superstition • Coraline

Un autre après-midi, encore un qu’elle avait passé dans la demeure de son ex mari. Elle savait qu’elle ne devrait pas. Que c’était de plus en plus douloureux. Que ça la tuait à petit feu, enfin, que ça la tuerait si elle n’était pas déjà morte depuis bien longtemps. Ces temps ci, elle passait plus de temps dehors que dedans, au point qu’elle commençait à se dire qu’on avait forcément dû remarquer ses absences à l’Agence. Quoique, c’était un tel remue-ménage là-bas que probablement pas en fait. Elle-même ne suivait absolument plus ce qu’il s’y passait.

Mais il était temps de rentrer. De ce qu’elle savait des horaires de Sam et de sa nouvelle petite amie, cette dernière n’allait pas tarder à rentrer et Coraline n’avait pas la moindre envie de la croiser. Ca faisait trop mal. Plutôt que se téléporter, elle préféra rentrer à pieds. Elle avait besoin d’être un peu seule avec ses propres pensées. Ces derniers temps tout ce monde à l’agence commençait à lui peser. Pour un fantôme, elle était loin d’être celle qui hantait le plus les lieux. Durant le trajet, elle ne cessa de ruminer des pensées à propos de Sam. Puis ces pensées dérivèrent sur Elkan sans qu’elle sache trop pourquoi, et à quel point il l’agaçait en ce moment.

Elle se retrouva ainsi près de l’Agence bien plus rapidement qu’elle ne l’aurait cru. C’est alors qu’elle entendit des rires et éclats de voix, puis aperçut deux hommes plutôt jeunes qui semblaient s’amuser. Elle aurait sans doute continuer son chemin si elle n’avait pas aperçu le chat noir qui était au milieu d’eux. Elle s’arrêta, incertaine de la nature du spectacle auquel elle était en train d’assister. Jusqu’à ce qu’il soit évident que ces deux énergumènes avaient l’intention de faire du mal au pauvre animal. Les animaux avaient beau ne plus vraiment être ses amis depuis qu’elle était réduite à l’état de spectre, elle n’allait pas pour autant laisser faire une chose pareille. Regardant autour d’elle, elle trouva un galet sur le sol qu’elle prit et lança à l’arrière de la tête de l’un des hommes, se servant de ses pouvoir pour viser juste. Celui-ci poussa un cri de douleur. Il regarda derrière lui et ne voyant personne se tourna vers son compère.

« Mais ça va pas, pourquoi t’as fait ça? »

Pendant que l’autre protestait vivement, Coraline utilisa sa télékinésie pour pousser le pousser contre son acolyte.

« Mais t’es malade, tu continues en plus ?? »

« C’est pas moi, j’te jure! »

« Et c’est qui alors, un fantôme ptête? »

Elle reproduit le geste, ce qui fut suffisant pour démarrer un florilège d’insultes, qui ne tarderait pas à dégénérer en bagarre. Elle regarda autour, espérant que le chat profiterait de la diversion pour se sauver.