt. Comme frappé de plein fouet par l’innommable.

Un grondement sourd émane des profondeurs viscérales de sa gorge assoiffée. Elle fuit. Dans un cri plus noir que la nuit. Elle fuit, vite. Trop vite pour n’être autre qu’une chimère capturée puis évadée dans un battement de cils. Elle ne t’a pas vue, mais moi… je t’ai eu. Ses appâts goulus l’attendent chaudement, quelque part, entre les artères obscures d’un lieu qu’elle voit défiler à la vitesse surhumaine de ses pas. Ses jambes longilignes et anémiées faisant siffler l’air contre sa silhouette nauséabonde, ses orbes limpides se figent à l’entrée d’une porte en chambranle. Les corps visés ont disparus. Ne laisse qu’une âme désuète aller à ses délires névrotiques. Trip plus mental qu’hallucinogène, fait se tordre le faciès d’expressions exagérées. De celles qui se contrôlent pas. Accompagnant ses délires mentaux à des chuchotements soupirer entre ses lèvres tremblotantes. Des larmes de sueurs lui dégoulinent sur le front. Ses jambes recroquevillées sur son torse en barrière futile contre les démons obscures qu’elle semble être la seule à voir. Parce qu’il n’y a nul autre démon que celui qu’elle ne voit pas. Éperdue dans les nœuds psychotiques que lui provoque son cerveau. Et elle pleure. Pleure de ses larmes salines. Creusant un peu plus fort le bide arrondie de la bestiole qui l’observe, dans son infini sagesse, à assister aux tourments houleux qui la ravagent. C’est beau. Toute cette douleur. C’est presque trop.

Les phalanges nébuleuses s’accrochent au cadrant de la fenêtre, approche sa face curieuse du carreau poussiéreux. Et elle se balance, la mioche. La tête enfoncée entre ses jambes, laissant comme festin au sadisme de la bête, le remous de ses épaules secouées par ses sanglots. Et elle balance, encore. Plus frénétiquement. Pinçant sa chaire de ses ongles rognées. Elle perd de son intérêt, la gamine, avec ses longs cheveux bouclées. Les perles maintenues dans ses cheveux comme seuls souvenirs, des quelques instants où elle a pris soin de son apparence. Une apparence qu’elle a appris à oublier avec le temps. Une apparence, que personne n’a jamais vraiment remarqué. Pas assez sûre d’elle. Pas assez adulée. Celle dont on oublie le prénom en lendemain de soirée. Celle qui s’assoit dans le fond du canapé et engloutit, verre de punch sur verre de punch, dans l’attente désespérée qu’on la remarque. Mais personne la voit, jamais. Elle est seule. Sauf quand elle est droguée. Là elle est drôle. Là elle vaut le détour, la pupille éclatée. Les amphétamines l’ouvrant à ceux qui l’ont jamais regardé. Elle rit, elle sourit. La mâchoire déraillé par la pression musculaire spasmodique de la substance. Mais elle s’en foutait… Elle s’en foutait jusqu’à ce que les prémices du règne adolescent la range au rang de droguée. Creusant son trou dans le tissu social des oubliés.Des maltraités. Ceux dont personnes ne parlent, parce que de toute façon, c’est leur faute si l’aiguille qui les perce, fini par les faire crever.

Mais elle va crever. Et tout ça, c’est terminé.

Parce qu’on a rien sans rien, jeune fille. Et elle n’a plus rien d’intéressant, la gamine. Se cachant au seul spectateur vicieux capable de patienter, juste pour l’observer. Combien l’ont fait ? Et elle perd quelques minutes futiles de sa vie, à ainsi masquer ce qu’elle n’a jamais voulu révéler. Préférant se taire, les doigts dans la bouche, dans le fond de la gorge, plutôt que de dégueuler la vérité. C’est triste. Triste à pleurer. Personne ne saura, personne ne verra. Elle n’aura rien dit, elle aurait failli. Maintenant que la bête s’est impatientée. Faufilée discrètement contre les murs en ruines de la maisonnette. Elle ne l’a pas entendu. Ni même vue. La bête se glisser derrière elle. Ouvrant grands ses mirettes sépulcrales, ses canines cannibales… Le hurlement est à percer le crâne. La gosse se raidit violemment sans lever la tête. L’enfonce un peu plus profondément en accentuant ses balancements. Elle devient frénétique. Hurle à son tour, de cette façon étouffée par l’étreinte autour de ses cuisses. Elle hurle pour ne pas entendre, la bave qui coule contre son imperméable. Flick. Flack. Flock. La salive acide. L’odeur nauséabonde. Mais rien agit, son coeur se soulève plus, là où il a déjà atteint les hauteurs inespérées d'un ultime shoot.


- "Mup ! Qu’est c’que tu fous ?! Range cette lame bordel… t’es malade… regarde là, c’est qu’une pauv’ meuf. Repose moi ça gros, fais pas l’con", le geste paniqué, la main tremblante, Hugo s’agrippe à l’épaule de son ami pour le retenir d’avancer. Les phalanges blêmies sur le cuir de son blouson. La pression fluctuant dans le corps tendu comme un arc sur ses deux jambes trapues.

La silhouette face à eux semble dématérialisée. Bizarrement grotesque dans le paysage. Son capuchon vissé sur le haut du crâne, laissant à peine entrevoir son désespoir, ses menottes tachées de sang partiellement recouvertes de ses manches. Avec son regard halluciné. Ses iris braquées sur le poignard. Comme prête à s’y élancer, se jeter sur la lame pour disperser ses fluides organiques avec ceux d’Alex. Alex. A peine reconnaissable au tissu vert de son hoddie déchiqueté, des touffes de ses cheveux longs, d’un jais presque parfait -s’ils n’avaient été aussi gras, germant d’un bout de crâne défoncé. Les hoquets chargés de biles de Tommy résonnent par delà la contemplation mutuelle des faciès qui se dévisagent. Sans trop parvenir à démêler les raisonnements fragmentés qui les secouent.

-"Les gars, j’me sens vraiment pas bien…", coupe tommy; virant au vert, ses yeux rougis tournant évasivement sous ses paupières.

-"TA GUEULE ! VOS GUEULES !!! "braille Mup, la lame toujours tendue en direction de l’intrusive s'agitant spasmodiquement.

-"on est foutus...on va tous crever ici... bordel.. bande d'enculées... c'était votre idée.." grogne Tommy en s'adossant contre un arbre, chancelant. Une main enfoncée dans son blouson à la recherche d'une cigarette.

-"On est seuls dans cette forêt d'merde... on est qu'entres nous bande de cons, et elle, qu'est ce qu'elle fout là ? Regardez là, elle sait parler au moins ?" la tête de Mup se penche sur son épaule, dévisageant de haut en bas la silhouette fine "TU VAS PARLER FUCK !!"

Mais y'a un nouveau hurlement. Et ses bruissements de plus en plus précis qui se fondent sur eux. Rapidité fulgurante et agile, qui trace, dans la clarté diaphane de sa silhouette, d'évasives striures blanchâtres. Les orbes dilatés de terreur tentent de capter les dessins anarchiques entre les broussailles. Activant les pouls qui pulsent, follement, contre leur poitrail asphyxié.

Puis un corps. Extirpé du ciel. Tommy disparaît, hissé entre les branchages impétueux de l'arbre auquel il était adossé. Volatilisé dans un bruit de craquement dégueulasse. Des os qui se brisent, de la chaire qui s'arrache puis... la tête, béate d'une gueule effroyable qui vient s'exploser à leurs pieds, roulant mollement contre les baskets d'Hugo, tétanisé. Mup se met à courir à toutes jambes. Mais Hugo reste là, seul au milieu de nul part. Résigné, quelque part. A sentir à son tour, la mort le faucher de ses griffes imbibées du sang de ses amis.

Alors qu’est ce que ça fait ? De voir ce qu’on a toujours rêvé d’avoir ? Un monstre. Un vrai. Pas celui que t’as inventé. Pas le prince croassant attendant son baiser. Non. Le vrai. Celui qui n’a rien en magasin pour dissoudre le mal qui s’éveille en lui. Le monstre sans sa crinière d’argent. Celui dont le crâne dégarnie et grossièrement putréfié se met à transpercer la nuit. Sans haine et sans colère. Alors Ves, ça t'plait ?

(c) mr.chaotik
Revenir en haut Aller en bas
Anonymous
- Invité -
Invité

Little Dark Age Empty
MessageSujet: Re: Little Dark Age  Little Dark Age Time-m10Mar 5 Fév - 13:04

Tout le monde a un monstre en lui - un gouffre d'ego, un trou avec des dents, qui le dévore de l'intérieur s'il refuse de dévorer un peu l'autre. On exhibe nos photos, nos opinions, nos vies dans l'attente maladive d'un peu de validation. Certaines personnes s'endettent sur des années, pour des choses inutiles, juste parce qu'on leur a appris que ça ne suffisait pas d'exister, il faut exister plus beau et plus cher que l'autre. Des femmes vont dans des endroits très officiels signer des papiers très administratifs, lancent des transactions agréées et horriblement chères pour laisser un chirurgien les mutiler. Et personne ne réalise la violence qui est commise, la charpie d'os et de chair qui leur est infligée juste pour éprouver le sentiment de mieux correspondre à des attentes sociales ou esthétiques. Mais pour dieu sait quelle raison, une fille se fait une petite entaille sur le bras pour exulter son mal être, et c'est de la déraison. Des patrons torturent leurs employés, les plongent en enfer, leur infligent des dommages irréversibles au nom d'une simple pulsion de sadisme et puisqu'il n'y a pas d'acte de violence, personne ne voie la folie qui se cache derrière. Mais frappez une femme dans un bar parce que sa seule présence vous fait sentir minable, et vous êtes un aliéné. On laisse des couples faire des enfants pour se sauver eux-même et on enferme des tueurs ; alors que quand on y réfléchit, il faut être beaucoup plus tordu pour créer un être entier, fonctionnel , complexe, dans l'unique but de se soigner soi-même, que l'homme cédant à une pulsion commune à l'entièreté du monde animal autour de lui.
Je crois pas que les fous sont plus fous que les autres. Je crois qu'on est juste trop stupides pour le cacher. Le problème c'est pas ce qu'on voit, ou ce qu'on fait ; c'est le code qu'on n'a jamais intégré et qui vous donne la liste de ce qui est acceptable et ce qui est intolérable. Une liste complètement arbitraire inventée au fur et à mesure des zones de confort, dans laquelle on apprend notre propre zone de confort. Tout ça, c'est une question de bon et de mauvais élève dans la grande classe de la vie en communauté.
La folie, ce n'est pas moral. C'est social.


Et elle reste là, Vesper. Vautrée dans la boue, ptite et intangible, à tenter de démêler le faux du vrai. Les hallucinations dans les cris qui résonnent, les mirages dans le sang qui lui repeint les menottes. A se demander à quel moment elle a commencé à construire le bâtiment de son délire, pour se retrouver là, agenouillée dans la nuit de gel, un cadavre dans les pattes. Elle se demande si on peut rejeter son acte au point de regarder, en dehors de soi-même, un monstre le commettre à sa place. Si elle l'a vraiment commis, cet acte qu'elle était condamnée à commettre un jour et surtout pourquoi, pourquoi lui, pourquoi là. A quel moment, entre la boule de poil et les envies d'éclater le chat sur le mur, elle a pu perdre le fil de ses traitements ; ou alors, c'était avant, dans le changement d'horaire. Ca a fait son chemin dans l'égrainage des heures et des envies suicidaires ; le retour à sa véritable nature dans le lever des voiles chimiques.
Et elle a peur, Vesper - plus qu'elle ne se sent coupable, plus qu'elle ne plaint le pauvre hère. Peur des sirènes qui hurlent et des gyrophares, peur de la vie qui ne vaut plus la peine d'être vécue, entre les murs d'un asile à jamais.

Elle accueille les menaces et l'éclat de la lame avec bonhomie derrière ses larmes inutiles. La Liberté ou la Mort, tout ça est très lyrique, mais elle n'a surtout plus tellement le choix, Vesper.

Et puis ça s'agite, ça se dispute, ça théorise, au dessus de son corps aphasique. Ca les encercle dans un brut prédateur de feuillage et ça disparaît d'un vol surréaliste en l'air. Vesper lacère la chair de son cou dans un gémissement nerveux, incapable de comprendre, de saisir l'instant, quand l'un des plus capables s'enfuie déjà à toutes jambes. Et c'est trop, même pour elle. Trop d'odeurs et de solides, trop d'êtres qui réagissent de concert à une menace venue d'ailleurs. Comble de l'absurde, c'est le doute qui s'installe dans la certitude de bonne élève de son propre délire.
« Tu m'as vue ? Tu m'as vue faire quelque chose ?! »
Vesper couine, à l'adresse du dernier en lisse - aussi déréalisé qu'elle, planté comme une statue de sel, la bouche qui psalmodie des syllabes incompréhensibles. Elle s'impatiente, déjà - incapable de patience. Se relève, vibre, chancelle et s'agrippe à ses fringues ; elle le secoue dans le ménagement inexistant de ses neurones en vrille. Elle hurle la détresse folle qui la dévore de l'intérieur.
« Est-ce que tu me vois ?! »
Est-ce qu'elle est là, face à lui, quand les horreurs sont commises. Est-ce que l'innocence est prouvée dans son irréfutable présence aux yeux témoins plus crédibles.

Et elle se tire, Vesper, en l'absence de réponse satisfaisante. Elle l'abandonne et fuit, incapable de supporter d'avantage la réalité, ou non, de cette scène de crime. Le petit chaperon rouge s'enfonce dans les sous-bois, s'écrase et se recroqueville contre un arbre au plus profond de la végétation. Elle enferme son corps dans l'étau de ses bras pour s'empêcher d'atteindre les autres. Elle pleure, la fillette, sanglote sa détresse totale et son incompréhension pleine, à cette nuit délirante sans preuve formelle de ses délires. Macule ses fripes du sang d'un autre, menottes contractées autour de son jean pour s'empêcher de bouger. Elle attend que le monde passe et la nuit la tue, dans un balancier compulsif, un ahanement de désespoir.

Et ça s'agite, de nouveau, les feuillages et leur bruissement prédateur. Le type à l'éclat de lame émerge de sa course folle devant elle, s'arrête pour la considérer d'un oeil absent. Pas moins fou que l'autre, d'une folie seulement plus active. Elle l'entend haleter, tousser, souffrir de tout son corps de camé à quelques mètres d'elle.
« Qu'est-ce qui se passe ici putain ? Tu caches un truc. T'es louche ! Je sais que tu caches un truc ! »
Et il rue vers elle, l'aliéné, en quête désespérée d'une réponse satisfaisante. Il l'empoigne et la relève, comme tous les dingues incapables de ne pas entendre ce qu'ils veulent entendre. La menace de sa lame scintillante, animant la victime d'une agitation nouvelle. Vesper sent ses mains lui faire les poches, glaner d'un pragmatisme sans ménagement les cachetons éparpillés à l'intérieur. Et le collier, dont elle sent le poids délester sa veste, sitôt qu'il le prend.
« Non! »
Se réveille l'imbécile dans un sursaut de conscience, viscéralement incapable de perdre son bien en ces heures si sombres. Tentative de ruade rejetée d'une impulsion qui la renvoie au sol, dans sa boue gelée, son impuissance.

Et ils recommencent, les feuillages, leur agitation prédatrice. La créature émerge à son tour, de toute la hauteur de ses chairs translucides, sa gueule nauséabonde. Elle la regarde - et le substitut d'instinct qui demeure en Vesper sent que l'indifférence a laissé place à une faim dévorante, une fin imminente.
Instinct, qui réveille le bon sens - un miracle de logique, de connexion entre les événements d'hier et les horreurs de demain.

Vesper se redresse, arrache à la main de l'homme statufié par la bête hideuse, le pendentif-refuge d'u geste lest.
Elle entend plus qu'elle ne voit, la bête fondre sitôt sur lui dans un cri d'outre-tombe.

Elle se tord, la bête. Elle râle, éructe, le corps secoué de spasmes, les pattes enracinées au sol, toutes griffes dehors. Bruits de succions atroces et crachats dantesques, litanie animale sans un sens de la mesure.
Et Vesper reste là, vautrée au sol, le contemple ; éternellement gargarisée d'une fascination horrible.
« ... Svein ? »
Gémissement incrédule et suffocation de douleur.
C'est trop réel pour être fou ; trop irréel pour être logique. Après dix ans, et même si les preuves sont accablantes.
Elle éclate en sanglot, Vesper.
Je devrais être horrifiée. Je le sais, que je devrais. Des gens sont morts, parce que tu les as tués. Un massacre de film d'horreur, un cauchemar de gosse.
Je devrais repenser à tous ces cadavres et pleurer, oui pleurer, peut-être vomir pour y mettre un peu d'emphase.
J'essaye d'être une bonne personne. Peut-être qu'une bonne personne te blâmerait pour toutes ces horreurs. Mais il faut déjà que je me blâme pour les miennes, j'ai pas le courage de m'attaquer à celles des autres.
La seule chose à laquelle j'arrive à penser, moi, c'est que tu m'as abandonnée.
Que ça fait dix ans, et que tout ça tu aurais pu me l'éviter. Si t'avais fait ce que je t'ai demandé.
Mais tu t'en fous, toi. Tu peux me donner un collier pour arrêter de me voir - ce que c'est pratique tout ça.
Tu m'as laissée penser que j'avais commis l'irréparable, que j'avais pris ce chemin sans retour que nous terrorise tous, que j'allais passer le reste de ma vie entre des murs et des léthargies.
Et je pourrais te tuer, pour ça. Je voudrais te tuer, pour ça. Je voudrais prendre ce couteau et l'enfoncer, des dizaines, des centaines de fois, jusqu'à ce que je sois plus obligée de te regarder - qu'il y ait plus rien de reconnaissable à voir.
Je crois pas qu'une bonne personne réagirait comme ça.


Les mains s'enfoncent dans la terre, s'emparent de tout ce qu'elles trouvent pour les jeter sur la bête qui se repaît devant elle - bouillie de feuilles, de brindilles, du gel qui brûle et ankylose sa peau délicate sitôt qu'elle y plonge.
Elle le lapide, l'enfant inconsciente, ce monstre dévastateur qui en a dévoré tant d'autres.
« Va-t'en. Va-t'en ! »
Et le sens commun de la terreur se révèle derrière ses sanglots comme la folie pure et dure d'une rage sourde ; l'amertume trahie de la rancoeur dans ses pupilles foudroyantes. Ses hurlements de douleur imbéciles.
« Espèce d'enfoiré, va-t'en !»
Non, t'en va pas. Reste-là. Sinon ça n'a plus de sens - rien de tout ça.
L'absence de sens, c'est ça qui nous tue vraiment.


* dialogues en italien
Revenir en haut Aller en bas
Anonymous
- Invité -
Invité

Little Dark Age Empty
MessageSujet: Re: Little Dark Age  Little Dark Age Time-m10Mar 19 Fév - 20:07

† little dark age †


❝ Ce n'est pas de ta faute. C'est de la mienne. Je n'ai rien d'humain. Je n'ai pas de cœur. Ce n'est pas de ma faute. Ce n'est pas une faute. Je n'ai juste pas de cœur. ❞




Tu n'es qu'une poupée de porcelaine et tu craques, crack, sous ma semelle.

Les paluches squelettique griffent chaires et sol dans une bouillie intangible d'hémoglobine et de terre humide. La gueule dévorante s'esclaffe dans un hurlement strident en direction du minois délicatement parsemé des stigmates de la peur. La vraie. Effroyable. Languissante. Domptée par l'emprise de la bestiole, dont les chaines glaciales, lui enserrant l'estomac, excitent ses iris blanchâtres crevées d'une frénésie sans morale. Là où la lueur rédemptrice de la babiole s'attise, entre les doigts du fou, à l'oeil écarquillé. Affaissé d'une curiosité morbide, comme transmise par la démente silencieuse dont le souffle s'entrechoque sèchement contre son palais haletant.

-" ... Svein ? "

Une monotonie de syllabe qui ont l'air de lui faire presque mal, à la donzelle. Son nez pointé sur le bout de cette résolution surréaliste. La découverte d'un secret hurlé pendant des nuits, sans affabulations ni mensonges. La déflagration assommantes appartenant qu'à ceux, qui n'ont jamais acceptés de voir ce que les ombres s'esclaffent à lui prouver, flageolant leurs âmes ignorantes d'une vérité impossible à supporter. Le surréaliste annule toute forme de tangente vaine. Elle voit. Elle assimile durement ce qui semble amèrement lui secouer l'encéphale là où le monstre ne souffre d'aucune maîtrise pour s'offusquer de la rage, aveuglante, qui se met à battre ses mouvements.

La lueur passe de mains en mains. Le vaisseaux lumineux frappe la chimère nécrophage, une nouvelle fois, avec plus de force encore. Pliant son échine morbide à reculer. De ses pas gigantesques et pourtant, rendus si maladroitement mal assurés. La nuit s'apprête à tirer sa révérence. Elle le sent, la bestiole infame, lui gonfler les membres d'une vie qui ne lui appartient pas. Ses veines asséchées se gonflent un peu plus, à chaque instant, là où l'aube la presse à se jeter sur son dernier repas.

Et elle griffe. Elle cri. Insulte. Éructe. Comme une damnée.
La démente ou la bestiole. Aucune idée. Les deux s'accouplant silencieusement dans leur rage indéfectible. L'une de faim, l'autre de rage. A moins que ça ne soit l'inverse.

-" Va-t'en. Va-t'en ! "

Qu'elle hurle, répète, frappe frénétiquement de sa langue sèche. Une langue natale, un truc qui parle en l'homme dont la présence dissolue hurle silencieusement. Je te l'avais dis, petite. Que j'étais pire encore, qu'un enfoiré. Elle le savait, mais avec cette sincérité qui laisse à supposer qu'elle n'est pas vraiment vraie. Comme un mensonge publicitaire qui se veut être honnête, mais dont personne croit réellement. Trop beau gros pour être vrai.

Mais la bête reste indifférente. N'entend pas. Ne voit pas. Rogne ce qui reste à becqueter du corps réduit à l'état d'amas boueux d'os brisés et de chaires fracassées. Tableau ironique d'indifférence d'un monstre qui lentement, n'en est plus vraiment un.

La tête putride se redresse, un peu trop vivement. Le piaillement des oiseaux se fait brusquement entendre, au loin. Là où le rayonnement salvateur d'un nouveau jour s'étire, contre les falaises impétueuses qui les cadre. Ca piopiote et sonne, le glas d'une nouvelle nuit d'horreur. Le générique macabre défile, de visages réduit à l'état de bouillis, là où leur noms n'a pas eu le temps de s'inscrire. On entendra sûrement pas parler d'eux. On entendra sûrement pas parler d'elle. Et la bête guidée pour le plus animal de ses instincts, s'enfuit de tout regard pour se réfugier hors de cette luminosité infernale.

Ses os se contractent, gonflent et s'élargissent. Silhouette longiligne et tantôt indocile, hurle sa démence entre les murs de la maisonnette saccagée. Dégueulant sa dernière hystérie là on une chaire nouvelle se met à muer contre son squelette infâme de difformités. Le soleil imbibe brutalement la pièce, délivre une réalité encore plus frappante et glaçante, ainsi exposée. Le regard céruléen termine de germer des iris au voile démoniaque, ténu d'une fatigue lasse -rapidement remplacé par l'angoisse des images ingurgitées dans la soirée.

Elle est là. Vesper.


Son ombre hante la porte défoncée, se dessine et s'étire sur le sol. Comme menaçant la silhouette recroquevillée sur elle même -de honte, de pudeur, la jugeant silencieusement. Dans le fond de la pièce le blondin ne présente aucune égratignure. Seul le goût du sang et de la chaire lui brûle les gencives et l'enivre de se souvenir presque nostalgique de s'être repu. Les muscles dessinés de ses épaules, de son dos comme seule vision offerte à la démente, dématérialisée et presque hallucinée. Elle qui semble se perdre à le contempler pour ce qui lui paraît être des heures là ou quelques secondes d'incrédulités s'étiolent dans l'air saturé par le parfum de la mort.

T’as jamais eu besoin de moi. Pas autant que c’que moi, j’avais besoin de toi. Et puis, pourquoi t’es là ? Tu me suis. Tu m’as toujours suivi, depuis tout ce temps, tu as toujours été là, quelque part. Dans le fond de mon crâne. Et maintenant je te vois. J'suis peut être mort au final et toi, t'es pas vraiment là. Ca serait sûrement plus simple comme ça. Moi mort, et toi persistant dans mon enfer plutôt que toute existence.

Et il s'en persuade, le blondin. Ne rien mériter de plus que le feu éternel. Le monstre et sa gueule béante attisant en son palpitant, les sévices infernales qu'on incombent habituellement au diable. Il s'en veut, de se sentir aussi bien, là où la mort règne comme un vieux souvenir. Ca le flingue de l'intérieur, de ne pas être capable d'accepter le fait qu'il adore ça, quelque part. Toute cette puissance, toute cette force. Et ce goût ferreux auquel il devient lentement accro. Redoutant et attendant, avec impatience, le moment où il se réveillera pour reprendre un corps plus jeune, dénué de toute souffrance physique.

Ainsi repu, le coin de l'iris rallumé d'un feu qu'il se refuse à savourer. Une puissance renouvelée lui imbibe agilement les membres -membres sur lesquels il fini par se redresser, un peu trop félin pour paraître réellement humain. La carne revigorée, laisse le froid s'y frapper, s'y glisser, sans parvenir à la pénétrer. Un feu nouveau fait crépiter le foyer de son poitrail, ne ressentant ni faiblesses, ni les bouts de verres qui lui mordent les pieds sous ses pas. Il se rapproche, de cette silhouette tremblante. Sans émotion. Convaincu que le flottement de son esprit n'est que le résultat d'une faim qui a fini de faire cesser son coeur de battre.

La bête curieuse approche, dénuée de toute pudeur, de toute retenue. Elance une main contre la joue creuse d'une Vesper vieillie, ternie par des années passées à fouler cette terre bombardée d'âmes morcelées. La paume brûlante recouvre la moitié du visage, son pouce glisse sous des ridules à peine discernables, effleure une poche grisâtre sous ses cils qui n'osent battre. Son souffle retenu pour ce qui lui paraît être totalement inutile, l'homme s'empli d'un visage dont il découvre en avoir oublié les traits. Les contours de sa mâchoire, de ses lèvres, floutés par le temps passé sans pouvoir la contempler.  

T’as maigri. Et ton teint ? Ca fait longtemps que t’as quitté le soleil Romain. Puis c’est quoi cette odeur ? Tu pues l’angoisse. T’es belle. Pas belle comme une mannequin anorexique, mais plus comme un jeu d’ombre sur l’asphalt lors d’un couché de soleil. T’sais, celui qui a en été ? Le genre orangé.. Une ombre délicate et subtile à la fois.Un truc qui cache la laideur, sans pour autant la gommer totalement. Ouai. T’es belle. Toi et tout cet effroi que tu m’fais ressentir.

Parce que c’est dans la laideur la plus encrassée que la beauté se révèle plus aveuglante, encore. Maelström douloureux pour les mirettes qui ne parviennent à savourer sans souffrir, à s’ouvrir, sans s’éventrer la pupille. Ca lui a fait l’effet d’un choc, d’une onde maline, quand il s’est retrouvé à venir frapper, par nuit d’été ou journée d’hiver, contre le loquet de sa porte. A Elle. La monomanie infectieuse dont ses rêves céruléens ne parvenaient à se défaire. S’enchainant le poitrail au sien, poitrine saccadée et envieuse d’une chaleur encore juvénile, à cette époque. Une épopée sans romance, sans prince charmant, ni princesse à sauver. Quand les deux s’avèrent inexorablement maudit de l’encéphale jusqu’à la pointe des pieds. Et il en a avalé des soupirs, Svein. A s’en tirer des pneumonies visqueuses et incurables. Il en a dégusté des souffles, éclatés férocement contre son oreille. Il en a qu’à peine savouré, les fragrances sans sens, délivrées en absence de sentiments. L’émoi fragile d’un corps indocile à ses menaces fébriles de ne pas être suffisant, tentant de se complaire aux mains fragiles d'âmes dont il se fiche.

-"Qu'est c'que t'es au juste... mon enfer ou ma rédemption ?" qu'il articule, le monstre, du bout de ses lèvres rosées par le sang renouvelé entre ses veines.

Et il garde cette distance semi sécurisée. Dans l'incertitude de ce qu'elle est vraiment. Un fantôme ? Une hallucination ? Une chimère. Bizarrement soucieux, entre ses neurones fuckées, qu'elle sente l'haleine putride qui s'échappe de ses lippes meurtries. Le délire de ses méninges s'accentuent quand elle semble traduire des émotions, bluffé par le réalisme dépeint sur le faciès capable de traduire quelque chose de bien réel.

*dialogue en italien

(c) mr.chaotik
Revenir en haut Aller en bas
Anonymous
- Invité -
Invité

Little Dark Age Empty
MessageSujet: Re: Little Dark Age  Little Dark Age Time-m10Dim 5 Mai - 10:08

Et elle se repaît, la bête, indifférente et placide.
Une curiosité, à peine, tranche le voile opacifié de ses prunelles animales ; rai de clairvoyance humaine, comme l’aube constelle le sol de tâches de lumières à travers les feuillages. Et ça la flingue, Vesper – ni le monstre, ni les corps, ni le sang ni la mort mais cette indifférence. Cruelle réalité contre les fantasmes délires, la satisfaction horrible d’avoir attendri le monstre. Parce qu’il ne lui restait rien d’autre, Vesper, rien sinon le désir inavouable de se lover contre la panse gonflée d’un monstre. L’homme ? l’apollon sur son char de lumière, l’adonis dans son palais de débauche, le parrain dans sa pègre… l’homme l’aurait méprisée, l’homme l’a abandonnée. Ne restaient que les rêves, ne subsistait que l’espoir du monstre ; comme il ne reste qu’à la vermine rampante, les charognes égarées des infortunés.

Alors Vesper la suit, la bête : entêtée et déréalisée, une égarée tournée vers son étoile polaire, que les nuages d’indifférence dissimulent déjà. Elle titube contre les arbres, chevrote entre les flaques givrées, suit la piste peu subtile de sang et de pestilence jusqu’à leur ultime refuge. Voudrait égorger un à un les oiseaux qui pépient dans les hautes sphères de leurs promontoires, sonnettes d’alarmes pharmaceutiques, glas d’une nuit d’errance spirituelle. Les beautés de la nature la rappellent à son propre monstre, les délires sous la surface, la brèche prête à s’ouvrir sous ses pieds. Mais elle les repousse, Vesper, les gélules éparpillées dans le sang et la terre – celles qui l’attendent chez elle et son chat qui a dû piller les réserves de bouffe. Pousse la porte grinçante de la véritable allégorie d’abandon qu’est la cabane perdue, mirettes égarées sur la boule de chair blanche qui se tasse dans le coin gauche. Une épaule pour tirer les larmes, un dorsal des rivières ; alors, quand la carcasse se redresse et que son visage lui-même la frappe, ce sont des torrents qui envahissent son âme. Brasiers de haine et volcans d’amour, plus qu’un frisson, c’est un séisme qui lui secoue le corps. Et l’homme ne lui renvoie rien puisque l’homme la méprise, que le monstre est aveugle – prince vampire dans l’armure marmoréenne de ses propres chairs. Vision de beauté horrible renvoie la démente à sa propre laideur, sa faiblesse pathétique, son ridicule substantiel. Vesper vibre quand il la touche, laisse s’étaler le sang frais sur son visage crayeux sans y prêter un regard : tout ce qu’elle voit et peut voir, c’est sa solitude affreuse, son abandon placide.

Je suis rien.
Je suis une cabane perdue cernée par les cadavres.
Arrête de me mentir.

Vesper remue la frimousse glacée contre la main brûlante, nez groggy dans les chairs de pierre blanchie, incandescente. Si dures. Les lèvres caressent une phalange et s’y retroussent, les dents trouvent la peau pour s’y ouvrir. Elle mord, de toutes ses forces, la perfection revigorée de l’adonis à la peau argentée. Enfonce ses quenottes dans le vaisseau des crocs acérés, en un vain espoir de revanche, de compétition, d’égalité. Tremble de son échec à la moindre percée, convulse d’impuissance à entamer un peu de cette insupportable beauté. Relâche et écarte la main d’une gifle vive, claquement de chairs mat dans le silence mortuaire de la cabane. D’un maigre pas de recul, l’aliénée frotte, étale le sang séché sur son visage pour oublier le contact. Car ni le sang ni les exhalaisons du cadavre frais à leur coté ne l’attriste tant que l’intangible caresse.
Elle aimerait, Vesper – qu’il ne soit qu’un délire, une pensée malsaine, une brève évasion des murs étriqués d’un asile. Tout plutôt que cette tragédie de laideur, plutôt que les frottements grossiers de sa veste moche devant le silence imperméable d’une silhouette magnificence. Revanche du monstre rejeté faute de preuve, face à la pauvre âme que ses démons n’abandonnent pas au lever du jour. Vesper se tortille, Vesper frémit de douleur et de mal aisance. N’ose pas regarder en face, le visage tant rêvé, tant espéré, et qui par son retour ne semble vouloir que la martyriser. Un gouffre de mélancolie insondable creusé par les reviviscences ; et l’embellissement, peut-être, qui accompagne toujours les mémoires d’un récit révolu.

On était bien, on était beaux,
Qu’est-ce que je suis, maintenant ?
Plus rien. T’es parti.
On n’abandonne pas l’enfer. On ne quitte pas la rédemption.

«« Bouffe-moi. »»
S’élève enfin, rauque, invective plus que supplique, le murmure dans un silence qui s’éternise. Pauvre femme, prend son courage à deux mains, pour mirer le divin démon d’une œillade bravache, un insondable sérieux. A défaut de somnoler contre la panse remplie du monstre, s’endormir dedans ; à défaut de la grisaille morne de son propre avenir, si toutefois elle s’entêtait encore à vivre, le départ tout en panache vers l’enfer qui l’attend. A quoi bon s’entêter à trouver le sens d’une vie qui n’en a aucun ; et à l’amourette égoïste, indifférente d’une humanité nombriliste, Vesper préfère encore les passions mortifères d’un ultime acte de possession. Celui qu’il lui refuse, pour son propre confort. Celui dont il ne veut pas être responsable, pour ménager sa propre conscience – alors qu’il le sait, ce ne serait là que pure clémence. Elle serre ses poings menus et se tend, la petite chose, se campe devant l’insoumission pour imposer ses volontés délirantes, du peu de présence qui demeure en sa silhouette pitoyable.
«« Bouffe-moi si c’est tout ce qui me reste ! »»
L’oratrice rauque flanche des notes aigues, gémies du désespoir, quand elle s’empare du bijou de bonne aventure pour le lui jeter à la figure, le gifler avec en plein visage. Protection indésirée qui s’échoue sans bruit aux pieds nus de la silhouette en tenue d’Adam, juste un hoquet de sanglot échappé pour souligner sa chute. Ce qu’il voit comme une barrière rationnelle au péril qu’elle encourt, Vesper n’y trouve qu’une injure de plus, qu’est cette obstination à ne pas la voir, cette cécité dégueulasse du monstre parachevant l’indifférence de l’Homme.
Et le recul tantôt pris, l’inconsciente l’assassine d’une foulée plus grande, un torrent de larmes, pour frapper le torse d’un poing rageur, marteler les chairs parfaites des stigmates de son désespoir. A défaut de morsure, y peindre des ecchymoses, créer le reflet de ses douleurs sur ce corps sans trace ni défaut. Ce corps d’insupportable intégrité alors que tout en elle n’est que fragments mal agencés, plaies béantes. Elle cogne son visage sur les muscles nus, Vesper, et l’y frotte, pour lui rendre le sang de ses méfaits, étaler l’opprobre et l’horreur qu’il partage. Rappe ses ongles sur des griffures ineffectives, claque des dents sur les coupes de la peau trop lisses pour y accrocher prise ; imbroglio absurde de muscles secoués par la démence.
«« Bouffe-moi si c’est tout ce qui faut pour que tu me regardes ! »»



* dialogues en italien
Revenir en haut Aller en bas
- Contenu sponsorisé -

Little Dark Age Empty
MessageSujet: Re: Little Dark Age  Little Dark Age Time-m10

Revenir en haut Aller en bas
 
Little Dark Age
Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Revenir en haut 
Page 1 sur 1
 Sujets similaires
-
» Dark doo wop | feat Sienna Mazzola
» A shot in the dark † Roxane C. Austen
» Follow me in the dark † mini intrigue - feat Coraline & Rose

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Hells Bells :: -Hors de Lyon, un monde existe- :: En dehors de Lyon, tout un monde existe :: A travers le monde-
Sauter vers: